La machine. Tome 2, Les fils du feu

Après avoir eu un franc coup de cœur pour le tome 1 en 2021, il me tardait de découvrir le second et dernier tome du diptyque La Machine de l’autrice belge Katia Lanero Zamora. Ce second volume, Les fils du feu, a été publié le 22 mars dernier aux éditions ActuSf dans la collection Les Trois souhaits. Je l’attendais avec énormément d’impatience et voici ce que j’en ai pensé…

[NB: Un immense merci aux éditions ActuSf pour cet envoi.]

« Le meilleur ami de l’oppression, c’est le silence.»

¡Hoy! 

Après un tome 1 absolument génial qui installait la guerre civile, allégorie de la guerre civile espagnole, nous voilà plongé dès les premières pages du tome 2 dans un climat de combat, de sang, de sueur mais aussi de camaraderie et d’espoir. Immédiatement intense et bouleversant, Les fils du feu est le récit de ces combats fratricides, de cette Révolution désespérée et de cet assaut dévastateur de l’ancien monde sur la rébellion. Une guerre aussi stupide que toutes les guerres, où des généraux bien planqués envoient la chair à canon réaliser leur pires pensées pour, soit disant, un plus bel avenir. Une guerre aussi où l’espoir, mince mais nécessaire, pousse encore le peuple à tenir, pour espérer un meilleur lendemain, pour leurs proches, pour le monde, quitte à y laisser eux-mêmes la vie en martyr. Une guerre que Katia Lanero Zamora n’oublie jamais d’humaniser, quitte à décrire des scènes terribles (et pourtant, malheureusement si vraies), pour nous offrir des émotions intenses face à la sincérité de ses personnages. Une guerre fratricide où la fraternité est réelle et multiple, des frères (et soeurs!) de combat aux frères de sang que nous suivons depuis le premier tome. Andrès et Vian, que les camps opposent mais que leur amour rapproche, illustrent magnifiquement la stupidité des guerres mais aussi la nécessité de certains combats pour un monde plus juste. Une notion qui a une résonance toute particulière en ce moment.

« Des cris s’élevèrent des habitants tremblants. Des yeux d’enfants apposèrent sur Vian leur terreur. Jamais il n’avait vu un tel effroi! Son cœur s’emballa. Il fut pris de nausée. Pensaient-ils qu’il allait leur faire du mal?

Des fraters chargèrent sur les femmes, les vieillards, les enfants. Les pleurs, les cris, la panique et un solda leva son arme, la pointa. 

Non…

Non! »

Terre de sang et de larmes

Bien que Panîm soit en guerre et que nos deux protagonistes principaux sont au cœur des combats, l’autrice ne nous a pas écrit un roman 100% guerrier. Les combats sont entrecoupés de passages plus éloignés des combats pour mieux comprendre la situation, rappeler la vie au devant de la scène et réfléchir aux inégalités sociales du pays et à la cruauté de la guerre. Mais l’autrice y a également versé, comme au premier tome, des interludes sur l’enfance et l’adolescence des deux frères, permettant non seulement de mieux saisir leur lien mais aussi, et surtout, leur chemins de vie différents et leur personnalité. Impossible de ne pas être touché par Andrès, révolutionnaire en quête de justice et d’égalité, mais aussi et surtout par Vian, jamais épargné, qui mérite tellement l’abandon, la fin des pressions et l’acceptation de soi-même. Ces interludes épaississent encore un peu plus des personnages déjà formidablement bien écrits et permettent de comprendre chacun de leurs choix. C’est ce que j’aime avec Katia Lanero Zamora. Non contente d’offrir un roman qui se lit avec délice, elle offre un univers et des personnages crédibles auxquels on croit et on s’accroche. Le roman n’en est que plus intense, plus bouleversant, nous maintenant souvent la peur au ventre et les larmes au bord des yeux. Ce second tome n’est pas seulement à la hauteur du précédent, il le sublime et atteint une marche supplémentaire dans mon cœur. 

« Nous sommes des hommes libres qui se battent pour une cause noble! Pouvez-vous en dire autant de chacun de vos soldats? Êtes-vous sûr d’avoir leur cœur et leur loyauté, ou vous suivent-ils parce qu’ils ont peur? Compadres, avez-vous peur? »

La Harde répondit d’une seule voix: « Non! »

En bref, le tome 2 de La machine est un grand coup de cœur. Formidablement bien écrite, cette allégorie de la guerre civile espagnole se conclue par un roman intense, très juste et porté par des personnages inoubliables. Une fin bouleversante qui démontre toute l’absurdité des guerres tout comme l’espoir nécessaire porté par les révolutions. C’est un sans faute sur ce second tome et je n’ai donc qu’un seul conseil à vous donner: lisez La Machine! ¡Hoy!

« Après des mois de tension, la guerre civile s’est abattue sur Panîm et l’enfer se déchaîne sur ses habitants. Les troupes de la toute jeune république et celles des anarchistes de La Machine tentent de résister à l’armée des royalistes, mieux financée et mieux équipée. Dans ce tourbillon sanglant, la famille Cabayol a littéralement explosé. Les deux frères, Andrés et Vian, sont dans des camps opposés. Un face-à-face mortel malgré l’amour qui les unit. Une histoire de sang, de batailles, de fièvre et de révoltes! »

(Illustration de couverture: © Zariel)

Tome 1 - Terre de sang et de sueur 

[Diversité: pp gay, ps gay, ps bègue]

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[Lecture n°24 (25/84 points avec les bonus pour l'échelon 5 Fusion dans l’utopique) pour le Challenge de L'Imaginaire édition 11 de Ma lecturothèque]