J'ai suivi un nuage

Publié tout récemment chez les éditions L’école des loisirs dans leur collection Neuf, J’ai suivi un nuage est un roman de Maëlle Fierpied, illustré par Julie Guillem, qui aborde, pour les 8-11 ans, la maladie mentale d’un parent. Un sujet rare pour la littérature jeunesse qui m’a interpellé et m’a donné envie de le découvrir. Voici donc ce que j’en ai pensé…

Une histoire pleine de poésie

J’ai suivi un nuage c’est l’histoire d’un petit garçon qui vit seul avec sa mère au gré de ses changements d’humeur. Un jour tout va bien, sa mère est solaire, un jour tout va mal, elle est toute grise. Le sujet est difficile, surtout pour un public aussi jeune que les 8-11 ans, mais l’autrice a fait le choix judicieux de l’aborder à leur hauteur laissant l’enfant de l’histoire devenir le narrateur. Et ce petit garçon a un regard profondément bouleversant envers cette maman qu’il aime de tout son cœur, dont il prend soin, mais sur laquelle il a aussi parfois envie de s’énerver quand tout part de travers. On ressent et on comprend sa souffrance et sa volonté de stabilité et de normalité. On saisit sa peur aussi, peur face à l’incertitude du lendemain et face aux questionnements qu’il a sur sa maman. C’est un texte très touchant qui ne manque pas non plus de douceur et de poésie. Notre petit narrateur compare en effet sa maman à un nuage, tantôt blanc, doux et éclatant, tantôt terne et pluvieux. Et cette poésie enveloppe le texte, parfois sombre, d’un petit écrin de tendresse et d’évasion qui fait du bien, tant au narrateur qui en a plus que besoin qu’au lecteur.

" Certains la traitent de folle, mais je n'aime pas qu'on l'appelle comme ça. Je préfère dire qu'elle est comme un nuage. Les jours gris, elle pleut, et les jours de soleil, elle resplendit, blanche et pure comme dans un ciel d'été. "

Juste l’essentiel

Alors, bien sûr, le sujet de la maladie mentale n’est pas abordé dans le détail, restant destiné à des 8-11 ans. Mais les questions de l’enfant trouvent un semblant de réponse qui permettra au petit lecteur de comprendre l’essentiel sans pour autant lui faire ingurgiter quantité d’informations ou de noms trop scientifiques. De plus, Maëlle Fierpied utilise des références actuelles de la pop culture qui seront claires pour les jeunes lecteurs et permettent d’illustrer un sujet souvent tabou à travers des yeux d’enfant, en toute simplicité. Côté illustrations, elles sont très discrètes, parsemant le récit en début de chapitre sur des tons pastel très doux. J’ai été légèrement dérangée par l’absence de visage des personnages qui me laisse un peu mal à l’aise. Mais c’est un choix de l’illustratrice et si le style ne me parle pas, personnellement, il n’en sera bien sûr pas de même pour tous. Elles n’entravent en tout cas pas le propos, tant dans leur douceur que dans leur discrétion, elles apportent au contraire un peu de lumière dans un récit un peu triste mais où l’éclaircie apparaît toujours elle aussi.

" Parfois, je suis tellement en colère contre maman que j'aimerais lui crier dessus des choses horribles. Lui dire qu'elle est folle, que je suis mieux chez papé et mamé parce qu'au moins les choses sont toujours les mêmes chez eux. "

En bref, J’ai suivi un nuage réussit brillamment à évoquer la maladie mentale d’un parent pour un public aussi jeune. C’est doux, c’est touchant, c’est fait avec simplicité et poésie. Chapeau bas.

"A la maison, on ne peut jamais prévoir le Temps. Un jour c'est plein soleil. Maman est radieuse car on va accueillir la star Marie Cotillon pour le goûter. Alors on sort le grand jeu : cupcakes, bouquets de fleurs et haïkus ! Mais le lendemain c'est tout gris. Maman a perdu le goût des choses et porte le poids du monde sur ses épaules. Et moi, dans tout cela ? Je trouverai l'éclaircie."

(Illustration de couverture: © Julie Guillem)