Haïku (Les Cahiers Aire Libre, #3)

Troisième opus de la série Les Cahiers Aire Libre, de la collection Aire Libre des éditions Dupuis, Haïku est paru le 31 mai dernier, et constitue, malheureusement, le dernier ouvrage d’Olivier Cinna, puisqu’il fut achevé d’imprimer juste avant son décès brutal. L’avant-propos est signé par Thilde Barboni avec qui il avait collaboré pour Hibakusha, et voici ce que j’en ai pensé…

[NB: Un immense merci aux éditions Dupuis, et particulièrement à Jocelyne pour la proposition très généreuse de partenariat et pour l’envoi (très rapide!) de cet ouvrage exceptionnel. Je suis honorée.]

Un haïku visuel

Ce cahier d’illustrations d’Olivier Cinna se présente sous le titre Haïku pour souligner, non seulement, l’aspect japonisant de ses dessins calligraphiés, prolongation évidente de l’univers d’Hibakusha, mais également l’épuration de son trait. Il s’agit, in facto, d’haïku visuel. La plupart des dessins se contentent de noir, de rouge et de blanc, celui omniprésent de la page. Les traits  sont épurés et pourtant suffisamment évocateurs pour y discerner des portraits de femmes plein d’émotions pour lesquelles il est facile d’imaginer toute une histoire. Par ces trois teintes utilisées avec une justesse folle, Olivier Cinna nous offre en effet tout un univers poétique et bouleversant qui a beaucoup à dire dans les interstices silencieuses laissées par le blanc. En plus de ces portraits absolument somptueux, certaines illustrations sont plus foisonnantes de couleurs et de traits et démontrent un peu plus l’ampleur du talent de l’artiste. Ce ne sont pas moins de 56 pages au total qui nous permettent de découvrir ou redécouvrir son travail.

Un chef d’oeuvre

Ce recueil est un bijou, et si chaque portrait, notamment les plus épurés, semblent pouvoir se saisir en un coup d’oeil, il convient plutôt de prendre le temps de s’y plonger longuement, comme on méditerait sur un haïku de mots. On parcoure ce recueil comme une respiration, un moment hors-du-temps qui nous transporte, nous envoûte et nous donne à rêver. Chaque illustration souligne l’élégance du geste d’Olivier Cinna pour les créer, lui qui dessinait debout lors des dédicaces et semblait exercer un art, une danse, presque méditative, lorsqu’il posait son pinceau sur la feuille. J’ai parcouru longuement chaque page de ce magnifique ouvrage, illustré jusque dans la couverture souple du cahier, en ayant conscience qu’entre mes mains, un chef d’oeuvre était présent. D’autant que parmi les ouvrages imprimés, je détiens l’un des 2000 exemplaires avec un tiré à part numéroté et signé, une attention qui m’a ému aux larmes tant j’aime le travail de cet artiste et regrette sa disparition.

En bref, Haïku est un cahier d’illustrations absolument sublime qui démontrent l’immense talent d’un artiste parti trop tôt. C’est un trésor pour les amateurs d’estampes, d’univers japonais, ou tout simplement de magnifiques coups de pinceau.

« Terrain d'expression privilégié, les Cahiers Aire Libre présentent les illustrations d'Olivier Cinna, le dessinateur d'Hibakusha.

Entre noir et rouge, les femmes qui se dessinent sont pensives, belles, sublimes. À la fois poétiques et évocatrices, ces estampes laissent la part belle à la beauté japonaise. Prolongement d'Hibakusha, ce recueil propose une véritable découverte du trait sensuel et délicat du dessinateur, pépite qui se livre au fur et à mesure des pages tournées, chaque dessin calligraphié apportant un nouvel élément.

Vision intime de l'auteur, celui-ci réalise une déclaration d'amour sans équivoque envers cet univers bien loin de nos rivages. Une suggestion à la rêverie et toujours au voyage... »

(Illustrations: © Olivier Cinna - Dupuis)