La dernière geste. Deuxième chant : L’héritage du rail

Il y a un an, je découvrais Morgan of Glencoe avec son premier roman Dans l’ombre de Paris, premier chant de sa série La dernière geste qui m’avait enthousiasmé et sincèrement ému (en me provoquant des torrents de larmes pour être honnête ^^). Alors quand le deuxième chant, intitulé L’héritage du rail est paru en septembre chez les éditions ActuSF dans la collection Naos, j’ai trépigné d’impatience tout en craignant de ne pas l’aimer autant que le premier qui, avec le temps, m’avait laissé un souvenir de plus en plus tendre. Voici finalement ce que j’ai pensé de cette suite…

[NB: Un immense merci aux éditions ActuSf, et tout particulièrement à Gaëlle pour ce service presse.]

« Crois-tu que les étoiles savent qu’elles brillent ? »

Retrouvailles 

Si Dans l’ombre de Paris m’a laissé un souvenir si fort et si pérenne, c’est parce que Morgan of Glencoe a le don de créer des personnages aussi inoubliables que nombreux, aussi attachants que crédibles et aussi marquants que diversifiés. Les mois passants, j’avais toujours une partie de mon âme restée dans les égouts de ce Paris alternatif, résonnant au son de Wild Mountain Thyme, me souvenant, émue, des conseils de toutes ces personnes libres que j’avais tant aimé apprendre à connaître. Et ce qui est formidable, c’est qu’en débutant L’héritage du rail, dont l’intrigue débute sans traîner mais en nous laissant tout de même reprendre nos marques, j’ai eu le sentiment d’aller retrouver de veilles connaissances qui m’avaient manqué terriblement. La grande force de cette série tient dans cette capacité qu’à l’autrice de nous offrir tant de personnalités différentes à aimer du plus profond de notre coeur, quitte à ce que, parfois, ça fasse mal. Ils et elles évoluent d’ailleurs beaucoup dans ce second tome, en particulier Yuri qui, petit à petit, a réussi elle aussi à me plaire vraiment. Et c’est cet attachement profond et sincère qui s’est tissé depuis le premier volume qui rend la lecture aussi passionnante. On sent, en plus, que Morgan of Glencoe joue avec ses personnalités, qu’elle les écrit avec le coeur. Et si certaines scènes deviennent alors hilarante quand d’autres sont bouleversantes, c’est parce qu’elle les a écrit avec toutes ces émotions et ça se ressent parfaitement à la lecture. Bien entendu, j’ai encore versé des larmes, bien entendu aussi, tourner la dernière page a été un déchirement, mais je sais que ce n’est pas fini et je me raccroche au fait que je les retrouverai prochainement (#SauvezEdwige). Mais je ne vous cache pas que les adieux définitifs seront un désastre pour moi…

« […] vivre libre, c’est parfois plus dure que de vivre en cage. Avoir le choix c’est faire des erreurs et des fautes, et devoir les assumer sans avoir personne sur qui rejeter la responsabilité. Et même quand les choix semblent être bons, ils peuvent décevoir. C’est aussi devoir mener sa vie, ne pas attendre que quelqu’un le fasse pour nous.»

Une évolution 

Si je craignais de ne pas aimer autant cette suite, je ne m’attendais pas à y trouver un livre encore meilleur que le premier! Morgan of Glencoe a su reverser tout ce qui faisait le charme du tome 1,à savoir son univers mêlant mythologie celte et culture japonaise et française, ses personnages et la tolérance qui transpire des pages, mais elle nous offre aussi un texte qui a gagné en maturité. Plus juste, plus régulier en terme de rythme, ce second volume est un vrai régal à parcourir! L’histoire nous permet, en outre, d’aborder la question de la liberté et de l’affirmation de notre identité à travers le prisme de nombreux points de vue différents. Chaque personnage est ici confronté à de choix cruciaux sur leur avenir, toutes les pièces de l’échiquier vont bouger et préparer un tome 3 qui s’annonce épique. Mais attention, le tome 2 n’est pourtant pas qu’un « tome de transition » comme on le voit souvent dans les séries, particulièrement en littérature jeunesse. L’héritage du rail est riche, dense et passionnant! On apprécie évidemment grandement les réflexions d’une justesse folle sur l’acceptation de la différence, le sexisme et le racisme. Si je dois émettre une petite nuance dans mon enthousiasme, ce serait au niveau de certains petits détails/références qui viennent de notre monde et qui, parfois, me déconnectait de l’univers imaginaire du livre. Petit regret aussi au niveau de l’univers que j’aime énormément mais que j’ai vraiment envie de plus parcourir. Mais ce ne sont que des détails. D’un point de vue tout à fait personnel, mon petit coeur a palpité d’amour quand une berceuse en breton (à écouter en fin de chronique) s’est glissée dans l’histoire, impliquant émotionnellement l’enfant bretonne qui sommeille en moi ce qui m’empêche définitivement aujourd’hui de parler de La dernière geste sans avoir les larmes aux yeux… 

« Je sais que chaque jour, dans le monde entier, des filles, des femmes, des vieillardes, prouvent leur force au monde entier, et que le monde entier s’en fout. Mais ne me prenez pas pour une femme forte, Yuri-hime: je ne saurais, vous ne saurez, si je suis forte que lorsque que je serai tombée, et seulement à la façon dont je me serai relevée, si tant est que je me relève. La puissance vient du monde. La force ne vient que de soi.»

En bref, L’héritage du rail n’est pas qu’une suite à la hauteur, elle est au-dessus du premier tome. Plus rythmé, d’une plume plus mature, ce deuxième chant est passionnant, touchant et nous offre de formidables retrouvailles avec ces personnages terriblement attachants qui m’avaient tant manqué depuis 1 an. Si vous n’avez pas encore découvert cet univers, je vous invite plus que vivement à le faire (pensez à vous armer de mouchoirs cependant) car Morgan of Glencoe est une autrice aussi talentueuse qu’humainement admirable.

« Alors que la nouvelle se répand en Keltia, Yuri, ramenée de force à l’ambassade du Japon, est déterminée à reprendre sa liberté malgré tout. Mais comment fuir, et où trouver refuge ? Seul le Rail semble désormais capable de lui donner asile...»

(Couverture: © Zariel)

[Diversité: pp lesbienne, pp agenre, pp pansexuel.le, ps sourd.e, ps noir.e, pp asiatique - japonai.se, ps asiatique - japonai.se]

Troisième chant - à venir

Et pour vous bercer et accompagner votre lecture, voici une des innombrables version de Toutouig par Annie Ebrel: