Ma petite louve

Publiée le 20 mars aux éditions Delcourt, Ma petite louve est une bande dessinée one-shot écrite et illustrée par Camille Garoche. Récit d’une famille en deuil et d’un sauvetage de louveteaux, c’est un titre qui a immédiatement retenu mon attention par le visuel envoûtant de sa couverture. Et voici ce que j’en ai pensé… 

Adolescence, deuil, liens

Curieuse de voir l’intérieur, j’ai emprunté sauvagement cette BD à ma collègue qui l’a reçu en service presse pour commencer à la feuilleter. Mais une fois la lecture commencée, je n’ai tout simplement pas pu m’empêcher de la dévorer, prolongeant un peu cet « emprunt » inattendu tant je voulais connaître la suite et la fin de cette histoire (rassurez-vous, la collègue a récupéré son dû le jour même ▰˘◡˘▰). Camille Garoche propose ici une bande dessinée multiple. Récit de deuil tout d’abord, avec une mort inattendue de la maman qui entraîne sur sa famille des répercussions diverses, du mutisme du petit frère à l’absence totale du père en passant par la colère et la douleur à fleur de peau de la grande. Récit de bouleversements aussi, avec cette entrée dans l’adolescence marquée de chamboulements, de changements de lieu, de connaissances. Perte de repères qui se ressent aussi dans sa propre identité, dans ses émotions. Et en trame, récit d’une mission sauvetage secrète pour penser à autre chose, pour panser les plaies, pour se construire à la fois en héritage et en opposition. C’est aussi le récit de liens, ceux indéfectibles de la fratrie, ceux fragilisés de la famille en crise, ceux, nouveaux et intenses, des amitiés enfantines et adolescentes où tout est à la fois apprivoisements et pacte. J’ai trouvé cette histoire imparfaite mais touchante parce que teintée d’une justesse sincère dans les émotions retranscrites.

Douceur 

Graphiquement, le trait de Camille Garoche est rond et doux. J’admirais déjà beaucoup son dessin dans les albums jeunesse dessinée par elle que j’ai pu parcourir, mais je trouve que cette BD nous permet d’explorer une face plus riche de son esthétique. Quelques scènes se déroulent de nuit, comme sur la couverture, où le dessin se fait plus ombre et contraste, contours flous et ambiance savamment retranscrite par un jeu de colorisation/lumière très beau. On retrouve aussi son talent pour mettre la nature en avant dans toutes les scènes où la nature constitue le paysage principal. Il y a une touche de douceur dans ses illustrations et dans ses choix de colorisation, comme une chape de tendresse qu’on retrouve versée aussi dans l’histoire et dans les actes de la jeune Anouk. Cela donne un ensemble très touchant où les traits de pinceaux et les écrins de couleur se marient à merveille avec la tentative difficile de soigner ses plaies de nos deux jeunes personnages. 

En bref, j’ai été emportée par ma découverte de Ma petite louve qui constitue une belle BD, touchante et juste. Entre le deuil, les bouleversements de l’adolescence et le lien à la nature, son histoire se fait multiple et symbolique. Un doux moment sur la difficulté de dire au revoir, de grandir et de guérir. 

« Anouk et Sasha, deux enfants de la ville, s'installent avec leur père dans un petit village suite au décès de leur mère. Leur oncle Thierry, un chasseur redoutable, les accueille. Une tension s'installe dans l'air en raison des attaques de loups. Alors qu'ils explorent les environs pour échapper à un orage violent, les enfants font une rencontre inattendue avec des louveteaux.»

(Illustration de couverture & extrait: © Camille Garoche)

[Diversité: ps noir.e]

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