Les chevaliers du Tintamarre

Publié pour l’opération Les pépites de l’imaginaire en février par les éditions Mnémos, Les chevaliers du Tintamarre est le premier roman de Raphaël Bardas. Ce titre de fantasy promettant des anti-héros digne des Donjons de Naheulbeuk m’attirait depuis sa sortie. C’est avec une bonne bière en main que je l’ai découvert, et voici ce que j’en ai pensé…

« Cette vieille pute de Morguepierre, on l’a aimée et on a piétinée ses pavés, mais j’irais pas jusqu’à dire qu’elle nous a donné autre chose que des gueules de bois et des coups sur la caboche. Pour nous, tout ce qui comptait, c’était de s’arracher du jour qui traînait pour aller se cabosser la trogne contre le jour suivant.»

L’irrévérence aussi rafraîchissante qu’une bonne pinte

On a souvent des premiers romans timides, où l’auteur/l’autrice manque encore de maturité ou d’assurance pour affirmer son style. Et puis il y a Raphaël Bardas qui débarque avec ses grosses bottes pleine de boue, qui fout ses pieds sur votre table et vous rote à la tronche. Le ton affirmé est moqueur, plein de gouailles et d’irrévérences. Et je dois avouer avoir trouver ça sacrément rafraîchissant en fantasy, genre qui s’est vu souvent engoncé dans un ton emprunté et pompeux. L’auteur affirme son style sans le forcer, sans se trahir surtout, et propose un roman piquant, drôle aux héros sacrément atypiques. Grossiers, parfois parfaitement cons mais néanmoins attachants, les chevaliers du Tintamarre sont bien éloignés des stéréotypes d’héros flamboyants du genre mais ne manquent ni de talent, ni de valeurs, derrière leur attitude mal dégrossie. On lit le roman avec le sourire taquin aux lèvres sans que l’ensemble ne soit qu’une vaste blague. On a même un peu d’émotion dans ce roman! Et la quête de ces trois bonhommes en quête de reconnaissance chevaleresque ne m’a pas laissé indifférente.

« En bas, la fête n’est pas terminée et personne n’entend les cris qui retentissent au-dehors. Je franchis la porte en criant que j’arrivé, et là…

-Là? sursautèrent les deux autres, pendus à ses lèvres.

-Là, je constate que je suis cul nu, les pieds dans mes bottes et ma chemise au garrot, mais tout le reste au vent. Et il fait froid, alors j’hésite à me montrer dans cet état peu avantageux.»

Mais avec la bière, j’aime bien aussi graillé un p’tit que’que chose avec

Bon ok, c’est rafraîchissant, les héros sont plutôt sympathiques et le style est sacrément plaisant mais l'histoire dans tout ça? On a affaire ici à une enquête, plutôt trépidante aux rebondissements nombreux et révélations assez surprenantes dans l’ensemble. On regrette rapidement un manque d’approfondissement cependant, que ce soit dans le développement de l’histoire qui manque parfois de nuances, mais surtout dans l’univers. Peu nous est révélé sur le monde où s’installe la cité de l’intrigue, et on regrette un peu de ne pas en découvrir plus, que ce soit en terme d’étendue géographique mais aussi au niveau de l’histoire de la ville, des moeurs et des légendes. Il y avait matière mais elle n’est pas exploitée. De même concernant les relations entre les personnages, on a parfois du mal à voir comment les liens se font, pourquoi certain.e.s changent d’avis comme de chemise, bref, ça manque d’un petit plus. La prochaine fois, pensez aux p’tit morceau de fromages avec la bière m’sieur Bardas ;).

En bref, Les chevaliers du Tintamarre est un premier roman plutôt sympathique, plein de gouailles et aux anti-héros sacrément attachants! J’ai regretté un manque d’approfondissement, en particulier dans l’univers qui avait pourtant matière à devenir passionnant. Mais c’était rafraîchissant et ça filait le sourire, alors c’est déjà pas mal!

« Avant d’être héros, chevalier ou prince, il faut savoir lever le coude !

Silas, Morue et Rossignol rêvent d’aventures et de grands faits d’armes tout en vidant chope de bière sur chope de bière à la taverne du Grand Tintamarre, qu’ils peuvent à peine se payer.

Lorsque la fantasque et très inégalitaire cité de Morguepierre, entassée sur les pentes d’un volcan, devient le théâtre d’enlèvements de jeunes orphelines et voit des marie-morganes s’échouer sur ses plages, les trois compères se retrouvent adoubés par un vieux baron défroqué et chargés de mener l’enquête. Les voilà lancés sur les traces d’un étrange spadassinge, d’un nain bossu et d’un terrible gargueulard, bien décidés à leur mettre des bâtons dans les roues… et des pains dans la tronche.»

(Illustration de couverture: © Qistina Khalidad)