Le cerf-volant de Toshiro

C’est assez rare, mais, parfois, des albums provoquent des émotions si fortes en moi que vous en parler est une évidence, mais trouver les mots est difficile. Pour la rubrique de l’album du mois de novembre, je vais essayez de vous expliquer du mieux que je peux pourquoi il faut lire Le cerf-volant de Toshiro, album écrit par Ghislaine Roman, illustré par Stéphane Nicolet et publié chez Nathan…

L’art d’émouvoir

L’histoire de cet album m’a touché en plein cœur. Toshiro, jeune garçon qui ne parle jamais, accompagne son grand-père qui lui a fabriqué un cerf-volant. Mais ce dernier, accablé par l’âge, n’est pas capable de lever la tête pour voir sa création voler. Alors Toshiro l’installe devant une flaque d’eau qui devient leur miroir vers les nuages. Ces journées partagées renforcent le lien entre le grand-père et son petit-fils. Toshiro s’efforce de maintenir leur miroir, même quand la terre s’assèche pour que le grand-père ne soit plus triste. Et ce dernier, en échange, parle de ses souvenirs, de sa vie passée. Cette histoire d’échange intergénérationnelle finit de la plus touchante des façons, par une barrière franchit, de la manière la plus simple qui soit. J’ai été émue aux larmes par la pureté de cette histoire, par la beauté de la narration de Ghislaine Roman qui a su dire beaucoup, y compris dans les silences de Toshiro. Cette histoire est belle, incroyablement belle. Et c’est tout en retenue que l’on comprend la force de cette relation, la confiance et le partage qui se tissent au fil des saisons, autour d’un objet aussi simple mais aussi magique qu’un cerf-volant.

L’art d’envoûter

Côté esthétique, nous sommes ici dans un style inspiré des illustrations japonaises. Le trait est épuré, les dessins reprennent les principes des estampes tout en conservant un côté très lumineux. C’est un album illustré extrêmement élégant qui souligne un vrai travail esthétique et la volonté d’offrir aux petits lecteurs (et aux grands), un livre d’exception. La nature est mise sur un piédestal, ses mouvements et ses saisons sont le théâtre grandiose de l’évolution d’une relation touchante. On se laisse complètement emporter à la lecture par la poésie graphique et la beauté du texte, et on en ressort à la fois ému et grandi. Enfin, sachez pour informations que si les éditions conseillent ce titre dès 3 ans, je miserai pour ma part pour des enfants à partir de 5/6 ans, pour qu’ils profitent pleinement de cette histoire qui mérite vraiment d’être comprise et appréhendée à sa juste mesure.

En bref, Le cerf-volant de Toshiro est un bijou ! Un album extrêmement élégant qui nous raconte une histoire d’une tendresse et d’une poésie infinie sur l’amour intergénérationnel. A lire, qu’on soit enfant ou adulte, parce que le droit de s’émerveiller n’a pas de limite d’âge.

« Par une belle journée de printemps, Toshiro et son grand-père fabriquent un cerf-volant. Ils le lancent dans le ciel, mais le vieil homme ne peut pas le voir car son corps fatigué l’empêche de lever la tête. Toshiro a l’idée de l’installer sur un banc devant une flaque d’eau qui forme un miroir. »

(Illustration de couverture : @ Stéphane Nicolet)