Les songes du roi griffu. Tome 1, Le fils de l’hiver

Publié en janvier dans la collection Terres de légendes des éditions Delcourt, Le fils de l’hiver est le premier tome d’une série BD de fantasy intitulée Les songes du roi griffu. Avec son équipe 100% féminine, c’est une bande dessinée qui m’a attiré immédiatement (oui, on veut plus de femmes autrices et illustratrices en BD SFFF adulte!). C’est écrit par Cyrielle Blaire, illustré par Maïlis Colombié, mis en couleurs avec l’aide de Drac (Pascale Wallet) assistée par Sarah Murat. Et voici ce que j’en ai pensé…

« Le malheur de la jeune Elaine n’était pas d’être la cadette de ses frères mais d’être née fille. »

Avant d’entrer dans la critique, je veux faire un petit rappel: ce n’est pas parce qu’une BD (et ça vaut aussi pour toute autre création) est réalisée par des femmes que c’est à destination d’un public jeunesse. Et ce même si le personnage principal est jeune/ado. Et même si le style de dessin ne correspond pas aux vieux classiques masculins. J’ai en effet vu passé un avis « pro » qui trouvait la bande dessinée un peu violente et complexe pour des enfants… C’est logique, c’est parce qu’elle est destinée à un public plutôt adulte et elle est très réussie. Cyrielle Blaire nous ouvre à un univers de fantasy qui n’a rien à envier aux univers les plus marquants du genre, proposant un monde à l’histoire passionnante et un système de métamorphose/magie vraiment envoûtant. Même si cette histoire d’heroïc fantasy commence de manière assez classique, elle propose des idées originales et des messages intéressants. Et les aventures du jeune Owein sont loin d’être de tout repos. On nous propose, ni plus ni moins, d’assister à la naissance d’une légende. Ce premier tome, bien que déjà riche, reste évidemment introductif et la fin, sous haute tension, frustre mais donne vraiment très envie de découvrir la suite. 

Si j’ai un reproche à faire à ce premier tome, c’est une narration parfois un peu confuse. Certains évènements manquent à mon sens d’explication ou de réponse (je pense à un certain combat grandiose dont la fin est un peu brusquée par une ellipse). Je me doute que les réponses à nos questions seront dans la suite mais c’est toujours un peu frustrant de rester avec des interrogations pendant une lecture. Les ellipses au coeur des actions, notamment sur le déplacement des personnages, perturbent un peu également la fluidité de la lecture. Cela dit, c’est ce qui a permis une telle richesse dans cet album et je comprends le besoin d’accélérer parfois les choses. Côté dessin, le trait de Maïlis Colombié est détaillé mais parvient à conserver un peu d’onirisme, notamment dans la mise en couleurs effectuée avec Drac et Sarah Murat. Les tons sont doux et les traits, loin de la netteté dérangeante des classiques de SFFF en bande dessinée, nous laissent une part d’imagination et invitent à l’évasion. J’ai beaucoup aimé l’aspect visuel de ce tome 1 et j’ai apprécié la découverte de cet univers et de ses personnages. Je suis plutôt conquise.

En bref, malgré quelques imperfections, ce premier tome est une grande réussite et propose une aventure passionnante dans un univers de fantasy assez classique mais néanmoins porteur de belles idées et de quelques messages plus modernes. Cette entrée en matière est riche mais nous laisse sur une fin pleine de promesse aussi frustrante qu’alléchante.

« Un jour de solstice d'hiver, le jeune Owein et sa soeur Pellah surprennent dans les bois un ours solitaire. Sous leurs yeux émerveillés, la bête se métamorphose en homme et les deux enfants s'élancent sur sa piste. Cette traque les mène jusqu'au coeur de la montagne où ils assistent à un rituel interdit. Alors qu'ils fuient la scène, Pellah disparait dans la nuit...»

(Illustration de couverture & extrait : © Maïlis Colombié - couleurs © Maïlis Colombié, Drac, Sarah Murat)

Content warning (contenus pouvant heurter la sensibilité sur la base d'une liste établie par Planète Diversité): Cruauté animale, Sang, Racisme, Meurtre, Mort

[Lecture n°21/108 (pour l'échelon 5 Synchronisation avec la page) pour le Challenge de L'Imaginaire édition 10 de Ma lecturothèque]