Les cendres du Serpent-monde

Premier roman de l’autrice Marine Sivan, Les cendres du Serpent-monde est un one-shot d’aventures au coeur d’une jungle tropicale publié par les éditions Scrineo cette année. Curieuse de découvrir une nouvelle autrice, j’ai décidé de lire cet ouvrage sans savoir si l’imaginaire allait surgir au coeur des pages. Et voici ce que j’en ai pensé…

« La jungle plongeait ses doigts luxuriants dans les entrailles du sol, qui dégorgeaient en racines sournoises, prêtes à me happer les pieds. Mon souffle se perdait dans la respiration de la forêt, emporté par le bruissement des feuilles que les singes agitaient et les cris indistincts des animaux. Le silence n’existait pas ici. Grouillements, craquements, bruits spongieux et hurlements de bêtes tonnaient comme un gigantesque orchestre.»

Un roman d’aventures et d’exploration

Les cendres du Serpent-monde est un roman qui, s’il peut s’apparenter au genre de le fantasy, constitue surtout un roman d’aventures et d’exploration sans que l’imaginaire n’intervienne vraiment. On est ici dans un contexte de colons/indigènes au coeur d’un territoire tropical aussi luxuriant que menaçant que l’on peu transposer aisément dans l’Histoire de l’Amérique latine. Aussi, si vous cherchez ici des éléments de SFFF, vous risquez la déception. Ce que ce roman vous offre, par contre, c’est un récit d’aventures qui ne ménage pas les protagonistes. Marine Sivan n’hésite pas à les malmener férocement et à créer ainsi le terreau d’une certaine tension et d’émotions. Malheureusement, je n’ai pas vraiment réussi à developper d’attachement pour les personnages et l’aspect émotion est donc un peu tombé à l’eau de mon côté. Pourtant, Erik, le (anti) héros de cette histoire ne manque pas d’intérêt et crée la surprise en évoluant au et à mesure de l’histoire. Mais ce roman n’a pas su toucher mon coeur pour autant…

« Les Natii pensent que leurs cendres gagnent les cieux et, plus haut encore, la lune où ils se réincarnent sous la protection du Serpent-Monde. Chaque nuit, le grand serpent quitte sa tanière pour percer le voile nocturne et permettre au dieu Sol de remporter son combat contre les ténèbres. Ainsi, les morts continuent leur ascension, guidés par la lueur des étoiles, de la lune et du jour. C’est un cycle éternel.»

Un univers intéressant et une belle leçon de respect

Ce qui fait pour moi l’attrait du roman, c’est sans doute son univers. La jungle est un territoire devenu assez inexploré dans les romans de ces dernières années et Marine Sivan nous la donne à parcourir assez largement. De la beauté de cette nature encore sauvage aux dangers qu’elle recèle, l’île de Cahor est un contexte qui donne son rythme et sa vie au roman. J’aurai souhaité m’y immerger encore plus, ressentir cette moiteur, entendre plus fortement les bruits de la jungle, mais c’était déjà assez réussi pour un premier roman. L’intrigue nous propose également de jolies leçons, sur l’irrespect des colons, le racisme primaire et le sentiment de supériorité qui a empoisonné toute possibilité d’égalité dans toutes les situations de ce type. Intelligent, le roman propose plusieurs axes de réflexions et promulgue le respect mutuel et la bienveillance. En plus de quelques leçons écologiques! Ce n’est donc pas un mauvais roman, loin de là. Mais je me suis malheureusement ennuyé dans ma lecture à cause d’une intrigue qui tournait un peu en rond, en plus d’un léger manque d’immersion et d’un gros manque d’attachement envers les personnages.

En bref, Les cendres du Serpent-monde est un roman qu’il convient de considérer plutôt comme un roman d’aventures sans imaginaire. Intéressant pour son univers ou pour ses messages de respect de l’autre, il manque pour moi d’un soupçon d’immersion et d’attachement aux personnages pour créer l’émotion. L’intrigue ne ménage en tout cas pas les protagonistes et propose de belles surprises même si certaines longueurs apparaissent.

« Arrivé sur l’île tropicale de Cahor dans l’espoir de faire fortune, Erik survit tant bien que mal de petites combines. Lorsqu’un historien lui demande de le guider dans la jungle à la rencontre des Natii, le peuple autochtone refoulé loin des côtes depuis que les colons ont envahi l’île, il saute sur l’occasion d’un bon salaire. Mais au milieu des lianes, des souvenirs qu’il pensait enfouis au plus profond de lui-même resurgissent…

Alors que le fragile équilibre entre les peuples menace de se briser, Erik découvre que le but de l’expédition n’est pas celui qu’il croyait. Il va devoir faire un choix entre ce que lui dicte le peu d’intégrité qu’il lui reste et l’appât du gain…»

(Illustration de couverture: © Tiphs)

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