Un pays de fantômes

Demain, 25 août, les éditions Argyll publient un roman de fantasy anarchiste intitulé Un pays de fantômes. Il est écrit par Margaret Killjoy, autrice transgenre, antifasciste, créatrice d’une communauté anarchiste en plus d’être fondatrice du groupe de black metal Feminazgûl (dont je vous conseille vivement la découverte). Avec une préface de Patrick K. Dewdney, Un pays de fantômes est un roman qui m’a immédiatement intriguée. Voici ce que j’en ai pensé…

[NB : Merci beaucoup aux équipes d’Argyll pour ce double envoi ! Un exemplaire est en effet à remporté en fin de chronique.]

« Nous n'avons pas de souverain, de parlement, de conseil, de sacerdoce royal, de barons marchands, de capitalistes, ni le moindre vestige de pouvoir. Nous sommes un pays, mais un pays anarchiste."

Un roman avec des défauts

Après une formidable préface de Patrick K. Dewdney, qui nous parle d’anarchisme (et d'amour) via son propre rapport à ce mode de vie, le roman nous embarque au cœur d’un Empire colonialiste qui tente de maintenir son pouvoir par une guerre constante. Inégalités sociales, propagande de guerre, horreurs de colons qui se comporte comme des monstres, rien ne nous est épargné. La Borolie du roman est le visage de nos sociétés industrielles, injustes et hiérarchiques face auxquelles l’anarchisme de Hron se présente comme une utopie menacée, basée sur la solidarité, la relation à l’autre et l’ouverture. Le roman présente assez rapidement une certaine forme de manichéisme qui manque peut-être un peu de nuances bien qu’il questionne le mode de vie de Hron à travers le regard de l’étranger qui y débarque et qu’il propose plusieurs points de vue sur l’arnarchisme. On peut également lui reprocher d’être un peu trop étendard d’un message au détriment, sans doute, de ma qualité de son histoire qui mériterait sans doute un peu plus de profondeur ou même un peu plus d’intensité. Cette dernière tombe en effet parfois dans un scénario assez classique voir cousu de fil blanc. Une sorte de manifeste de l’anarchisme via l’utopie et la fantasy en somme. Mais pourtant, malgré ses failles, c’est un roman que j’ai dévoré et que j’ai adoré au plus profond de mon cœur. Parce qu’aussi imparfait soit-il, c’est un roman formidable.

« Tous les individus sont libres. La liberté est définie comme une relation entre les membres d'une société. Cette relation tire son origine du respect mutuel, de la reconnaissance de l'autonomie d'autrui, ainsi que de la capacité à nous tenir pour responsables de nos actions. Tous les individus sont libres et tous ont une responsabilité envers eux-mêmes et envers les autres."

Mais un roman formidable

Si j’ai réussi à passer au-dessus des écueils d’Un pays de fantôme c’est d’abord parce que ce roman m’a transportée. Le ton de la narration, portée par un certain cynisme du personnage principal, est vite captivant et la plume est très agréable à lire avec des passages vraiment remarquables. En effet, il y a dans ce roman de véritables beaux moments, des instants où le temps de guerre semble suspendu, des instants de pure humanité aussi, qui le rendent vite passionnant et nous attache progressivement à un florilège de personnages dont la rencontre, même éphémère, reste en mémoire. Sans compter toute la sagesse qui s’en dégage, que ce soit dans la confrontation des modes de vie, des pensées ou dans les images qui nous sont véhiculées. C’est un roman qu’on lit avec le cerveau en ébullition. Partageant la curiosité du journaliste, j’ai parcouru les pages avec une soif de savoir, une soif de découvertes et je peux dire que j’ai beaucoup appris. Un pays de fantômes conserve en plus une certaine intensité dramatique qui a su m’émouvoir. J’aime les luttes pour les idéaux et pour les belles valeurs et parce que ça entre en résonnance avec mon vécu passé comme présent, c’est un roman qui m’a marquée et qui m'a conquise. Alors oui, il a des défauts, mais si ça parvient à m’émouvoir, c’est que c’est gagné. En fait, ce roman c’est une histoire de rencontres pleine d’humanité sur fond de guerre. Et c’était sacrément beau.

En bref, Un pays de fantômes est un roman imparfait et pourtant excellent qui nous laisse le cœur ému et le cerveau en ébullition. C’est presque un manifeste anarchiste par l’utopie, une porte ouverte pour nous autres, humains désillusionnés par notre monde. J’ai trouvé cette lecture passionnante malgré son manichéisme et son histoire sans doute un peu convenue. Parce que l’émotion et le cœur ont pris le pas sur la raison sans doute… Merci Argyll de nous faire découvrir cette voix!

« Poussé par une industrie florissante et une politique expansionniste, l’empire borolien se tourne cette fois vers les Cerracs, un territoire montagneux composé d’une poignée de villes et de villages ; une simple formalité.

Journaliste en disgrâce, Dimos Horacki signe désormais des papiers ronflants dans une gazette de la capitale. Mais voilà que son employeur l’envoie au front écrire un article élogieux sur un général en vue de l’armée impériale.

Sur place, Dimos découvre la réalité de l’expansion coloniale, et surtout, il met un visage sur leurs mystérieux ennemis, les anarchistes de Hron, qui défendent non pas leurs possessions, mais leur mode de vie et leur indépendance. Et tandis que la guerre fait rage autour de lui, que ses pas le portent de ferme en village jusqu’à la cité-refuge de Hronople, le reporteur voit peu à peu ses convictions voler en éclat. »

(Illustration de couverture : © Xavier Colette)

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[Diversité : pp noir.e, pp gay, ps lesbienne, ps bisexuel.le, ps handicapé.e physique - en fauteuil roulant, ps handicapé.e mental.e, ps handicapé.e physique - membre amputé, ps sourd.e]

D’autres avis sur la blogosphère : Syndrome Quickson qui est un peu passé à côté, ...

Pour tenter de remporter un exemplaire, c’est par ici (concours ouvert jusqu’au 31 août 23h59 GTM+1) : > CONCOURS < - Concours terminé! Félicitations à thibvc!

[Lecture n°60 (74/108 points avec les bonus pour l'échelon 5 Synchronisation avec la page) pour le Challenge de L'Imaginaire édition 10 de Ma lecturothèque + thème bimestriel juillet/août « quête, voyage, vacances »]