Le Voyage de Mamily

Proposé en Masse Critique en 2016 par Babelio, j’avais craqué sur le résumé de l’album Le Voyage de Mamily. Malheureusement je n’avais pas été retenu mais ma très chère blogueuse de Promenons-nous dans les livres était parmi ces chanceux et sa critique m’avait convaincu que l’album était nécessaire. Il est signé Agnès de Lestrade pour le texte et Charlotte Cottereau pour l’illustration et il a été publié en 2013 chez Balivernes éditions.

Une histoire tendre

Je lis/feuillette une dizaine d’albums par mois dans le cadre de mon métier de bibliothécaire. Certains me font rire, d’autres me touchent, certains ne me passionnent pas du tout… et puis de temps à autres, il y en a un qui me marque et dont j’ai tout simplement terriblement envie de parler. Le Voyage de Mamily est de ceux-là. Ce petit album de 37 pages évoque avec pudeur et poésie le sujet difficile de la maladie d’Alzheimer. Mamily a du brouillard dans la tête et ne sait plus où est le bouton pour le pantalon de Papily, mais cela l’entraine dans une promenade pleine de découvertes à la recherche du faux bouton. Outre le sujet de la maladie, abordé avec une pudeur et une douceur magistrales, c’est aussi l’histoire d’une petite aventure, pleine de rêveries qui renforce la tendresse qui transpire dans cette histoire. Le message passe, avec justesse, sans devenir larmoyant ou trop dur pour les tout-petits, et touchant aux larmes les plus grands qui y décèlent toute la poésie et le drame sous-jacent. Mamily m’a touché en plein coeur, m’a évoqué ma Mamily à moi et j’ai ressenti l’émotion que j’avais eu pour Mamie Mémoire, le roman d’Hervé Jaouen abordant le même sujet en littérature de jeunesse. Le sujet abordé est, de plus, très rare, dans les albums pour tout-petits, et je pense qu’il peut aider les parents à évoquer le sujet, avec douceur et poésie. En ce sens, il me semble nécessaire. 

Une illustration réconfortante

L’émotion et la tendresse provoquées par le récit sont, bien entendu, renforcées par l’illustration envoûtante de Charlotte Cottereau. Visuellement, l’album est magnifique. Les couleurs pastels sont d’une douceur réconfortante, les visages de Mamily et Papily sont d’une bienveillance touchante, les expressions de Mamily sont apaisantes. On ressent, au niveau visuel, un cocon agréable qui nous berce dans la beauté du récit et nous fait oublier que le sujet est un peu triste. Mamily, lorsqu’elle part de chez elle, n’exprime que la joie, celle de la découverte, celle de la rêverie. C’est profondément positif comme illustration et cela honore véritablement toutes les adorables Mamily du monde. Le dessin est très riche en détail, évocateur et travaillé. L’illustratrice y superpose les techniques qui s’assemblent avec finesse pour créer des illustrations magnifiques. On y retrouve beaucoup de formes et de couleurs textiles qui rappellent la quête de Mamily pour les plus petits et donnent à cette nature une double lecture: soit Mamily est vraiment en promenade, soit elle est restée au milieu de son attirail de couture. Car, pour moi, après tout, Mamily n’a peut-être pas bougé de chez elle pour vivre son aventure, peut-être que toutes ces belles couleurs sont dans sa tête… Et cette lecture me donne encore plus les larmes aux yeux.

En bref, si vous en avez l’occasion, arrêtez-vous sur Le Voyage de Mamily. C’est un album d’une grande qualité, qui plaira sincèrement aux enfants mais aussi aux adultes pour sa beauté, sa tendresse infinie et sa douceur réconfortante. 

« Mamily a du brouillard dans la tête. A-t-elle oublié de recoudre le bouton du pantalon de Papily ?

Dehors, le soleil brille dans le ciel. Ça y est, Mamily a retrouvé le bouton ! Il est si beau, si lumineux. Elle doit le suivre pour l’attraper, mais il est bien trop haut. Dans sa promenade, elle trouvera de merveilleux objets, de splendides boutons !

Quel est ce brouillard qui trouble Mamily ? Quelle qu’en soit la raison, quel que soit son âge, elle profite de sa promenade, source de joies et de découvertes, et surtout, le pantalon de Papily deviendra bien plus joli avec tous ces boutons !»

(Illustration de couverture : ©Charlotte Cottereau)