Le chant des géants

Le 5 mai, le nouveau roman de David Bry, auteur de nombreux romans qui m’ont provoqué de grands coups de coeur, sortait en librairie aux éditions de l’Homme sans Nom. Intitulé Le chant des géants, il s’agit d’un roman de fantasy épique et tragique présenté dans une jolie édition hard-back élégante. Voici ce que j’en ai pensé…

[NB: Merci aux éditions de l’Homme sans Nom pour ce livre reçu en partenariat, merci pour le post-it (c’est important) et un merci tout spécial à la CM qui organise cette petite troupe dérangée.]

« Les rêves façonnent le monde, explique-t-il. Ceux de Fraech, de Baile ou Leborcham, des immortels; les tiens, les miens. Si tu ne rêves pas, tu ne peux rien créer. Rien changer. »

Un roman épique, visuel et envoûtant

Installez-vous au coin du feu, rapprochez-vous et laissez-moi vous parler d’une histoire aussi tragique qu’épique, d’un récit aussi bouleversant que palpitant. Cette histoire, c’est celle du Chant des géants. Préparez-vous à être entièrement transporté·e·s, dès les premières notes de flûte entendues, dans un monde fait de brume, de rêves et de drames. Car ce récit nous vient d’un conteur magicien, David Bry, qui, par son don des mots, vous donne à voir un autre monde. Vous ressentirez la peur et l’amour, vous percevrez les sons des chants comme ceux du fracas terrifiant des armes, vous sentirez les effluves de bière et de sang, vous vibrerez pour ses protagonistes inoubliables de la reine guerrière au prince mélancolique. C’est un récit épique qui vous attend, un de ceux qui ne vous happent, vous coupent le souffle et vous donne l’impression d’assister physiquement à des scènes où résonnent râles de souffrance comme espoir. Mais c’est aussi une histoire qui vous ménage quelques instants de respiration. Ces derniers sont des écrins de beauté et d’envoûtement où se tissent autant les bonheurs fugaces que les peines les plus lourdes. Installez-vous et laissez vous envoûter…

« Il songe à l’embuscade au gué de l’Anda, aux soupçons de son frère, à la mort d’Odilon, à la colère de Lothar.

Aux yeux gris de Sile, une fois encore.

Sa mélodie s’arrête.

Il l’a cherchée entre les jambes de Gersende, dans les seins de Berthile; a tenté de l’oublier dans les rires gras de ses compagnons, dans les brocs de bière amère qu’il a engloutis.

Dans deux jours, il marchera sur les terres de Lothar et de sa fille, et les tuera peut-être. »

Où mythes et humanité se percutent

J’en vois encore hésiter à oser s’installer près du feu. Laissez-moi vous convaincre en vous expliquant à quel point cette histoire a conquis mon coeur. Dès ses débuts, ce récit m’a soufflée par la puissance évocatrice de ses mots et par la poésie, mélancolique et passionnée, qui caractérise son âme. C’est une histoire qui donne à voir un monde dont la mythologie onirique nous envoûte. Mais surtout, c’est un récit qui nous parle d’humains et des tourments provoqués par des sentiments aussi passionnés que dévastateurs que sont la jalousie, l’amour et le désespoir. Laissez-moi aussi vous dire que c’est un récit qui contient un archétype de triangle amoureux qui, généralement, me fait quitter les auberges où sont racontées les histoires qui l’utilisent. Mais il faut croire que le talent de ce conteur poète dépasse tout ce que j’imaginais car j’ai été pleinement conquise. Un avertissement, cependant: si vous craignez d’égratigner votre coeur, il est peut-être préférable pour vous de ne pas vous joindre à nous. En effet, cette histoire ne peut pas laisser indifférent·e tant sa dimension tragique est grande. Je crains d’ailleurs de vous la conter les larmes aux yeux, n’étant pas tout à fait remise moi-même de sa découverte et de la puissance de certains de ses passages. L’humanité approche ici la dimension du mythe dans un récit aussi sublime que déchirant. Alors êtes-vous convaincu·e·s? Très bien, commençons, et ensuite, vous aussi vous pourrez faire vivre ses personnages en racontant leur histoire…

« Il est plus facile de prendre des terres, de détruire des châteaux, que de bâtir une paix durable. Voilà ce que j’ai appris en une longue vie passée avec une épée.»

En bref, si ces mots ne vous l’ont pas fait comprendre, Le chant des géants est un grand coup de coeur. Ce roman épique et très visuel, nous transporte avec force dans une histoire aussi haletante que déchirante qui m’a bouleversée. C’est un récit terrible aux dimensions mythiques et aux émotions très humaines. Et bien que l’auteur utilise ici des archétypes qui généralement me bloquent, il parvient par sa plume superbe et poétique à nous les faire aimer. David Bry a définitivement un talent fou. Et en plus, l'objet-livre est très très beau.

(Illustration de couverture & conception : © François-Xavier Pavion)

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[Lecture n°34/108 (pour l'échelon 5 Synchronisation avec la page) pour le Challenge de L'Imaginaire édition 10 de Ma lecturothèque]