L’avenir

Paru au début de l’année 2022 aux éditions Asphalte, L’avenir est un roman de l’autrice québécoise Catherine Leroux qui était paru précédemment aux éditions Alto en 2020. Se déroulant dans une ville, double fictionnel de Détroit et teinté de légères touches d’imaginaire, c’est un roman aux frontières des genres qui avait retenu mon attention. Voici ce que j’en ai pensé…

« Il pleut des pétales dans les rues, de petites ailes imprécises qui tardent à se poser. Le luxe des fleurs de mai. Leur futur de fruits acides. Gloria s’attarde, elle veut que cette averse s’accroche à ses cheveux. Elle veut entrer au magasin et que quelqu’un lui parle de cette neige de printemps, elle veut, de tout coeur, que quelqu’un lui dise quelque chose de beau.»

Une histoire douce-amère

Dans ce roman, Catherine Leroux nous propose le récit d’une ville en faillite, où pauvreté, dangers et insalubrité sont le commun des quelques habitants qui la peuple. C’est dans ce monde désolé que vient Gloria, Gloria dont la fille vient de décéder, Gloria en deuil qui cherche des réponses mais aussi à retrouver ses petites filles disparues. C’est un roman qui commence donc dans la peine, celle d’une mère mais aussi celle d’une ville laissée à l’abandon. L’Avenir est un roman plein de ces drames, plein de souffrances et plein de dureté. Mais c’est aussi et surtout un roman plein de beauté qui nous rappelle que le beau est aussi dans la nature qui reprend ses droits et dans l’entraide que les horizons difficiles font naître. Car il y a aussi beaucoup de positif dans ces micro-sociétés de Fort détroit, celui du partage simple entre voisins, celui de l’écoute et de l’acceptation de l’autre, celui, plus chaotique mais si magique des enfants qui ont fuit le monde des adultes. C’est un roman doux-amer, qui fait un peu mal mais qui diffuse aussi une douce poésie à nos oreilles. Une lecture au temps suspendu.

« Cette lecture, laborieuse et compliquée, a cependant eu l’effet d’une illumination sur Lego; pour la première fois, il a compris ce qui poussait Bègue vers les livres: la sensation de découvrir une réalité jusqu’alors impossible à concevoir mais qui, une fois saisie, s’avère présente depuis longtemps, pesant sur l’esprit comme seules les vérités qu’on ignore peuvent le faire. Les mots font apparaître les choses qui sont déjà là.»

Renaissance

Concernant l’aspect imaginaire, ce roman se situe en effet aux frontières floues de la littérature blanche en proposant un Détroit parallèle à l’histoire différente et quelques touches merveilleuses d’une poésie folle. Il ne déstabilisera donc pas les peureux face à la SFFF mais saura toucher avec subtilité les habitué·es du genre. J’ai d’ailleurs beaucoup apprécié cette incursion subtile. Bien que j’ai longuement traîné sur cette lecture, peut-être parce que son rythme très lent ne coïncidait pas avec ma fatigue actuelle, j’en ai apprécié chaque instant. Même désarçonnée par certains dialogues (le français de Fort détroit peut déstabiliser), j’ai poursuivi cette lecture avec le sentiment constant que le message final vaudrait la peine et que le voyage était quand même fort beau. Et je n’ai pas été déçue. L’Avenir est un roman qui nous enseigne constamment que le bonheur peut surgir de manière inattendue, que les choses peuvent changer et que le futur peut s’annoncer plus radieux qu’on ne le pense. C’est un roman qui parle de renaissance, de nouveau départ, de changement vers, on l’espère, un peu de mieux. Et c’est déjà pas mal! Parce que la vie vainc toujours, même la mort.

En bref, L’Avenir est un très beau roman dont la plume poétique nous emporte dans ce Détroit parallèle plein de drames mais aussi, entre les larmes, de beauté. C’est un récit de renaissance, un récit pour un futur plus doux. Lent, déstabilisant, il peut désarçonner mais son final de toute beauté mérite de poursuivre jusqu’au bout.

« Nous sommes à Fort Détroit, ancienne ville industrielle à présent en faillite. Installée dans la maison à demi abandonnée de sa fille, Gloria cherche à découvrir la vérité à propos du drame qui s’est abattu sur sa famille. Et à retrouver ses deux petites-filles, Cassandra et Mathilda.

Petit à petit, Gloria prend la mesure de la désolation qui l’entoure et de la beauté d’une nature qui reprend ses droits. Elle rencontre les derniers habitants du quartier, regroupés en une communauté généreuse et soudée, qui lui indiquent que des « enfants sauvages » ont monté un campement dans la forêt voisine…»

(Illustration de couverture: © Karina Vegas / Arcangel images) 

[Diversité: ps noir.e, ps malade - vitiligo, ps gros.se, ps albinos, ps bègue, ps lesbienne]

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