La tristesse des éléphants

J’avais depuis plusieurs mois un roman de Jodi Picoult qui traînait dans ma pile à lire. Voilà longtemps que je souhaite découvrir cette autrice dont j’ai entendu beaucoup de bien et quand j’étais tombée sur La tristesse des éléphants dans une boite à livre je m’étais dit que c’était le destin mais j’ai finalement trainé à le lire. Il est sorti en 2017 en français pour les éditions Actes sud, et bien que ce n’est pas le roman qui m’attire le plus dans la bibliographie de Jodi Picoult, le confinement m’a poussé à le lire enfin pour me faire un avis…

« La morale de cette histoire, c’est qu’on a beau, parfois, tout faire pour changer le cour des choses, c’est comme si on voulait arrêter la marée avec une passoire. La morale de cette histoire, c’est que, quels que soient nos efforts, et aussi violemment qu’on le désire… certaines histoires ne finissent jamais bien.»

Un roman plaisant

Pour une première découverte de l’autrice, je dois dire qu’elle a été plutôt concluante bien que ce roman ne m’a pas provoqué un coup de coeur et qu’il s’éloigne de ce que je lis habituellement. La plume de Jodi Picoult est en effet très plaisante et compense les quelques manques de rythme de l’intrigue en nous emportant sans peine dans une histoire touchante et solidement documentée sur les sujets abordés. Abordant à la fois la vie des éléphants, l’amour filial, le deuil et la perte, La tristesse des éléphants un roman pluriel assez bien construit qui maintient l’intérêt du lecteur malgré quelques longueurs en combinant une enquête non avare en révélations et un aspect plus psychologique assez juste. Je n’ai peut-être pas été convaincue à 100% par cette histoire parce qu’elle aborde des sujets qui ne m’interpellent pas personnellement (notamment l’aspect très centré sur la maternité). Mais je suis convaincue, vu la façon d’écrire de l’autrice, que lorsque je lirais les romans où elle aborde des sujets tels que le droit à l’avortement (Une étincelle de vie) ou le racisme (Mille petits riens), je serai conquise. C’est donc finalement un roman qui me donne envie de la découvrir encore plus car elle a réussi à m’embarquer malgré mon désintérêt du sujet.

« Je crois que le chagrin est comme un canapé hideux. On ne s’en débarrasse jamais tout à fait. On peut faire de la décoration autour; jeter un plaid par-dessus; le pousser dans un coin de la pièce - mais finalement, on apprend à vivre avec.»

 

Un roman finalement très fantastique

J’avais choisi ce titre pour lire autre chose que de la SFFF… et finalement voici encore un titre vendu en littérature blanche mais qui relève très clairement du registre fantastique. La partie « surnaturelle » semble peut-être très anecdotique de prime abord mais elle prend finalement une ampleur insoupçonnée. Amateurs de pur réalisme, vous risquez donc d’être un peu bousculé ici car l’autrice nous offre une intrigue qui nécessite de croire, ou en tout cas de laisser son esprit ouvert. Sans ça, vous allez trouver cette histoire un peu capillo-tractée. Pour ma part, c’était finalement une bonne surprise. Et si, par habitude du genre, j’ai vu venir assez vite les révélations finales, j’ai apprécié de me laisser porter dans cette lecture et ce, en grande partie, parce que je m’étais attachée aux personnages, tous un peu amochés, mais tous touchants.

En bref, La tristesse des éléphants est en tout cas un roman plutôt étonnant qui combine l’enquête policière, le drame psychologique, l’étude animalière et le fantastique dans un ensemble assez cohérent et très plaisant. 

« Jenna avait trois ans quand a inexplicablement disparu sa mère Alice, scientifique et grande voyageuse, spécialiste des éléphants et de leurs rituels de deuil. Dix années ont passé, la jeune fille refuse de croire qu’elle ait pu être tout simplement abandonnée. Alors elle rouvre le dossier, déchiffre le journal de bord que tenait sa mère, et recrute deux acolytes pour l’aider dans sa quête : Serenity, voyante extralucide qui se prétend en contact avec l’au-delà ; et Virgil, l’inspecteur passablement alcoolique qui avait suivi – et enterré – l’affaire à l’époque.»

(Photographie de couverture: Untiltled #16 serie « Birthday party The » © Vee Speers)

> Lire un extrait < (© Actes sud)

[Lecture n°22/60 (pour l'échelon 4) pour le Challenge de Littérature de l'Imaginaire édition 8 de Ma lecturothèque]