De mémoire

Fruit de la collaboration inédite de Corbeyran au scénario et Winoc au dessin, De mémoire est une bande dessinée one-shot à paraître le 5 juin prochain aux éditions Bamboo dans la collection Grand Angle. La colorisation a elle été assurée par Fabien Blanchot et Sébastien Bouet. Présentée comme un thriller psychologique inoubliable, cette BD a forcément attiré mon attention, et voici ce que j’en ai pensé…

[NB: Merci beaucoup à Bamboo - Grand Angle pour cet envoi et la confiance réitérée.]

« Mon éclectisme déroute. Je peux comprendre. J’ai moi-même beaucoup de mal à me stabiliser et à ne pas me sentir dérouté. La raison est simple: je suis hypermnésique. Hypermnésique n’est pas une nouvelle religion ni un passe-temps new age. C’est le terme qu’on emploie pour désigner les personnes qui possèdent une mémoire absolue.»

Un one-shot dense 

J’apprécie énormément les bande dessinées one shot puisqu’elle n’oblige pas le lecteur à retenir l’histoire en attendant (parfois désespérément) la suite, mais aussi et surtout parce que c’est un exercice d’écriture de réussir à offrir une histoire complète captivante et touchante en un seul volume. De mémoire est une réussite à ce niveau-là, offrant une histoire assez dense et surtout un personnage principal très approfondi. J’ai d’ailleurs beaucoup aimé le personnage de Nick avec sa personnalité si particulière. Son introduction au lecteur n’est absolument pas une perte de temps et est même plutôt savoureuse, puisqu’elle est teintée d’humour et portée par son charisme. Quand la tension arrive par la suite, on s’est déjà attaché à lui et on espère pouvoir l’aider à s’en sortir. C’est ce qui en fait un one-shot réussi.

Une intrigue intéressante et un dessin très réussi

En m'attardant sur les dessins de Winoc, que je découvre avec ce titre, je dois admettre avoir trouvé l’ensemble visuel extrêmement réussi, notamment pour ce qui concerne l’expressivité des personnages. Il y a un réel style graphique dans cette BD, un style identifiable et appréciable. On perçoit réellement le travail fouillé qui a été mis en oeuvre dans chaque illustration, et ce, à tous les points de vue, y compris la colorisation, ce qui donne à l’ensemble une ambiance très immersive qui se couple parfaitement la narration assez prenante. J’ai été captivée pendant ma lecture par cette histoire assez mystérieuse et cette petite tension qui naît au fur et à mesure de l’histoire. Cependant, je ne qualifierai pas cette BD de « thriller psychologique inoubliable » car le suspense n’est jamais à son comble et la résolution de l’affaire intervient, selon moi, avant l’angoisse. Je regrette également de ne pas avoir saisi la toute fin de l’histoire, et ce, malgré deux relectures. Je me sens du coup un peu stupide sur ce point-là et j’attends désespérément le retour d’autres lecteurs pour m’éclairer et m’enlever cette frustration (^^). Mais j’ai grandement apprécié cette lecture qui, en un seul volume de 72 pages, offre une histoire complète et travaillée.

En bref, De mémoire est une très bonne bande dessinée avec une intrigue dense et un personnage principal atypique et attachant. Je garde juste un léger regret sur le final de l’album, empêchant un enthousiasme démesuré.

« Nick possède une mémoire absolue. Tout ce qu'il entend, tout ce qu'il voit, tout ce qu'il lit, il l'enregistre. Cela ressemble à un super pouvoir, mais c'est un truc à vous rendre dingue. Heureusement, Julia, sa psy, lui a montré comment oublier. Mais quand Nick est enlevé, il n’a d’autres choix que de faire remonter ses souvenirs enfouis. Car ses kidnappeurs veulent tout savoir des recherches de son père, un scientifique brillant, disparu dans un accident quand Nick avait 5 ans. »

(Illustrations de couverture & des planches: © Winoc)