L'Âge d'eau. Tome 1

En tout début d’année, les éditions Futuropolis ont publié le premier tome de la duologie L’Âge d’eau, écrit et illustré par Benjamin Flao. Entre anticipation aux accents écologiques et dystopiques et récit teinté de fantastique et mystique, c’est une bande dessinée qui m’a tout de suite attirée. Voici ce que j’en ai pensé…

Graphiquement magnifique

C’est une véritable claque visuelle dès qu’on ouvre cette bande dessinée! Benjamin Flao mêle plusieurs styles d’illustrations pour nous offrir une œuvre plurielle et très artistique. De pleines pages qui ressemblent à des tableaux tantôt abstraits, tantôt présentant des paysages noyés superbes, aux pages de dialogues au trait nerveux, foisonnant de détails et d’aspérités, Benjamin Flao a réalisé une BD magnifique qui envoûte et transporte! L’aspect fourmillant de détails des pages de dialogue peut cependant déstabiliser tant elles se différencient du côté onirique plus aéré des pleines pages de voix off. Mais j’ai cependant beaucoup apprécié la démarche créative derrière toutes ces illustrations dont la variation apporte un sentiment de perpétuelle découverte.

Mais une intrigue qui reste trop en surface

L’histoire est assez difficile à classer. Deux aspects semblent se développer. L’un, très classique, de dystopie suite à une catastrophe écologique non gérée et l’autre, plus fantastique voir mystique avec un chien bleu médium dont l’histoire reste encore très floue, de même que ses enjeux. Si cette partie canine est celle qui m’envoûte le plus en termes d’illustrations, c’est aussi celle qui m’a le moins convaincue, manquant trop de repères et partant dans un délire dont j’ai malheureusement rapidement quitté la voie, hormis dans le lien avec Groza. Par contre, les transitions offertes via ce personnage atypique sont d’une originalité et d’une poésie sans pareille. L’aspect anticipation/dystopique qui dénonce les dérives d’un monde qui vire au contrôle à cause de la peur m’a beaucoup plus intéressé, notamment sur les réflexions insurrectionnelles sous-jacentes et le questionnement de la notion de liberté. J’ai également beaucoup apprécié les différentes propositions de fonctionnement des contre-sociétés qui s’adaptent à la situation face aux villes de l’ancien monde. Les propos restent cependant en surface pour ce premier tome et la dystopie est assez classique. À voir si le tome 2 apportera une conclusion satisfaisante.

En bref, si ce premier tome de L’Âge d’eau m’a globalement convaincue pour ses propositions de contre-société, je reste un peu déçue par l’intrigue qui oscille entre une dystopie intéressante mais classique et un côté fantastique trop mystique. Par contre, j’ai été épatée par la qualité graphique de cet album où l’auteur-illustrateur a osé le mélange des styles dans une œuvre très qualitative. 

« Nous sommes en France, l’eau est montée et il n’y aura pas de décrue. Face à ce nouveau phénomène, beaucoup de populations sont déplacées et survivent comme elles peuvent sur les terres émergées ou apprennent « à flotter ». Les grandes villes, comme les grands pôles industriels, sont, quant à eux, systématiquement entourés de digues et soumis à des normes sanitaires.

Face à l’insalubrité potentielle de ces modes de vie « hors des digues » et au danger qu’ils représentent, les autorités invitent ces populations à venir rejoindre au plus vite les centres d’hébergement d’urgence construits à la chaîne, sous peine de perdre certains de leurs droits citoyens.

Une famille, qui a vu son habitat noyé par la montée des eaux, refuse d’obéir à l’injonction gouvernementale. Ils vivent sur une maison flottante. Jeanne, la mère, préfère cette liberté. Jeanne a deux fils, Hans et Groza, et un chien médium. Groza, un ancien CRS, traumatisé par son passé, ne parle plus que par onomatopées et a développé l’étrange manie de vouloir régler tous les problèmes. Hans vit une séparation douloureuse avec la mère de sa fille Vinee. Ils cherchent un lieu émergé où ils pourront vivre en paix, et sont prêts à lutter contre la nature déchaînée mais aussi contre les hommes, capables des pires bassesses pour survivre à ce monde en mutation.»

(Illustration de couverture & extrait : © Benjamin Flao) 

> Lire un extrait < (© Futuropolis)

[Diversité: ps muet.te]

[Lecture n°52 (63/108 points avec les bonus pour l'échelon 5 Synchronisation avec la page) pour le Challenge de L'Imaginaire édition 10 de Ma lecturothèque]