La petite rouge courroux

Publié en février 2021 aux éditions Sarbacane, La petite rouge courroux est un album conseillé dès 5 ans écrit par Raphaële Frier et illustré par Victoria Dorche. Réécriture féministe du conte du Petit chaperon rouge, c’est un titre qui méritait une petite mise en avant ici pour son engagement et c’est donc pour cela qu’il s’agit de la critique album du mois. Voici ce que j’en ai pensé…

Une réécriture pleine de caractère

Voici un album avec une personnalité forte ! La petite rouge courroux nous propose de revisiter le conte classique du Petit chaperon rouge avec un angle d’attaque foncièrement féministe et un ton qui claque. En reprenant les formules éculées du conte qu’elle coupe d’un « bla bla bla » acéré, l’autrice nous rappelle les codes de l’histoire classique pour mieux les transformer. Ici, l’héroïne un peu naïve et victime que l’on connaît se fait remplacer par une jeune fille qui à de la colère à revendre. Chargée de toutes les corvées et privée d’aventures à cause de son sexe, elle a soif de liberté, d’indépendances et a une force de caractère épatante qui détonne avec tous les personnages de contes. Portée par un trait de crayon nerveux et des couleurs bigarrées qui tranchent avec les tons douceâtres habituels, l’histoire a ainsi un caractère affirmé qui transparaît autant dans le ton de la narration, vif et cinglant, que dans le dessin.

Révolte et consentement

Féministe et révolté, l’album est puissant. Peut-être manque-t-il un peu de subtilité mais j’ai apprécié le vent de révolte qui nous emporte à la lecture et qui semble tout ravager sur son passage. Sous la colère, l’album nous parle aussi de consentement, sujet central du conte originel. Ici La Petite rouge courroux s’affirme pleinement et exprime un NON retentissant au loup. Une belle leçon tant sur l’importance de ce non que sur le respect du corps et de la liberté de toutes et tous. On peut reprocher une conclusion aussi tranchante et stéréotypée que l’histoire originale en ce qui concerne le loup mais cela correspond au personnage bouillonnant de rage de la petite. Un regard de défi conclue un album décidément ravageur, nous laissant longtemps en tête la force de cette héroïne que tout le monde dévalorisait à tort et qui, certainement, sera l’exemple que tout est possible pour une floppée de jeunes lectrices.

En bref, La petite rouge courroux est un album de caractère, foncièrement féministe et engagé, parlant de consentement et de sexisme et semant un vent de révolte exaltant. Avec des dessins nerveux et bigarrés et une réécriture du conte haché de colère, c’est un album puissant et fort qui apporte un vent de fraîcheur à une histoire classique datée.

« Savez-vous pourquoi le Petit Chaperon rouge est rouge ? Parce qu’elle est rouge de colère !

Elle est rouge, la petite : rouge courroux. Parce qu’elle a toutes les corvées de la maison sur le dos, que son père ne veut pas qu’elle sorte, que son frère la nargue et, pire, parce que sa mère ne dit rien contre tout ça. Ce matin, on lui demande de faire une galette au beurre pour sa grand-mère qui l’aime tant : « Et le frère alors ? Pourquoi il ne fait pas la galette, lui ? » Il la lui portera. « Et pourquoi pas moi ? » C’est trop dangereux, tu pourrais rencontrer le loup ! La petite n’en a cure : elle est rouge écarlate, cette fois. Le loup n’a qu’à bien se tenir, face à la colère géante de la rouge rebelle ! »

(Illustration de couverture et extrait : © Victoria Dorche)

Mort, Cruauté animale