Un océan d'amour

Paru en 2014 dans la collection Mirages des éditions Delcourt, la bande-dessinée Un océan d’amour est écrite par Wilfrid Lupano et illustrée par Grégory Panaccione. BD muette de plus de 200 pages, elle nous raconte, par l’image, l’histoire d’un pêcheur breton et de dame. C’est l’avis touchant de Flo & Books qui m’avait donné envie de la découvrir et voici ce que j’en ai pensé…

Pas besoin de mots pour toucher en plein cœur

J’ai longtemps eu des aprioris absurdes sur les BD ou albums muets, notamment la certitude qu’il allait me manquer quelque chose pour m’y plonger complètement, quelque chose que seuls les mots étaient susceptibles d’amener… Et pourtant Un océan d’amour est le parfait exemple que les mots ne sont pas nécessaires pour créer de l’immersion et de l’émotion car j’ai eu un formidable coup de cœur pour cette bande-dessinée muette. L’absence de mots renforce au contraire l’impact de l’histoire ici, puisque les conclusions que le lecteur effectue dans sa lecture des images ne sont pas restreintes par les mots d’un auteur. A chacun d’interpréter les images avec son vécu, ses valeurs et son émotion. Notamment sur les aspects écologiques assez forts de cette BD, l’absence de mots empêche un aspect moralisateur et offre au lecteur la possibilité d’être touché sans être culpabilisé. De même, la relation si belle de ce petit pêcheur et de sa bigoudène n’a pas besoin de mots, et je les soupçonne d’ailleurs d’en échanger peu. Leur amour se devine dans les actes, dans les regards aussi et il nous touche en plein cœur. La preuve est là que les mots sont superflus car l’émotion pure n’en a pas besoin.

Visuellement sublime

Le coup de cœur est aussi graphique. Les dessins de Panaccione sont absolument sublimes. Son choix de mise en page est très judicieux, offrant des perspectives très parlantes qui illustrent à merveille le rythme des actions et les rapports de force. L’arrivée de l’immense bateau-usine est particulièrement effrayante par exemple avec cette double-page qui illustre son côté monstrueusement grand. Les dessins des personnages ont eux aussi beaucoup contribué à l’émotion. Le pêcheur breton est aussi chétif que son bateau et le lecteur ne peut que s’y attacher immédiatement. La bigoudène, avec sa carrure plus massive illustre une stabilité et une force de caractère épatante que ses actes révèlent en effet par la suite. Chaque choix graphique me semble pertinent et font de cette histoire fabuleuse un véritable chef-d’œuvre qui nous fait pleurer autant qu’il nous fait rire et qui nous désespère ou nous touche autant qu’il nous anime et nous transporte.

Bref, Un océan d’amour est un coup de cœur absolu. Pour son esthétique superbe, pour l’émotion  qui nous emporte complètement malgré/grâce à l’absence de mots et pour ce couple auquel il est impossible de ne pas s’attacher !  Si vous avez l’occasion de parcourir cette pépite, allez-y sans hésiter.

« Chaque matin, Monsieur part pêcher au large des côtes bretonnes. Mais ce jour-là, c'est lui qui est pêché par un effrayant bateau-usine. Pendant ce temps, Madame attend. Sourde aux complaintes des bigoudènes, convaincue que son homme est en vie, elle part à sa recherche. C'est le début d'un périlleux chassé-croisé, sur un océan dans tous ses états. Une histoire muette avec moult mouettes. » 

(Illustration de couverture et des extraits : © Panaccione)