Le cimetière des mots doux

Ce n’est pas parce que j’ai atteint l’âge de 30 ans que les albums jeunesse ont arrêter de m’émerveiller et parfois de me bouleverser. L’album du mois en est un bel exemple. Le cimetière des mots doux est le deuxième livre jeunesse écrit par la romancière Agnès Ledig. Il est illustré par Frédéric Pillot et publié chez Albin Michel jeunesse. Voici ce que j’en ai pensé…

« Je m’appelle Annabelle.

Mais Simon, mon amoureux, m’avait donné un petit nom, 

comme un mot doux, comme un bisou, juste pour moi, juste pour nous. »

Sortez les mouchoirs

Je préfère vous prévenir tout de suite, Le cimetière des mots doux évoque un sujet bien difficile: la mort. Mais pas la mort du grand-parent ou du parent mais celle d’un enfant du même âge que la jeune protagoniste. Pire encore, la mort de son amoureux, de ce premier amour si pur et si fort que  seuls les âmes d’enfants peuvent vivre. Et ceux qui ont déjà lu les romans d’Agnès Ledig savent qu’elle sait parler de choses bouleversantes en nous transmettant une émotion forte. Cet album nous touche en plein coeur et permet aux jeunes lecteurs de faire face à la peine du deuil. Se plaçant du point de vue de la toute jeune Annabelle que personne ne comprend complètement ni ne prend assez au sérieux, l’album permet aux jeunes lecteurs de comprendre ses propres émotions et de les accepter mais aussi de savoir surmonter le deuil. L’adulte qui lira l’album comprendra aussi qu’il faut prendre au sérieux la peine de l’enfant et ne pas le laisser sans explication face à la mort parce que l’enfant absorbe tout et ressent avec force. Un album juste qui permet donc de ressentir les émotions et de parler d’un sujet bien difficile à aborder avec les plus jeunes. Mais soyez prêts à accepter les larmes, car elles sont inévitables. Pour ceux qui auraient lu Dans le murmure des feuilles qui dansent, roman d’Agnès Ledig, vous aurez compris que la trame est la même mais cette fois à hauteur d’enfant. 

« Il me manquait, et personne ne savait à quel point. »

Un album d’une grande beauté

L’émotion est forte car l’album est beau, et ce à tout point de vue. Les mots d’Agnès Ledig sont simples mais bien choisis, poétiques et plein de justesse. On comprend l’amour d’Annabelle, son manque, sa peine et on ressent tout avec force à travers le texte mais aussi à travers les images. Les peintures acryliques de Frédéric Pillot sont pleine de douceur et de tendresse. Elles sont, honnêtement, sublimes, tant dans le choix des couleurs que dans la rondeur des traits. De plus, de nombreux détails rendent la jeune Annabelle très réelle, permettant une identification certaine et une empathie immédiate. Par un savant travail de point de vue, les illustrations nous placent à la hauteur de cette jeune fille en souffrance qui semble mise à l’écart par les adultes dans ce moment si dramatique ce qui renforcent la prise en compte de ses émotions. Mais ce qui finalise le coup de coeur pour cet album, c’est l’amour. L’amour d’Annabelle qui survit malgré l’absence, malgré la mort. L’amour qui s’exprime dans les mots doux qui permettent de dire au-revoir et d’exprimer sa peine. Un amour pur qui touche.

En bref, Le cimetière des mots doux est un album bouleversant et magnifique sur l’absence, le deuil et l’amour.

« Agnès Ledig, avec la sensibilité et l’empathie qui la caractérisent, raconte par la voix d’une petite fille, Annabelle, le parcours de Simon, son amoureux atteint de leucémie, et les émotions qu’elle ressent. Avec des mots simples et justes, Agnès Ledig aborde un sujet très difficile, la mort d’un enfant malade et l’indicible chagrin de son amie. »

(Illustration de couverture: © Frédéric Pillot)