Minuit passé

Après avoir eu un immense coup de coeur pour les deux premières BD de Gaëlle Geniller, Les Fleurs de grand frère et Le Jardin, Paris, j’avais très hâte de découvrir sa nouvelle œuvre. Intitulée Minuit passé, cette bande dessinée vient de paraître fin octobre aux éditions Delcourt dans la collection Mirage. Et voici ce que j’en ai pensé…

Un univers à la fois inquiétant et beau

Là où les deux premières BD de l’autrice et dessinatrice nous emmenait dans un univers d’une infinie douceur, Minuit passé s’inscrit dans un autre registre en proposant une histoire volontairement un peu inquiétante. Teintée de mystère, l’intrigue propose en effet un récit de fantômes au sein d’une grande demeure familiale oubliée. Entre ombre et lumière, jour et nuit, l’histoire se tisse autour de cette interrogation d’apparition qui semble hanter le personnage principal. Le décor tout entier participe à ce sentiment un peu oppressant par instants, avec les dizaines de portraits d’ancêtres qui semblent vous surveiller dans l’ombre. Mais au fond, chez Gaëlle Geniller, on retrouve toujours une certaine douceur et surtout de la beauté. Les illustrations proposées sont encore une fois somptueuses. Que ce soit les décors ou les tenues, il y a ici un ici un hommage au beau et à l’art nouveau. Les couleurs magnifiques rassurent et envoûtent dans cette histoire fantastique. C’est une nouvel fois un album divin à parcourir, doté en plus d’un jaspage qui rend l’objet-livre, lui aussi, très beau.

Une histoire un peu en-deçà

Malheureusement, si j’ai été conquise par l’esthétique et l’ambiance, j’ai été un peu déçue de l’histoire proposée. Il s’en dégage pourtant quelque chose de vraiment intéressant. L’aspect familial, l’enfance oubliée, les apparitions sont autant d’éléments qui m’ont accroché pour l’aura de mystère véhiculée. Et l’ambiance gothique générale m’a elle parfaitement conquise. Mais l’issue, elle, m’a semblé manqué d’un je-ne-sais-quoi de clarté. Je n’ai pas l’impression d’avoir eu réponse à mes questions sans que ce manque ne soit pour autant justifié ou, possiblement, voulu. Attention, la BD reste très bonne. Elle passe juste après deux immenses coup de cœur dans la bibliographie de l’autrice et c’est surtout cette comparaison qui diminue mon sentiment à l’égard de cette dernière. J’ai cependant encore une fois beaucoup aimé les personnages, leur douceur et leur vulnérabilité, mais aussi le lien qui se tisse avec les autres œuvres de l’autrice via les fleurs, toujours présentes chez Gaëlle Geniller. C’est beau, tendre aussi malgré l’ambiance plus inquiétante et si ce n’est pas, à mon sens, la meilleure œuvre de Gaëlle Geniller, j’ai apprécié la parcourir et rencontrer Guerlain.

En bref, Minuit passé est une magnifique bande dessinée à l’esthétique raffinée et aux couleurs envoûtantes. L’histoire nous emporte auprès de personnages touchants qui se retrouvent confrontés à une situation potentiellement inquiétante. Ombre et lumière, nuit et jour se mêlent dan un récit familial mystérieux et magnifique. Il manque cependant un petit quelque chose sur le final légèrement décevant pour moi.

« Guerlain revient en compagnie de son jeune fils vivre dans le manoir où lui-même a vécu avec ses trois soeurs étant enfant. Etrangement, il n'a aucun souvenir de ce temps passé. Alors que Guerlain est sujet aux insomnies et que ses nuits sont compliquées, de curieux événements se produisent entre les murs de cette impressionnante bâtisse. Sont-ils bienveillants ou annonciateurs d'un danger imminent ? »

(Illustration de couverture & extrait: © Gaëlle Geniller)

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