Virus : expérimentation

Prévu pour octobre 2016, Virus est un premier roman pour un tout jeune auteur belge, Nicolas Bastin. Publié par la maison Acrodacrolivres, elle-aussi belge, et se déroulant en partie à Walibi Belgium à Bierges, il s’agit d’un pur produit local intriguant, d’horreur et de fantastique. 

[NB: J’ai reçu cet ouvrage grâce à l’auteur lui-même qui m’a contacté via ma rubrique Contact. Je tiens donc à remercier vivement la maison d’édition et Nicolas Bastin pour la confiance qui m’a été accordée. Bien entendu, mon avis n’est en aucun cas affecté par le fait qu’il s’agisse d’un partenariat. Je le précise en effet dans ma rubrique « Contact », ce n’est pas parce que je reçois gracieusement un livre que je vais le critiquer positivement. Je préfère ainsi rester honnête avec l’auteur et la maison d’édition avec qui je prends contact, et également avec vous, en vous fournissant un avis sincère.]

Maladroit, pas assez travaillé. Je suis terriblement navrée de ne pas avoir apprécié ma lecture, même si je l’ai dévoré en à peine 1h (il ne fait que 140 pages) et que j’y ai décelé un enthousiasme certain, signe de bonnes intentions de la part de l’auteur pour ce premier roman et du plaisir qu’il a pu prendre à coucher ses idées sur le papier. J’ai également apprécié l’idée de base, qui m’a fait regarder d’un autre oeil le parc d’attractions où je passe régulièrement. C’est fun, c’est local, la couverture est démente mais, malheureusement, trop d’éléments m’ont bloqué dans mon plaisir pour que j’en ressorte satisfaite.

« Malgré ses pertes de mémoire, Igor a conservé toutes les connaissances scientifiques qu’il avait acquises, ce qui va l’aider dans sa recherche pour savoir quelle personne il est devenu. Néanmoins, il sait une chose, il ne sera plus jamais comme avant.»

Premièrement, j’avais été averti qu’il restait des coquilles dans le texte, le roman n’ayant pas bénéficié d’une correctrice pro, mais le fait que des mots manquent et rendent la syntaxe inintelligible est tout simplement trop gênant et aurait du être remarqué avec une simple relecture (« Elle décide donc chez le directeur pour savoir dans quel auditoire elle doit aller »/ « Je ne m’en souviens. »/ …). Ceci est trop récurrent, et ajouté aux erreurs d’orthographe, de syntaxe ou d’utilisation des temps de conjugaison, ça fait un peu trop pour un si petit roman à mon goût. L’écriture n’est pas désagréable mais elle est, elle-aussi, imparfaite, maladroite, hésitante. Les présentations des personnages sont d’ailleurs quelque peu scolaires et leur psychologie est très survolée (mais en même temps, ce format court empêche d’aller bien loin…).

« Je me retourne à gauche, je veux crier mais je n’y arrive pas. Il y a un corps à moitié décomposé et pourtant, il semble respirer. Où suis-je? Est-ce que je suis mort?»

Pour ce qui est du contenu, là-aussi j’ai ressenti un manque d’approfondissement et de travail dans l’écriture. Je suis navrée mais les chapitres en Russie m’ont terriblement dérangés car ils sont remplis d’inexactitudes très grossières d’un point de vue historique. C’est censé se dérouler en 1402 mais tout y est rédigé comme quelque chose de moderne. Il n’y a pas eu d’université à Moscou avant 350 ans plus tard, les filles ne pouvaient pas s’y rendre, elles n’ont eu accès aux premières écoles que 400 ans plus tard, les microscopes utilisés ici n’avaient pas encore été inventés, les livres imprimés n’existaient pas (l’imprimerie c’est en 1450), et l’art contemporain (qui par définition est l’art de 1945 à nos jours) n’était certainement pas étudié à l’université… Et ce ne sont que des exemples des nombreux anachronismes. Du coup, le récit n’est pas crédible et perd l’effet d’angoisse que j’aime dans les romans fantastiques qui nous font croire à l’horreur. Ici je n’y ai pas cru une seule seconde, je n’ai pas tremblé, pire j’ai été agacée par ces aberrations qui soulève un problème de travail et de recherche dans l’écriture, travail nécessaire pour que le lecteur adhère à l’histoire.

En bref, dans l’ensemble, ce petit roman me semble être un premier jet non retravaillé, qui ne manque pas d’idée mais qui nécessite de multiples remaniements et un approfondissement dans le travail de recherche et dans le scénario lui-même. Je pense qu’avant d’écrire la suite (qui semble promise à la fin), une réécriture de ce premier tome sera nécessaire.

(Photographie de couverture: © Ingrid Van Rensberghen)

«Russie, 15e siècle, Igor rentre à l’université pour étudier les sciences. En rentrant chez lui, il annonce qu’il s’est fait une « amie » mais son père ne le voit pas d’un bon œil... Igor fugue. À ce moment-là, il est loin d’imaginer que cette fuite va changer sa vie...

Bierges, 21e siècle, Grégoire entend un spot publicitaire annonçant l’événement Halloween à Walibi Belgium. Matthias et Alice, les jumeaux de Grégoire, veulent impérativement s’y rendre. Lorsqu’ils se rendent au parc, la propriétaire du cirque de monstres ne semble pas inconnue à Grégoire. Est-ce une simple sensation de déjà-vu avec le visage de la pub ou est-ce autre chose?»