Miss Peregrine et les enfants particuliers. Tome 3 : La bibliothèque des âmes

Troisième et ultime tome de la saga devenue best-seller mondial, Miss Peregrine et les enfants particuliers, La bibliothèques des âmes est sorti en anglais en 2015 puis en français chez Bayard jeunesse cette année et est bien entendue signée Ransom Riggs. Vous pouvez retrouvez mes avis sur le tome 1 et le tome 2, ainsi que « l’adaptation » cinématographique de Burton sur le blog. Enfin, si vous n’avez pas lu les tomes 1 et 2, cette chronique peut contenir d’éventuels spoilers sur le déroulement de la saga, aussi foncez les lire et revenez après par ici!

Une conclusion fantastique, un rythme de fou

J’avais déjà beaucoup aimé les tomes 1 et 2 de cette saga et j’avais terriblement hâte d’en découvrir sa conclusion d’autant que la fin du second volume était plutôt haletante et prometteuse de grands bouleversements. Et je ne suis pas déçue côté rebondissements car ce troisième tome enchaînent actions et révélations à un rythme dingue qui ne s’essouffle pas, ne laisse aucun répit à ses personnages ni au lecteur qui n’arrivent que très difficilement à reposer le livre tant la dynamique du récit nous pousse à poursuivre sa lecture. Ce sont 580 pages d’actions, qui se déroulent uniquement sur un peu plus de 48h! Et, malgré ce condensé de rebondissements, Ransom Riggs n’en oublie pas de nous faire découvrir un peu plus encore le monde des particuliers, donnant à l’ensemble, dont l’esthétique est toujours aussi soignée, un côté envoûtant et fascinant. L’humour aussi est présent, malgré la noirceur des évènements et de l’histoire et permettent de petites respirations fort agréables. D’ailleurs, j’ai eu un fou rire sur le passage concernant les amendes de bibliothèques (extrait ci-dessous) en tant que bibliothécaire. C’est vraiment une conclusion exaltante que l’auteur nous propose et elle me fait encore plus détesté le film de Burton qui, à côté de ce que propose Ransom Riggs, constitue vraiment une belle farce…

« - Je pense que les meurtres sont « tolérés sous réserve », a fait Sharon.

- Y a-t-il quelque chose d’interdit, ici? a demandé Addison.

- Rendre un livre en retard à la bibliothèque. Les amendes sont salées! Dix coups de fouet par jour de retard… et encore, c’est le tarif pour les livres de poche. »

Une écriture en constante évolution

J’avais déjà constaté avec Hollow City, que l’écriture de Ransom Riggs est en pleine évolution au cours de cette saga, qui, je le rappelle, constitue ses premiers romans. Dans ce troisième opus, sa plume a acquis une nouvelle maturité, plus travaillée, plus fluide, plus agréable à parcourir aussi. Si j’ai toujours quelques fois le ressenti que les photos qui illustrent l’ouvrage gênent encore un peu l’écriture, obligeant l’auteur à faire des descriptions parfois un peu bancales, j’ai moins eu cette impression ici que sur les deux premiers ouvrages. Et si les personnages restaient assez caricaturaux et sans trop évoluer jusqu’ici, un travail a été fait pour La bibliothèque des âmes, notamment sur Jacob, qui devient plus intéressant à suivre car plus complexe. J’ai hâte de voir si l’auteur saura écrire autre chose, se détacher de cet univers et de ce format si particulier de roman très illustré. 

« Une simple légende… L’expérience m’avait appris qu’en dépit de tous les efforts que l’on pouvait déployer pour les maintenir en deux dimensions, certaines histoires refusaient obstinément de rester prisonnières des livres, de l’encre et du papier.»

Une métaphore ré-exploitée mais un ensemble encore « trop jeunesse »

Si je m’étais « jetée » sur le premier volume c’était en parti à cause du résumé qui laissait sous-entendre une métaphore des persécutions des juifs par les nazis. Si effectivement, l’idée était abordée, celle-ci a eu tendance à se diluer vraiment beaucoup dans l’aspect fantastique au point de rester anecdotique. Je suis heureuse de l’avoir à nouveau perçu avec La bibliothèque des âmes pour ce que font les Estres aux Particuliers dans leur forteresse et toute l’imagerie qui s’y liait dans mon esprit. Cela renforce clairement l’intérêt pour la saga et pour cette conclusion finale haute en couleurs. Malgré tout, avec un thème aussi sombre et une esthétique assez noire, j’ai regretté un dénouement aussi miraculeux et beaucoup trop « jeunesse » pour moi (oui, je n’aime pas les happy end :p). Là où tout le récit m’avait convaincu, devenant complexe, logique, bien pensé, les évènements des scènes finales m’ont paru un peu trop irréalistes et pratiques. Mais j’ai quand même passé un bon moment car je n’oublie pas que cette saga est avant tout destinée aux jeunes et que ce critère de « trop jeunesse » ne peut pas vraiment être argumenté comme étant un défaut important. 

« Le présent m’a soudain paru très étrange, d’une futilité déconcertante. J’avais l’impression d’être un héros de la mythologie, échappé de l’enfer au prix d’une bataille farouche, pour s’apercevoir que le monde d’en haut n’a rien à envie à celui du dessous.»

En bref, La bibliothèque des âmes est une très belle fin de saga. Certes, certains éléments de dénouement sont un peu trop miraculeux, mais l’ensemble de ce troisième tome est si épique et si exaltant que je pardonne facilement ces petits défauts. Je vous conseille vivement de lire cette trilogie jeunesse car elle ne manque définitivement pas de qualités!

« Dans le Londres d’aujourd’hui, Jacob Portman et Emma Bloom se lancent à la recherche de leurs amis enlevés par les Estres. Ils retrouvent leur trace grâce au flair aiguisé d’Addison, l’illustre chien particulier doué de parole. Bientôt, au bord de la Tamise, ils font la connaissance de Sharon, un géant bourru qui, moyennant une pièce d’or, propose de leur faire traverser le fleuve. Ils rejoignent ainsi l’Arpent du Diable, une boucle temporelle à la réputation effroyable où séjournent les particuliers les moins recommandables, où pirates et malfaiteurs commettent leurs forfaits en toute impunité. Jacob et Emma ne se sont pas trompés : l’ennemi a bien établi son QG dans l’Arpent, derrière les murs d’une forteresse imprenable… »

(Photographie de couverture: © John van Noate)