Au pays du sang et du miel

WOAW! Ou comment se prendre une claque aussi violente qu'avec La Rafle...Angelina Jolie n'a pas choisi la facilité pour son premier film en tant que réalisatrice et scénariste: parler de la guerre en Bosnie, des violences sans nom qui y ont eu lieu et ce en prenant le pari de le faire avec des acteurs locaux, dans leur langue. Chapeau bas pour la prise de risques! D'autant qu'elle ne prend pas de gant pour nous mettre face à la réalité de cette guerre sordide, si récente et si cruelle. Les scènes sont parfois très violentes mais elles ne vont jamais au-delà de la vérité, le film semblant refuser un excès de mélodrame. Nous nous retrouvons confrontés face à la guerre et nous sommes les témoins des monstruosités qu'elle engendre et des changements qu'elle provoque chez les gens qui y sont confrontés. Réalisme parfois atroce (viols collectifs, extermination raciale...) de ce qui s'est passé sous les yeux du monde sans qu'il n'agisse pendant de longues années. Le choix osé de faire la version originale en bosniaque était le bon. Nous sommes tout de suite plongés dans le décor, happés par ce qu'on y voit. De même, le pari de ne pas utiliser des acteurs mondialement connus mais des locaux tous très bons est gagné. J'émettrais malgré tout sur ce point un léger bémol. Il est possible que la direction des acteurs fut gênée par la barrière de la langue ce qui rend parfois les personnages trop lisses, manquant de profondeur.

Venons-en maintenant à la relation étrange et complexe d'Ajla et Danijel. Car le film ne parle pas seulement de la guerre même si leur histoire en est une conséquence directe. Quelle joie de ne jamais tomber dans la guimauve malgré une apparence de Roméo & Juliette. Leur histoire ne sombre jamais dans le gnian-gnian mais la douceur, la tendresse puis la torture mentale où s'entremêle confiance et amour, passion et trahison. Cependant, les scènes du duo sont parfois un peu trop longues et l'enchaînement avec les scènes de guerre est, par instants, maladroit. Reste que l'émotion est entière et bouleversante devant les questions que pose la guerre sur leur relation et auquel le film ne répond pas par la facilité.

Au pays du sang et du miel m'a fortement touché et c'est non sans larmes, sentiment d'angoisse intense ou questionnements que j'ai été scotchée à l'écran pendant plus de 2h. Ce que j'ai avant tout aimé, c'est qu'au-delà de la dénonciation engagée de cette guerre qu'on a laissé faire, il y a des gens, une vraie histoire et pas de prise de parti... ou juste celui de la paix...

En bref, pari gagné pour Angelina Jolie. Son premier film est un choc émotionnel, visuel et d'une intensité rare. C'était sacrément osé, elle n'aura pas pris de gant, et c'est tant mieux! Enfin, si vous cherchez un film où vous n'allez pas pleuré évitez-le ;) !

Bande-annonce:

"Alors que la guerre fait rage en Bosnie, Danijel et Ajla se retrouvent dans des camps opposés malgré ce qu’ils ont vécu. Danijel est un soldat serbe et Ajla une prisonnière bosniaque retenue dans le camp qu’il surveille. Pourtant, avant le conflit, l’un et l’autre partageaient d’autres sentiments. C’était une autre vie, avant la barbarie, avant que cet affrontement ethnique violent ne prenne leur futur en otage. A nouveau face à face dans cet épouvantable contexte, leur relation devient complexe, ambiguë, incertaine. La guerre a miné leur lien.
Voici leur histoire, bouleversante, écrasée par l’effroyable poids qu’une guerre fait peser sur des gens simples qu’aucun pouvoir politique ne semble vouloir sauver."