Une sirène à Paris

Mathias Malzieu publiait en janvier 2019 un nouveau roman chez Albin Michel intitulé Une sirène à Paris. Un album de son groupe Dyonisos inspiré par le livre et intitulé « Surprisier » va sortir le 28 février prochain, ainsi qu’un film, le 11 mars, réalisé par l’auteur. Finaliste du Prix Imaginales des Bibliothécaires, ce roman a également reçu le Prix Babelio Imaginaire 2019. J’ai enfilé ma casquette de jury pour le lire et voici ce que j’en ai pensé…

« Elle lui a appris à devenir un rêveur de combat. De ceux dont l’imagination est si puissante qu’ils peuvent modifier la réalité, du moins la leur.»

Une déception

Avant toute chose, il faut savoir que je suis une amatrice des écrits de Mathias Malzieu que j’ai tous lu et presque tous chroniqués. Même ses histoires d’amour arrivaient généralement à briser mon scepticisme anti-romance. J’ai donc commencé Une sirène à Paris en me disant que j’allais passer un moment très agréable au minimum. Malheureusement, je suis plutôt déçue de cette lecture qui se lit sans peine, certes, mais aussi sans cette petite once de flamme magique qui fait généralement vibrer mon coeur quand je lis Mathias Malzieu. L’histoire proposée est finalement assez fade, avec bien peu d’actions hormis sur le final qui trouve enfin un rythme un minimum entraînant. Mais surtout, les sentiments des personnages ne sont pas du tout crédibles. L’histoire d’amour impossible aurait pu fonctionner mais l’amour de Gaspard et de la sirène arrivent tellement vite et sans raison (surtout pour elle), que ça paraît absurde et donc, malheureusement, sans intérêt. La magie est en effet finalement fissurée de clichés qui empêchent un attachement et freinent la rêverie. Le côté accessible et aéré de l’édition font qu’on lit le roman assez aisément, mais c’est un peu comme un plat de pâtes sans sauce ni beurre, ça se lit mais ça manque de ce qui provoque le plaisir. 

« La nuit tombait sur Paris. Les peintres de crépuscule avaient fait du bon boulot: les ocres explosaient sur les quais humides, les nuages éventrés saignaient le long du fleuve. L’un d’eux, accroché aux aiguilles des horloges du quai d’Orsay, s’effilochait comme une pelote de laine. Le vent les retricotait, avec ses façons de vieille folle, jamais la même forme, jamais la même taille.»

Un univers qui plaît pourtant

Si j’ai été déçue c’est aussi et surtout parce que le roman contenait quelques éléments appréciables qui se trouvent noyés par l’histoire un peu moyenne. L’univers de Mathias Malzieu est en effet agréable et son ode à l’imagination est un véritable atout dans un monde qui oublie de rêver. Certaines inventions du récit sont adorables, on aurait bien envie de faire un tour au Flowerburger par exemple, et certaines descriptions sont poético-oniriques comme je les aime. En parlant de sirène, on avait aussi moyen de parler écologie/protection de l'océan (spoiler, ce n'est pas le cas). Sur bien des aspects, le roman est même qualifiable de mignon. Mais malheureusement, l’ensemble reste vraiment en-deçà de ses autres titres pour moi. On tourne vite en rond dans cette histoire qui manque franchement de cohérence (surtout sur son final…) et dont le personnage principal m’aura surtout marqué par sa bêtise. A noter aussi que le texte contient pas mal de coquilles, ce qui est particulièrement déplorable pour une grosse sortie d’une grosse maison d’édition…

En bref, Une sirène à Paris était plein de promesses mais m’aura finalement beaucoup déçue. Il se lit sans peine mais manque pour moi de magie et de cohérence. C’est dommage, parce que certains éléments sont vraiment sympas, mais l’histoire autour reste atrocement fade.

« Après le bouleversant Journal d’un vampire en pyjama, Mathias Malzieu retrouve la veine du merveilleux de La Mécanique du cœur avec cette Sirène à Paris, l’histoire d’amour impossible entre un homme et une sirène dans le Paris contemporain. Nous sommes en juin 2016, la Seine est en crue. De nombreuses disparitions sont signalées sur les quais. Attiré par un chant aussi étrange que beau, Gaspard Snow découvre le corps d’une sirène blessée, inanimée sous un pont de Paris. 

Il décide de la ramener chez lui pour la soigner, mais tout ne passe se pas comme prévu. La sirène explique à Gaspard que les hommes qui entendent sa voix tombent si intensément amoureux d’elle qu’ils en meurent tous en moins de trois jours. Quant à elle, il lui sera impossible de survivre longtemps loin de son élément naturel… »

(Couverture: © Philippe Narcisse - photos © Anne Tilly - Océan, © Lewis Mulater / Photographer’s choice / Getty images - photomontage © Le Cercle Noir)

> Lire un extrait < (© Albin Michel)

Bande-annonce du film de Mathias Malzieu (© Sony pictures):

- Finaliste du Prix Imaginales des Bibliothécaires 2020 -

[Lecture n°7/60 (pour l'échelon 4) pour le Challenge de Littérature de l'Imaginaire édition 8 de Ma lecturothèque]

Ce livre faisait parti des présélectionnés du Prix Littéraire de l’Imaginaire Booktubers app 2020 #PLIB2020 #ISBN9782226439772 #ISBN:9782226439772