Phobie

Publié dans la collection Electrogène des éditions Gulf stream, Phobie est un thriller young-adult signé par Sarah Cohen-Scali. Une phobie, un cauchemar récurrent qui semble prendre vie, une séquestration, des références aux contes de fées…: il ne m’en fallait pas plus pour avoir envie de découvrir ce livre dont j’avais eu, par ailleurs, de bons échos. Voici donc ce que j’en ai pensé…

Une promesse non tenue

Je suis la première à le regretter mais je ressors profondément déçue par ce livre. Pour sa défense, il passe après un tel coup de coeur (pour Station Eleven) que les petites choses qui m’auraient gênées en temps normal, devenaient dans ce contexte vraiment agaçantes. J’attendais énormément de ce thriller, qui me promettait tant de choses que j’affectionne via son résumé et via son esthétique, mais la promesse n’a pas été tenue. Bon déjà, je n’ai pas eu le moindre frisson face à cette histoire, mais étant destiné à un public ado, je peux le concevoir. Le gros problème c’est surtout que je me suis profondément ennuyée. Les épisodes de la séquestration sont un enchaînements de situations étranges et répétitives où on nous explique toutes les 5 minutes les liens à faire avec des contes alors qu’en suggestif ça aurait été parfait. Là j’avais l’impression que l’auteur me tenait la main et me forçait à regarder dans un sens, ce que je déteste. Pour le côté « étrange », le scénario l’explique, mais le rythme alourdi par les répétitions ne me semblait pas nécessaire… Anna, par ailleurs, ne m’a absolument pas touché un seul instant et j’ai trouvé ses réactions très peu crédibles. Et du côté de l’enquête… et bien ça ne s’arrange pas non plus. Car tous les fils m’ont sauté au visage dès le début, et le fait de suivre le policier qui lui, face aux mêmes indices évidents, patauge complètement, c’était assez énervant. D’ailleurs, tous les personnages me gênent un peu, à cause d’une psychologie assez floue dans l’ensemble. En fait, il m’a manqué la surprise. Certes, c’est original comme construction et comme idée, mais quand on la voit venir, ça gâche complètement le plaisir et c’est assez lassant à lire. Donc pas de frisson, pas de suspens, un enquêteur et une victime qui m’agacent… forcément ça rend la lecture moins agréable que prévue. 

« Je suis comme La Belle au bois dormant. J’ai succombé à un sort de sommeil. J’attends. J’attends qu’on vienne me réveiller. Mais je n’aurai pas droit à un baiser, comme dans les contes de fée. Plutôt à une morsure.»

Une belle idée

Malgré ma mauvaise expérience, je tiens tout de même à souligner que pour des ados et novices en thriller, Phobie peut faire un bel effet. L’idée de Sarah Cohen-Scali, dont je ne parlerai pas pour ne pas gâcher la surprise, est assez originale et aborde un sujet assez peu traité finalement dans le genre. J’ai aussi apprécié l’écriture. Si elle n’est pas transcendante ou particulièrement remarquable, elle est agréable et simple, parfaite pour sa catégorie d’âge. Et pour ceux qui craignent le côté fantastique que laisse suggérer le résumé, ne vous en faîtes pas, tout s’intègre plutôt bien et s’explique par l’intrigue. Je regrette vraiment de ne pas avoir pris de plaisir avec ce livre qui m’attirait depuis sa sortie. Parfois les idées sont géniales mais leur mise en place est plus laborieuse. Le problème c’est que, bien que basés sur des choses existantes, les éléments de l’histoire ne m’ont pas paru assez crédibles et les ficelles étaient un peu trop grosses. Je regrette aussi que tous les éléments ne soient pas complètement expliqués au final, ou que certaines conclusions soient un peu bâclées à propos d’éléments secondaires. D’ailleurs, après avoir fini le livre je ne crois toujours pas à son intrigue et je reste un peu perplexe. Dommage.

« Après tout, c’était ça, son métier de policier, courir après des monstres. Des monstres qui n’en avaient pas l’apparence et qui ne prenaient pas la peine de se cacher dans un placard, mais qui déambulaient en toute liberté, en toute impunité. »

En bref, Phobie n’aura pas eu le succès escompté pour moi. Un scénario original mais aux ficelles trop évidentes, des personnages assez peu crédibles, un rythme inégal… Mais comme beaucoup d’avis sont très positifs, si le livre vous tente je vous invite à le découvrir  et à vous faire votre propre avis, qui sera, je l’espère, meilleur que le mien.

« Une odeur de moisi. Une cave. L’obscurité totale. Et la peur. La peur qui prend aux tripes. Cauchemar...ou réalité ? Anna ouvre les yeux et prend peu à peu conscience qu’elle n’est pas en train de faire le cauchemar récurrent qui la tourmente depuis son enfance, mais qu’elle est bel et bien séquestrée. Qui l’a enlevée ? Le croque-mitaine qui la terrorise depuis qu’elle a cinq ans, ou un homme de chair et d’os ? Chargé d’enquêter sur l’enlèvement de la jeune fille, le commandant Ferreira doit collaborer avec un psychiatre, le docteur Fournier. Son enquête est vite reliée à une autre, celle de la disparition du père d’Anna, onze ans auparavant. Onze années de silence et d’oubli à parcourir. Un voyage à rebours, au coeur d’une mémoire secrète. »

(Couverture : © Mike Dobel / Arcangel images)