Le Tyran des songes

Paru chez EDB éditions en format e-book et papier le 1er décembre 2016, Le Tyran des songes est le tout dernier livre d’Oren Miller qui m’avait bluffé en 2016 avec J’agonise fort bien, merci. Parce que c’est signé Oren Miller, parce que le résumé évoque la Mort, le Marchand de sable et promet des aventures incroyables, je ne pouvais pas passer à côté et je remercie sincèrement la maison d’édition pour sa confiance avec ce service presse.

« Quelqu’un aurait dû lui dire qu’il faut toujours se méfier des souhaits qu’on formule, la nuit tombée. Car parfois, ils se réalisent. »

Un OLNI « Objet Livresque Non Identifié » 

Si je vous dis L’Odysée d’Homère, l’univers fanstico-poétique de Neil Gaiman, les aventures trépidantes d’un Harrison Ford dans l’espace ou avec un lasso (au choix) et une touche de cynisme qu’on retrouvait dans The Rook files,… vous vous dites que je mélange trop d’univers? Et bien non! C’est possible quand c’est Oren Miller aux commandes! Woaw, ce livre est juste complètement dingue! C’est du fantastique, avec des milliers d’année de background, c’est l’histoire complète de l’humanité, c’est aussi de l’aventure à foison, des trahisons et tractations politiques dont le risque n’est rien de moins que l’Apocalypse (je vous jure!), c’est aussi un soupçon de romance, une histoire de lycéens, un livre tout public, des actions à n’en plus finir… Bref, c’est indescriptible! La seule chose certaine c’est que c’est intense et particulièrement bien écrit. J’admire sincèrement la qualité du style d’Oren Miller que je suis à deux doigts de vénérer (d’ailleurs, je la vénère déjà pour l’illustration de couverture qu’elle a réalisé et qui est juste sublime). Mon seul regret est que ce livre, si intense, aurait pu faire l’objet d’une duologie/triologie tellement il y a d’évènements. Cela aurait rendu le récit un peu moins « concentré » et aurait permis, j’en suis certaine, à l’auteur de plus développer son écriture et surtout le cynisme que j’aime tant chez elle et que je n’ai pas retrouvé assez ici hormis via le personnage de La Mort (pour lequel j’ai évidemment eu un gros coup de coeur).

« La culture n’était pas toujours à la portée de tous. Contrairement à la Mort. »

Une (trop grande?) richesse

Le Tyran des songes, c’est un peu la rencontre de notre monde moderne avec la mythologie grecque (et, par extension, tous nos mythes et légendes qui en découlent). Oren Miller nous immerge dans un pan caché de notre monde où les Autres, créatures mythiques et non humaines, vivent cachées. Elle puise pour cela profondément dans la mythologie grecque puisque nous croiseront des noms tels que Circé, Astrée, Calliope, Cerbère, Thanatos, Orion, etc. J’étais assez heureuse d’avoir encore de bonnes notions dans le domaine pour saisir toute la richesse de l’univers proposé ici, mais surtout, pour ne pas me perdre dans ce dédale de noms si particuliers. Car les personnages sont nombreux, tout autant que les intrigues, et il ne serait pas surprenant que certains lecteurs, moins épris de mythologie grecque, se sentent un peu perdus sur les 100 premières pages. La richesse de cette histoire est aussi un peu son défaut, et, là encore, je regrette que le livre n’est pas fait l’objet de plusieurs tomes qui aurait permis de mieux intégrer l’ensemble. Et je pense aussi que ça aurait bénéficier à la psychologie des personnages qui, parfois, reste assez floue, notamment chez Emma. En effet, certains changements de comportement sont assez « inexpliqués », mais le côté concentré de tant d’évènements empêchent aussi que l’on s’attarde un peu trop sur une saute d’humeur. Le récit est si riche (en infos, en idées, en actions, …) que rien n’est vraiment résolu à 15 pages de la fin, c’est dire! D’ailleurs, il me reste encore quelques questionnements en suspens alors que la lecture est terminée. Je n’espère donc qu’une seule chose: que le bouche à oreille propulse ce livre hors des limbes et permette à l’auteur d’écrire une suite! 

« Le regard de l’étudiant engloba la jeune fille. Son expression se fit velours. Il se fit caresse. Au milieu du mouvement général de la fête, deux coeurs se crochetèrent l’un à l’autre. »

En bref, Le Tyran des songes d’Oren Miller est un livre hyper original, intense, riche, étonnant, … Il aurait pu atteindre le coup de coeur si l’ensemble avait été un peu moins « concentré » ou si le cynisme de La Mort était un peu plus présent. Mais franchement, ce n’est pas passé loin! 

« Quand on est protégé par Jack Maubrey et son acolyte Le Chasseur, normalement, on devrait éviter les situations désastreuses. Mais ça, c’est quand on a de la chance. Et Emma a quelques lacunes dans ce domaine.

Entre un Triton croisé à la bibliothèque et le Marchand de sable qui semble s’intéresser particulièrement à elle, sa vie prend une tournure digne des romans qu’elle achète toutes les semaines à la librairie.

Ressentir les rêves et cauchemars des autres ne signifie pas aimer y vivre. Et pourtant, Emma se retrouve embarquée dans un monde où dieux et déesses, sorciers, magiciennes et autres créatures se disputent une partie d’échec grandeur nature. Lorsqu’en plus la Mort, très mauvaise perdante, s’incruste dans le jeu : on frise dangereusement l’Apocalypse.

Un conseil : gagnez… Ou faites comme Emma : courez. Vite. »

(Illustration de couverture: © Oren Miller)