Faites vos jeux

Mon chemin a croisé ce livre à plusieurs reprises en convention, et comme j’étais complètement hypnotisée par sa magnifique couverture (faîte par l’autrice), je n’ai pas pu m’empêcher de craquer lors de la Japan expo de cette année. Il s’agit de Faites vos jeux, thriller huis-clos et premier roman de Julia Richard paru en 2016 aux éditions Luciférines. Et voici ce que j’en ai pensé…

« Aucun de nous huit n’était terrifiant. Notre désespoir, notre instinct de survie, nos doutes, notre stress l’étaient. Mais nous étions simplement des gens normaux qui voulaient survivre. Quoi de plus normal? »

Une montée d’adrénaline progressive

Faites vos jeux met en scène 8 personnages, séquestrés dans une maison, objets d’un jeu malsain, avec la promesse que seuls deux d’entre eux pourront sortir, et parmi ces deux-ci, le psychopathe à l’origine de leur présence en ce lieu. Quoi de plus prometteur? Et pourtant, au début du roman j’ai eu quelques déconvenues et j’ai vraiment crains de ne pas accrocher à ma lecture, à la fois un peu perplexe sur le style, mais surtout parce que les personnages m’étaient tous antipathiques, et surtout le premier avec lequel nous découvrons le jeu. Car le livre se découpe en 8 parties où nous changeons de narrateur à chaque fois parmi les 8 participants. Et cette antipathie initiale m’a freiné dans mon implication émotionnelle. Je ne ressentais pas pleinement l’horreur de leur situation et j’en étais assez frustrée. Car oui, j’aime le malsain, j'aime qu’il me mette mal à l’aise, et je n’avais pas ça au début. Mais, progressivement, insidieusement, le jeu s’accélère, l’intrigue devient de plus en plus haletante, nous empêchant de reposer le livre, et ce jusqu’à un final en apothéose. Et le rythme un peu lent du début se comprend aisément et est même logique d’un point de vue psychologique et ne fait que renforcer cette montée en puissance de la tension au fur et à mesure que les participants craquent. Les rebondissements et les surprises sont assez nombreux mais je regrette vraiment que le paragraphe après le résumé sur la quatrième de couverture en dévoile beaucoup trop. Aussi, évitez de lire cette petite phrase qui vous gâchera une partie de l’intrigue. 

« C’est dingue comment les êtres humains peuvent être attirés par le danger. Une continuelle obsession de la violence et de l’adrénaline. On aimait voir la souffrance et on s’ennuyait sans drames. »

Une belle maitrise psychologique mais quelques défauts

Le plus gros point positif de ce roman pour moi, ça a été la maîtrise de la psychologie des personnages. Dans ce genre de scénario, c’est souvent très stéréotypé, les réactions sont souvent très vite très brutales, et peu crédibles. Ici, les personnages vont avoir de vrai réticences à s’entretuer, un vrai choc, une envie un peu désespérée de maintenir une humanité aussi, et c’est tout à fait juste. Certains évoluent d’une façon extrêmement intéressante (je pense au personnage de Lise notamment) et leurs différences ne sont pas sans faire écho à nous-mêmes à un moment ou un autre, nous interrogeant sur ce que nous ferions dans cette situation. J’aurai bien aimé un peu plus d’approfondissement encore, pour pousser un peu plus loin cette analyse de l’humain qui se dévoile dans une situation de crise. Mais heureusement que cette partie était bien pensée parce que je pense que c’est ce qui m’a poussé à ne pas abandonner la lecture au début (ce qui aurait été bien dommage). Je le répète mais le premier quart était vraiment poussif pour moi, mais pas seulement à cause des personnages. Si le style d’écriture n’est pas dénué de qualité, bien au contraire même, j’avais un peu de mal à adhérer aux choix de syntaxes (mais ça c’est un ressenti purement subjectif). Je regrette aussi quelques coquilles (mots manquants, erreurs de frappes, articles en trop, etc.) qui, si elles restent rares m’ont fait buter quelque fois et n’ont pas aidé à l’immersion difficile du départ. Heureusement, lorsque tout s’emballe j’ai été beaucoup moins gêné par ces quelques erreurs et tout est devenu beaucoup plus fluide. 

En bref, si mon avis est quelque peu en demi-teinte, Faites vos jeux a été une bonne lecture et je ne regrette pas mon craquage. Un bon scénario bien malsain, des personnages bien pensés,… bref un bon premier roman malgré les quelques défauts. 

« Huit personnes très différentes se réveillent dans une maison sans fenêtres. Il n’existe qu’une seule issue, et pour sortir il faut posséder le code. L’un des prisonniers est l’organisateur de l’expérience. Il est le seul à connaître la combinaison. Mais pour débloquer la porte, il faut être deux, et deux seulement. Le but du jeu ? Éliminer les innocents pour rester avec le plus susceptible d’être un psychopathe. Quand la logique est inversée, les règles classiques du huis-clos ne tiennent plus, il faut protéger « le loup ». Jusqu’où iriez-vous pour récupérer le code sans devenir une cible ? »

(Illustration de couverture : © Julia Richard)