Bleu calypso

Publié le 3 janvier 2019 chez les éditions Slatkine & Cie, Bleu calypso est le premier roman de Charles Aubert. Stelphique en avait fait une magnifique critique qui m’avait donné très envie de le découvrir et c’est lors du concours qu’elle a organisé en partenariat avec l’éditeur que j’ai eu la chance d’être tirée au sort pour remporter ce titre. Voici donc ce que j’en ai pensé…

[NB: merci encore à Stelphique et à Slatkine & Cie pour ce concours.]

« Rien n’avait changé dans le coeur des hommes. Toujours la même odeur de merde. Et, pour être totalement honnête, je devais avouer que ça ne me surprenait pas plus que ça.»

Un côté poétique et nature writing apaisant

Bleu Calypso est un premier roman qui mêle une enquête policière avec un fonds de nature writing sans que cela n’entache aucunement le rythme du récit. On ressent surtout, dans ce roman, l’amour sincère pour la nature et la poésie de la part de l’auteur. Le personnage principal, Niels, vit en ermite au bord d’un étang, à la manière de l’auteur lui-même. Cette cabane suspendu hors du monde et hors du temps était un havre de paix dans lequel je me sentais apaisé. Mais très vite, l’enquête et la bourrasque Lizzie débarquent et bouleversent le calme du lieu. L’aspect nature writing poétique et contemplatif devient alors très secondaire, soufflé par le rythme implacable de l’intrigue, mais parsème tout de même le texte à travers le style poétique de son auteur. Et malgré la tension de l’intrigue, bien réelle, ce pan du récit reste inspirant et apaisant, avec un côté méditatif que les haïkus en début de chapitre appuient. J’aurai aimé peut-être que cet aspect soit peut-être encore plus présent qu’il ne l’est. J’ai en tout cas ressenti l’intrusion de Lizzie dans l’univers de Niels comme une menace très agaçante. Mais, je comprends aussi que pour le bien de l’intrigue, cette bouffée d’énergie dévastatrice était nécessaire et permettait à Niels de renouer avec la vie.

« L’étang devant moi était devenu bleu outremer avec de profonds reflets mauves. J’aimais beaucoup les couleurs saturées qui arrivaient avec l’orage. C’était comme si la vie gagnait soudain en intensité. De mémoire, il n’y avait que l’orage et l’amour pour donner cette sensation-là. Mais je n’étais plus vraiment sûr en ce qui concerne l’amour.»

Une enquête bien construite

Au coeur de cette nature apaisante, l’homme tue et l’intrigue policière qui s’enclenche n’est pas sans risque pour Niels. Bien construite, cette histoire suit un rythme assez haletant imposé par la personnalité hyperactive de la journaliste et nous entraîne sur quelques fausses pistes qui nous poussent à nous interroger nous-mêmes et à mener l’enquête de notre côté. Malheureusement, j’ai découvert l’identité du coupable assez vite et je n’ai donc pas été surprise par les révélations finales (j’ai décidément trop lu d’enquêtes!). Mais ça ne m’aura pas empêché de passer un très bon moment de lecture, porté par l’écriture agréable et élégante de Charles Aubert. Les chapitres assez courts et la tension plutôt maîtrisée nous empêchent de lâcher le roman. Ajoutons à cela le sentiment apaisant de la nature et des haïkus et nous voilà dans un sentiment très agréable. Ce n’est sans doute pas l’enquête du siècle. Et Lizzie m’a agacé de bout en bout. Mais j’ai apprécié cette lecture et j’ai déjà très envie de voir ce que l’auteur pourra proposer à l’avenir.

En bref, Bleu calypso est un très bon premier roman. L’aspect nature writing, secondaire, est très appréciable et l’enquête plutôt bien menée. 

« Niels Hogan, quarantenaire bourru, a rompu les amarres. Profitant d’un plan social, il s’est installé – comme l’auteur – dans une cabane au sud de Montpellier, où il fabrique des leurres pour la pêche au bar. La vie simple, la douceur du temps… L’ermite n’a qu’un ami, son voisin Vieux Bob, qui attend la visite de sa fille journaliste, Lizzie. A l’occasion d’une partie de pêche, Niels découvre un cadavre. D’abord suspecté, Niels décide de mener l’enquête avec Lizzie. »

(Photographie de couverture: © Borchee/IStock)