Le Cycle de Syffe. Tome 1, L'enfant de poussière

Reçu dans le cadre d’une Masse critique privilégiée de Babelio, L’enfant de poussière de Patrick K. Dewdney est le premier tome d’une série de fantasy historique intitulée Le Cycle de Syffe. C’est sorti tout récemment aux éditions Au diable vauvert, et voici ce que j’en ai pensé…

[NB : un grand merci à Babelio pour cette opération masse critique et à la maison d’édition.]

"Les mains sur les hanches, mes yeux balayèrent l'horizon qui semblait s'étaler de la pointe de mes bottes jusqu'au bout du monde."

Un premier tome très dense

Attention, si les briques vous font peur, vous risquez de craindre la lecture de L’enfant de poussière (mais vous aurez eu tort de vous arrêter à ce détail). Avec ses 619 pages aux marges plutôt réduites et à la police assez petite, il en impose un peu au départ et j’avoue que, combiné à mon manque de temps actuel, il m’a fait un peu peur de prime abord. Mais très vite, à la lecture, j’ai oublié la densité « physique » du texte pour plonger dans la densité et la richesse de l’univers proposé. Car ce livre est aussi dense qu’il est passionnant. L’enfant de poussière est un tome 1 qui ne se contente vraiment pas d'être introductif ! On y découvre beaucoup de personnages, on y visite beaucoup de lieux, et on se plonge dans une multitude d’intrigues et d’évènements. L’univers inventé est très immersif et très complet. C’est tout un système politique, culturel et religieux qui se dessine devant nos yeux grâce à la perception enfantine de Syffe, notre héros que nous suivons durant 5 années de vie, et qui découvre petit à petit les rouages de son monde en grandissant. On se laisse véritablement emporté par le style fluide qui, sans s’annoncer, nous attrape et ne nous relâche plus jusqu’au final. Je regrette malgré tout que face à tant d'évènements, le lecteur n'ait pas forcément le temps de se laisser gagner par l'émotion, mais après tout, Syffe, notre narrateur, n’a pas non plus le temps de faire ses deuils. Ce qui m’a surtout plu, c’est que cet univers d'une richesse incroyable est aussi parfaitement crédible. Il y a, en effet, un réalisme frappant que ce soit dans la psychologie des personnages, tous nuancés et plein de doutes, que dans les évènements. Il est loin le héros surpuissant ou trop chanceux des histoires d’héroïc-fantasy classiques ! Ici tout le monde peut mourir, tout plan peut échouer, toute scène épique peut avorter. Et ça rend l'ensemble, certes, moins sensationnel mais d'autant plus réaliste et palpitant.

"Nous faisions partie des enfants sauvages de Corne-Brune et, d'une certaine façon, je crois que nous étions heureux. Heureux des courses dans les ruelles de la ville basse, heureux de jouer à qui pisse le plus loin dans l'eau écumante de la scierie, heureux de nous prélasser dans les herbes hautes de la colline du verger."

Des personnages attachants et une histoire captivante

Si j’ai beaucoup aimé le personnage de Syffe, héros plein de doutes et plein de défauts qui se construit dans la souffrance, les autres personnages qui gravitent autour de lui ne sont pas en reste. J’ai particulièrement aimé les figures « paternels » qui jalonnent son destin et qui ont tous des failles masqués derrière une apparence forte voire invincible aux yeux du jeune garçon. Et comme tous les personnages viennent de culture diverses, le récit est jalonné de philosophies de vie et de questionnements sur le savoir, les croyances, la liberté, la société… Ce roman est vraiment plein de richesses et d’enseignement ! On se passionne donc à la fois pour ces découvertes et ces rencontres, pour ces leçons de vie, mais aussi pour le destin de Syffe qui, jeune garçon miséreux mais insouciant et heureux, subit de plein fouet des obstacles qu’il est trop jeune pour encaisser et qui le feront grandir de façon brutale. Le final est par contre très frustrant, tant on a envie de continuer à suivre Syffe et de connaître le fin de mot des diverses intrigues. Un regret également, certains destins et certaines questions sont laissées sans réponse et j’espère sincèrement que les suites y apporteront une conclusion. Enfin, un dernier conseil pour ceux qui seraient tentés par la lecture, évitez le résumé qui, à mon sens, en révèle trop.

" "On dit que c'est une route que l'on trace. Alors que c'est une rivière que l'on suit." Ses longs doigts fripés cessèrent leur ouvrage. Elle tourna ses rides vers moi, et m'offrit un sourire édenté. "Ne rends pas ta rivière trop rouge, petit soldat", grinça-t-elle, "tu tuerais tous les beaux poissons." "

En bref, L’enfant de poussière a été un récit envoûtant et immersif qui a tous les critères d’une très bonne série de fantasy médiévale. L’univers est riche, les personnages crédibles et l’histoire passionnante. Avec un peu plus de place pour l’émotion, le coup de cœur aurait été assuré.

"La mort du roi et l’éclatement politique qui s’ensuit plongent les primeautés de Brune dans le chaos. Orphelin des rues qui ignore tout de ses origines, Syffe grandit à Corne-Brune, une ville isolée sur la frontière sauvage. Là, il survit librement de rapines et de corvées, jusqu’au jour où il est contraint d’entrer au service du seigneur local. Tour à tour serviteur, espion, apprenti d’un maître-chirurgien, son existence bascule lorsqu’il se voit accusé d’un meurtre. En fuite, il épouse le destin rude d’un enfant-soldat."

(Illustration de couverture: © Fanny Etienne-Arthur)

#ISBN9791030701210 #ISBN:9791030701210 #PLIB2019