Le Vieux qui ne voulait pas fêter son anniversaire

Signé de l’auteur suédois Jonas Jonasson, paru en 2009, et traduit en français aux éditions Presses de la Cité en 2011, Le Vieux qui ne voulait pas fêter son anniversaire est le tout premier roman de cet auteur. Il existe également au format poche chez Pocket (2012) et a bénéficié d’une adaptation cinématographique en 2013 dont vous pouvez trouver la bande-annonce en fin de chronique. 

[NB: je n’ai pas vu l’adaptation cinématographique (et je ne l’envisage pas), mais j’aimerai savoir si certains l’ont vu, ce que vous en avez pensé et si vous aviez lu le livre avant ou par après. On se retrouve en commentaires ;) !]

Fantasque, jubilatoire et grinçant 

J’ai décidé de me plonger dans ce roman pour deux raisons. D’une part, parce que j’avais envie de souffler dans cette vague de thrillers/polars que j’ai lu dernièrement. Et, d’autre part, parce que j’avais vu une dame rire à gorge déployée dans le métro en train de lire ce livre il y a quelques années, ce qui, selon moi, était un bon indicateur sur l’aspect feel good de ce roman! Sur ce point, même si je n’ai pas autant ri que cette femme, je ne m’étais pas trompé. Le Vieux qui ne voulait pas fêter son anniversaire est un condensé d’humour noir, de rebondissements fantasques et loufoques à souhaits et de moments particulièrement drôles rendant l’ensemble assez jubilatoire. Un seul avertissement: oubliez la logique, laissez-vous porté par les pérégrinations de ce centenaire incroyable et le sourire viendra automatiquement sur vos lèvres. Par contre, j’aurai adoré avoir plus de piques sur la maison de retraite et sur la vieillesse et je regrette un peu la fin de la cavale un peu moins fun que je ne l’aurai imaginée. 

« Il se dit qu’il avait eu bien tort de penser à mourir quand il était encore à la maison de retraite. Parce que même perclus de rhumatismes, c’était beaucoup plus rigolo d’être en cavale, loin de soeur Alice, que couché immobile six pieds sous terre.»

Un personnage détonnant et explosif

Allan Karlsson, le héros de ce roman, ne vous laissera pas indifférent. Non content de s’enfuir de sa maison de retraite, il a eu une vie plutôt extraordinaire que l’auteur nous fait parcourir à coup de chapitres flash-backs depuis son enfance jusqu’au jour de sa fuite, en alternance avec la cavale du présent. On y croisera les personnages et moments les plus marquants du XXème siècle, le tout avec une plume grinçante et un humour noir exaltant! Dans des situations toutes plus extraordinaires les unes que les autres, Allan se laisse porter avec génie et franchise car guidé par une philosophie de vie assez fataliste mais sans pression: « les choses sont ce qu’elles sont et elles seront ce qu’elles seront ». Sans aucun frein et avec en avenir tous les possibles, ce personnage a une vie extraordinaire et c’est un réel plaisir de suivre ses aventures! J’ai d’ailleurs eu plus de plaisir sur les flash-backs que sur l’histoire de sa fuite, qui, hormis les passages hilarants où les enquêteurs sont complètement perdus, n’est pas aussi travaillée que le reste. 

« Allan trouvait incompréhensible que les gens aient eu envie de s’entretuer au XVIIe siècle. S’ils avaient patienté un peu, ils seraient morts de toute manière.»

Un peu plus qu’un livre loufoque

Par cette plongée dans l’Histoire mondiale du XXème siècle via la vie d’Allan, l’auteur nous livre  par touches grinçantes, quelques critiques sur nos sociétés et surtout sur la politique. En ce sens, il m’a évoqué les livres de Roman Puértolas qui mêle loufoque et critique sous forme d’humour lui aussi (notamment dans Re-vive l’Empereur). Ce n’est donc pas un livre dénué de réflexion, même si le but est d’avant tout de vous faire passer un moment de franche rigolade. J’y ai aussi décelé un réel amour pour le grand-père de l’auteur à qui il rend hommage dans une dédicace très touchante. A la manière du père dans Big Fish, son grand-père semble avoir raconté son existence avec beaucoup de fantaisie et la vie d’Allan Karlsson m’apparaît ainsi également. J’y ai donc décelé une certaine tendresse qui n’a pas été pour me déplaire, bien au contraire. Enfin, côté plume, Le Vieux qui ne voulait pas fêter son anniversaire est vraiment agréable. On y ressent une grande maîtrise pour un premier roman et derrière la façade fantaisiste, les double-sens sont nombreux et la lecture n’en est que plus savoureuse. 

En bref, pour vous détendre, Le Vieux qui ne voulait pas fêter son anniversaire est parfait si vous n’avez rien contre le loufoque ni contre les piques grinçantes de l’humour noir. Il n’est pas révolutionnaire (quoique subversif à de nombreux instants) mais vous fera certainement passer un très bon moment!

« Franchement, qui a envie de fêter son centième anniversaire dans une maison de retraite en compagnie de vieux séniles, de l’adjoint au maire et de la presse locale ?

Allan Karlsson, chaussé de ses plus belles charentaises, a donc décidé de prendre la tangente. Et, une chose en entraînant une autre, notre fringant centenaire se retrouve à trimballer une valise contenant 50 millions de couronnes dérobée – presque par inadvertance – à un membre de gang. S’engage une cavale arthritique qui le conduira à un vieux kleptomane, un vendeur de saucisses surdiplômé et une éléphante prénommée Sonja… »

(Couverture: © T. Archibald / Getty images)

Bande-annonce du film de Felix Herngren (2013):