Les Mentors. Tome 1 : Ana

Publié le 24 avril dernier dans la collection Grand Angle des éditions Bamboo, le premier tome du diptyque Les Mentors s’intitule Ana. Cette BD est scénarisée par Zidrou et illustrée par Porcel. Intriguant thriller fantastique, il m’a tout de suite attiré et voici ce que j’en ai pensé…

[NB : Un grand merci à Bamboo éditions pour ce service presse ainsi qu’à Thibaut Fontenoy pour m’avoir accordé sa confiance et sa patience incroyable !]

Une histoire très particulière

Dans ce premier tome (sur un total de 2) plusieurs histoires se mêlent les unes aux autres. Celle d’Ana, mise en avant par le résumé, est finalement un peu secondaire une bonne partie de l’histoire bien que la scène d’ouverture effrayante la concerne. Et quelle scène ! Bien glauque, bien plus glauque que je ne l’aurai imaginé… cette scène m’a filé des sueurs froides. Mais passé cette entrée en matière intense, nous suivons alors principalement une toute autre jeune femme, vingt ans plus tard. Une jeune femme qui semble fuir un destin très complexe. Son histoire, très mystérieuse, prend alors le pas sur l’histoire initiale et j’avoue avoir été un peu frustrée, d’autant que la série ne comptera que deux volumes et que je n’attendais pas ce détour. Malgré tout, son histoire personnelle (assez sombre) est elle aussi intéressante et les deux, évidemment, vont se mêler. J’ai juste eu un peu de mal à m’accrocher à elle et à développer de l’empathie pour son existence faute de background suffisant la concernant. L’aspect fantastique de la BD, juste survolé ici, prendra une part plus importante dans le deuxième volume à mon avis, ce qui m’intéresse beaucoup. Et ça promet d’être assez déstabilisant. Si Zidrou me surprend toujours par ses histoires très différentes les unes des autres, il m’a ici plus étonné que d’habitude pour l’aspect très noir de cette BD où il ne va pas avec le dos de la cuillère et prend une direction très particulière et ésotérique.

Et les illustrations ?

J’ai beaucoup aimé les dessins de Francisco José Porcel Rodriguez pour les détails contenus et les émotions qui s’en dégagent. Très expressifs, les traits des personnages donnent une dimension très humaine et donc empathique au récit, en particulier celui d’Ana . Les mises en pages manquent peut-être un peu de dynamisme à mon goût, tout comme la colorisation, hormis sur l’introduction où le rouge nous saute aux yeux et nous plonge dans l’horreur de la scène. Je comprends que ce parti pris très tranché ne pouvait pas s’adapter sur les autres scènes plus « calmes » de la bande-dessinée mais je ressors de cette lecture sans une impression très marquée du style graphique hormis par les traits des protagonistes. D’un autre côté, cela renforce la place de l’humain dans cette histoire. Avec un travail sur la psychologie des personnages plus poussé, on aurait pu atteindre alors une immersion forte en émotion.

En bref, ce premier tome des Mentors est assez perturbant, intriguant, et étonnant. J’aurai aimé plus de rythme peut-être, un style graphique plus marqué et une empathie plus poussée, mais j’ai passé un bon moment malaisant de lecture et j’ai bien envie de découvrir le dénouement malgré ces quelques défauts.

« Rien n'est plus fort que l'amour d'une mère ! Ils lui ont volé son bébé. Un commando armé. Des professionnels. Son bébé !... Elle venait à peine de le mettre au monde. Cela fait bientôt vingt ans qu'Ana cherche à comprendre. Qui ?... Pourquoi ?...Vingt ans qu'elle cherche un indice, aussi infime soit-il. Vingt ans !... »

(Illustrations de couverture & extraits : © Porcel)