La princesse d’Hazelwood. Une légende irlandaise

Publiée le 8 janvier aux éditions Aventuriers d’ailleurs, La princesse d’Hazelwood est une bande dessinée jeunesse inspirée des légendes irlandaises. Écrite et illustrée par l’autrice et dessinatrice italienne Arianna Calabretta, c’est un récit complet en un volume et voici ce que j’en ai pensé…

Arianna Calabretta nous propose ici un conte original pour lequel elle a puisé dans des légendes irlandaises pour bâtir sa mythologie. Dans cette histoire, nous suivons une famille venant de vivre un drame: le décès de la mère de famille. En conséquence, le deuil, le déni aussi et surtout la culpabilité, portée par l’une des fillettes qui doit vivre avec le poids de ne pas avoir su la sauver. En plus de leur reconstruction face à cette épreuve, il y a également les histoires racontées par leur père au coucher. Des histoires qui semblent propices à apparaître dans une forêt telle que celle d’Hazelwood où ils vivent. Des histoires qui font aussi écho à leurs propres émotions, à leurs ressentis et qui éloignent, au moins temporairement, la réalité. C’est dans ce basculement entre imaginaire et réel que nous partons à l’aventure dans un récit émancipateur plutôt dense pour un public jeunesse. Un récit de légendes et de magie mais également une aventure qui participe à l’acceptation de soi-même (quitte à se rebeller), mais aussi à l’acceptation de ses émotions (y compris ses peurs le plus intimes) et du deuil à vivre. C’est aussi une histoire autour de la question de la différence et du rejet, en écho tant dans la légende que dans l’histoire de cette famille. Et ce n’est qu’en acceptant pleinement l’autre qu’on peut espérer le voir s’épanouir et renouer un lien fort qui peut nous aider à guérir. Riche, parfois peut-être un peu trop dans la difficulté qu’on décèle d’explorer pleinement certains arcs narratifs, la BD nous emporte sans peine au fil de ses pages entre émotion, envoûtement et aventure.

Graphiquement, la dessinatrice nous propose une oeuvre très colorée et très marquée par une identité graphique. Le style est foisonnant, riche lui aussi, et vif. On a affaire à un conte très vivant aux niveaux des illustrations des personnages et les paysages, très beaux, participent vraiment à l’envoûtement et à l’onirisme global du récit. Attention si vous la feuilletez, les premières pages de la BD, extraites de l’histoire racontée par le papa, sont dans un style tout aussi colorée mais très différent du reste. Plus pop, plus rond aussi, ce sont quelques pages que j’ai trouvé elles aussi superbes dans leur esthétique design. Mais c’est l’émotion et l’énergie qui transpirent du trait plus fin et crayonné de l’histoire d’Erinn et Val qui m’aura finalement le plus convaincue. Les pleines pages sont particulièrement belles et la BD nous en en met plein la vue. 

En bref, La princesse d’Hazelwood est une bande dessinée colorée et envoûtante qui propose un conte original qui aborde avec brio la question du rejet, du deuil et de l’acceptation de soi. Entre récit d’aventure fantastique et récit de famille teinté d’émotions, Arianna Calabretta nous propose une œuvre dense (peut-être un peu trop) mais aussi très belle, tant dans le propos que dans son rendu graphique.

« Erinn et Val vivent au rythme des histoires que leur père leur raconte le soir. Ces moments en famille leur permettent de surmonter la mort de leur mère. Mais quand, après avoir rapporté à la maison une renarde blessée, le père se met en colère, Erinn s’enfuit dans la forêt. Seule et perdue, elle rencontre une sorcière qui lui dévoile l’existence d’une grotte capable d’exaucer les souhaits. Bientôt rejointes par Val et la renarde, Erinn et la sorcière partent à la recherche de cette grotte mystérieuse. Dans les coins reculés de la forêt d’Hazelwood, un sombre Prince déchu rôde et il est prêt à tout pour trouver, lui aussi, la grotte aux souhaits.»

(Illustration de couverture & extrait: © Arianna Calabretta)

Content warning (contenus pouvant heurter la sensibilité sur la base d'une liste établie par Planète Diversité): Deuil, Mort

[Lecture n°3 (6/60 points avec les bonus pour l'échelon 4 Fusion dans l’utopique) pour le Challenge de L'Imaginaire édition 13 de Ma lecturothèque]