La chute, cette belle envolée

Amélie Dieudonné, jeune autrice belge, publiait en mars dernier son premier roman chez les éditions de L’Harmattan dans la collection Rue des écoles/Littérature. Intitulé La chute, cette belle envolée, ce récit s’inspire d’un moment de sa propre histoire et voici ce que j’en ai pensé…

[NB: Merci à l’autrice de m’avoir contacté pour me présenter son livre et à la maison d’édition pour cet envoi.]

« Ils ont dix-neuf ans, ils grandissent et se construisent ensemble s’appuyant l’un sur l’autre. Greg est abîmé et Elia est son pilier. Elia est sensible et Greg son échappatoire. Ils ont vingt-six ans et se sont rendus indispensables à l’autre. »

Un récit romancé mais très intime

Amélie Dieudonné nous met en garde en préface, ce récit reste romancé bien qu’il s’inspire grandement de sa propre histoire et qu’il fut écrit durant cette période particulière. Il n’empêche que nous ressentons fortement que ce récit découle d’une vie bien réelle et d’une histoire très intime et cela peut avoir un petit côté voyeur qui, personnellement, me gêne. En contrepartie, ce récit psychologique très intime permet d’éclairer les lecteurs sur des notions telles que le « burn out » ou la « dépression » en leur donnant un exemple concret et en partageant des émotions très réelles qui peuvent trouver écho en eux. Cet écho peut avoir des conséquences très positives, pour attirer l’attention sur un membre de notre entourage en souffrance ou pour accepter la sienne tout simplement. Attention cependant, même si le roman contient aussi des messages positifs et de l’espoir, il n’est sans doute pas conseillé de le lire si vous allez mal vous aussi car la souffrance d’Elia pourrait vous miner un peu plus le moral.

« Elia est à bout de force, mais se bat encore. Pour qu’on l’entende, la comprenne, la reconnaisse. Pour qu’on la croie alors qu’elle n’a pas de preuve. Elle seule voit et sent le poison.»

Un exutoire 

J’ai surtout vu ce roman comme un exutoire pour l’autrice, un moyen de dire les choses, de les coucher sur le papier, pour pouvoir ensuite repartir plus légère. L’acte n’est pas pour me déplaire, même si l’aspect fort intime ne permet pas toujours de s’y immerger de notre côté. D’un point de vue externe, il nous manque, en effet, des développements pour pouvoir saisir tout ce qui lui arrive et tout ce qui la traverse. Ceci entraîne alors parfois également un sentiment de longueur par des répétitions, normales dans les émotions de la vie réelle mais peut-être difficiles à lire en roman. Heureusement, le petit format (126 pages) et les chapitres fort courts atténuent ce sentiment. J’ai aussi eu un peu de mal avec le style narratif. Si l’écriture est très agréable à parcourir, l’autrice a tendance à passer de la narration à la première personne (plus agréable et plus logique ici) à celle à la troisième personne d’un passage à l’autre. Ce procédé m’a un peu perturbée dans ma lecture. Malgré tout, je retiendrai surtout les beaux messages de cet exutoire, la volonté de considérer la chute comme un nouveau tremplin, un nouveau départ, et je souhaite à Elia/Amélie, une bien belle envolée. 

En bref, La chute, cette belle envolée est un roman psychologique très intime qui permet d’éclairer sur les souffrances quotidiennes souvent minimisées et qui aura servi d’exutoire à son autrice. Je pense cependant que ce n’était pas un roman pour moi, sortant trop de ma zone de confort et surtout pour l’aspect voyeur que me renvoie ce type d’ouvrage. 

« Elia, vingt-six ans, amoureuse, psychologue, s'épanouit dans une vie agréable. Un jour, brutalement, son quotidien chavire. Le froid s'empare de son corps, son sourire s'éteint.

Dans ce roman, Amélie Dieudonné s'aventure sur les traces d'Elia, une jeune femme qui lutte pour survivre, qui lutte pour se défaire d'un job destructeur, d'une relation fanée, du carcan sociétal dans lequel elle étouffe, qui se bat pour rallumer la flamme au creux de son coeur : être soi, explosive, étincelante. »

(Couverture: © par l’auteur)