Texto

Après avoir excellé dans le post-apo, l’écrivain russe Dmitry Glukhovsky s’essaye ici au roman noir avec Texto. Publié initialement en 2017, il a été traduit en français pour sa parution le 24 janvier dernier chez la maison d’édition L’Atalante. Et voici ce que j’en ai pensé…

[NB: Merci à la maison d’édition L’Atalante pour leur confiance et l’envoi de ce livre en service presse.]

« Il pensait avoir bien fait les choses, mais malgré ça il irait en enfer. La vie sur Terre était ainsi organisée que tout le monde allait irrémédiablement en enfer. Surtout en Russie.»

Un bon potentiel…

L’auteur nous entraîne dans une plongée sans trêve dans le Moscou sombre et corrompu à la rencontre d’Ilya, un jeune homme qui sombre dans la noirceur après avoir tout perdu et qui va alors enchaîner les mauvaises décisions. Une plongée vers le mal irrémédiable et glaçante qui nous rappelle qu’être au mauvais endroit, au mauvais moment, peut faire basculer une vie. Ce roman, c’est aussi la rencontre de la Moscou pervertie jusqu’à la moelle présentée avec le regard désabusé d’un auteur à la plume acerbe. Le tout avec un pitch de base plutôt savoureux qui remet en question notre rapport à nos téléphones et met exergue la déshumanisation de la société contemporaine. Il y a vraiment du bon potentiel dans ce livre, j’étais même convaincue que j’allais passer un formidable moment. Mais malheureusement, un bon potentiel ne suffit pas toujours…

« La rame était bondée de gens plongés dans leur téléphone. Ce qu’ils avaient à y voir était plus intéressant que l’arrière du crâne de leur voisin. Le métro transportait des morceaux de viande sans âme. La miracle de la technologie.»

… mais un ennui profond

Je suis extrêmement déçue de ne pas avoir apprécié ma lecture. Pour être tout à fait honnête, après les 100 premières pages qui m’ont paru intéressantes, l’ennui est arrivé, s’est installé, intensifié, et ne m’a pas quitté. Il ne se passe presque rien pendant 300 pages, le rythme est extrêmement lent, la narration s’enlise et ma lecture est devenue pénible. Même lorsque « l’action » revient, la tension n’était plus suffisamment présente pour m’embarquer à nouveau. Et alors qu’Ilya pouvait m’interpeller au départ, il a fini par m’agacer profondément et je n’avais qu’une attente: qu’on en finisse. Sans empathie, sans âme, j’ai poursuivi la lecture comme un automate que plus rien ne faisait palpiter. Et je suis vraiment navrée d’avoir ressenti cela parce que j’apprécie l’auteur, et j’apprécie généralement beaucoup les thrillers russes. Mais là, ça ne l’a pas fait du tout. 

En bref, Texto avait de bonnes bases, l’ambiance est intéressante, les idées aussi, mais mon enthousiasme de lecture s’est retrouvé étouffé par un rythme mort et une narration qui ennuie profondément. Quel dommage! 

« Le smartphone sait tout de nous : notre quotidien, nos vices, nos amours, nos espoirs, nos secrets inavouables. Mon smartphone est moi. Si quelqu'un s'en empare, il devient moi aux yeux de tous. Le temps que l'imposture soit découverte, il est trop tard. Pour tout le monde.»

(Illustration de couverture: © Eli Yatskevich / graphisme © leraf)