Les cités divines. Tome 1, La cité des marches

Sorti ce mois-ci aux éditions Albin Michel Imaginaire, La cité des marches est le premier tome de la trilogie Les cités divines de Robert Jackson Bennett qui fut publié en VO en 2014. Finaliste du World fantasy, Locus et British fantasy Award, c’est une jolie brique qui mêle fantasy et steampunk que j’étais curieuse de lire. Et voici ce que j’en ai pensé…

« Mes pères et mes mères sont morts en servitude. Je mourrai en servitude. Mes enfants mourront en servitude. Si nous ne sommes que la propriété des enfants des dieux, pourquoi les dieux nous ont-ils accordé le chagrin? 

Les dieux sont cruels non pas parce qu’ils nous font travailler, mais parce qu’ils nous ont laissé l’espoir. »

La richesse d’un monde

S’il y a bien quelque chose qui caractérise les romans de Robert Jackson Bennett, c’est la qualité de ses univers. À l’instar de la trilogie des Maîtres enlumineurs, La cité des marches nous présente un monde magnifiquement construit, bercé de légendes, doté d’une histoire riche tant passée que présente, d’une structure sociale et politique complexe qui le rend à la fois crédible, immersif et surtout fascinant. Le roman prend donc un peu son temps, installant son monde de manière progressive sans jamais alourdir le récit pour autant. Chaque découverte nous emporte un peu plus dans la richesse de ce monde où tout est sujet à réflexion et à ébahissement. La magie même qui réside dans le roman est d’une originalité folle, mêlant des idées à la fois métaphysiques et steampunk où l’histoire passée, les croyances et l’évolution jouent toutes un rôle dans le fonctionnement de l’inexplicable. Je suis totalement admirative de ce savant mélange des genres dans les œuvres de Robert Jackson Bennett qui permet à la fantasy d’aller au-delà de ses carcans habituels. Dans ce roman, il questionne également la réalité même comme il a pu le faire ailleurs, testant les limites entre l’imaginaire et le vrai, interrogeant jusqu’à la notion de vérité sous plusieurs angles pour en finir par interroger les récits que l’on fait de l’Histoire. C’est un ouvrage vertigineux, tant dans sa construction que dans son rendu. Quel plaisir de s’y plonger sans retenue!

« Les Divinités ont créé des tas d’enfers, dit-il, mais ils ne sont rien à côté de ceux que les hommes créent pour eux-mêmes. »

Des personnages bien écrits, des actions dingues et des sujets puissants

La cité des marches propose également, comme le nom de la trilogie l’indique, un gros travail sur la question religieuse en imaginant des Divinités qui furent présentes sur le monde, agirent dessus et restent dans l’imaginaire des peuples qui les ont perdu. C’est à partir de ce principe que Robert Jackson Bennett tisse tant la magie de son monde que les réflexions puissantes de son roman. Il propose ainsi une intrigue qui questionne avec force les questions d’annihilation d’une culture, la négation de l’Histoire et l’avilissement des peuples pour des questions de croyance. Des questions qui ont évidemment une résonance toute particulière avec l’actualité… L’auteur questionne aussi, évidemment, la nature humaine, sa propre propension à faire souffrir , sa quête incessante de pouvoir et de domination et les dérives qui en découlent. Même si l’intrigue prend son temps et que l’enquête initiale semble vite prétexte au développement de l’univers où elle s’inscrit, j’ai accroché immédiatement à ce monde si bien écrit. Les personnages y furent aussi pour beaucoup. Évitant le terrible écueil de la binarité sur des questions aussi tendancieuses, Robert Jackson Bennett écrit des personnages complexes et troublés qui son autant pétris de bonnes intentions que d’erreurs. Rapidement également, l’histoire prend une tournure plus active avec des scènes d’action absolument spectaculaires qu’on imagine parfaitement sur grand écran, tant elles relèvent du grand spectacle. Intense, plein de rebondissement, le roman m’a fait vibrer et j’ai refermé la dernière page avec une seule envie: lire la suite, retrouver ce monde et retrouver ses personnalités que j’ai tant aimé découvrir et voir évoluer. 

En bref, alors que je fuyais depuis quelques temps les gros livres, la fantasy et les intrigues plus posées, La cité des marches, qui réunit littéralement ces 3 aspects, m’a emporté sans faillir en quelques jours à peine, jusqu’au coup de cœur surprise. Son univers est d’une richesse folle, l’écriture rend sa découverte fascinante, ses personnages sont remarquables, son intrigue absolument captivante et les sujets de réflexion associés d’une actualité terrifiante. Un sans-faute pour un premier tome de trilogie impossible à lâcher. 

« Autrefois puissante cité divine capable de conquérir et d’asservir les peuples établis à sa proximité, Bulikov est tombée. Ses dieux protecteurs ont été exterminés par un chef de guerre venu de Saypur. Et une mystérieuse catastrophe a eu lieu dans la foulée : le Cillement. Soixante-dix ans plus tard, Bulikov n’est plus que l’ombre d’elle-même. Restent toutefois visibles, çà et là, certains vestiges des miracles qui l’ont façonnée, notamment d’immenses escaliers brisés qui ne relient plus la terre aux cieux. Quand un célèbre historien est assassiné, le ministère des Affaires étrangères envoie en territoire occupé une de ses meilleures espionnes: Shara Thivani. Se présentant comme une humble diplomate, la jeune femme découvre l’étrange cité des marches et commence son enquête. Mais sa tâche s’avère très vite compliquée et dangereuse, car elle touche un domaine des plus sensibles : le passé divin du Continent. Un passé proscrit, que nul n’a le droit d’évoquer.»

(Illustration de couverture: © Didier Graffet)

[Diversité: pp noir.e, ps gay, ps noir.e]

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- Livre reçu en service presse. Publication non rémunérée. Merci aux éditeurs. - 

Tome 3 - City of miracles (à paraître en VF)

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