Fleur-de-Cactus et Castor-Têtu

Pour la rubrique de l’album de mois de septembre, j’ai eu envie de vous parler de Fleur-de-Cactus et Castor-Têtu paru en 2017 aux éditions de l’Ecole des loisirs. Ecrit par Jean Leroy et illustré par Audrey Poussier, cet album met en scène le petit indien Castor-Têtu, déjà apparu dans l’album éponyme et dans La monture de Castor-Têtu. Mais ce n’est pas pour ce personnage que j’ai choisi cet album mais parce qu’il évoque le sexisme et le statut de la femme. Voici mon avis…

Être une femme libérée…

Dans cet album prenant place parmi une tribu d’Indiens d’Amérique, nous suivons le jeune Castor-Têtu qui cherche la squaw idéale pour devenir sa compagne. Mais quelles sont les critères d’une squaw idéale ? Les mêmes que celle de la femme au foyer « bonne à marier » : une femme qui sait cuisiner, laver le linge, entretenir le foyer, etc. Mais, dans sa recherche, il rencontre finalement tout l’opposé de ces critères en la personne de la jeune Fleur-de-Cactus qui préfère pêcher plutôt que de faire la lessive, qui sait faire plein de choses, certaines nettement mieux que lui et qui est courageuse, indépendante et vive. Et si, finalement, la squaw idéale pouvait être une jeune femme libre de toute contrainte ? J’aime énormément la thématique qui est abordée qui nous permet, à la fois, de voir à quel point les stéréotypes qu’on nous inculque peuvent influencer notre vision des choses. A travers Fleur-de-Cactus, les auteurs nous proposent une image de la femme libre de faire ce qui lui plaît, de jouer « comme un garçon » et de le battre à la course, d’être courageuse, intrépide et indépendante. Cet album, pour les 3-6 ans, aborde, l’air de rien, un sujet essentiel qui permettra au jeune lecteur de relativiser ce qu’il a pu entendre ou constater en société. Le message est simple : personne n’a à entrer dans une case qui le définit selon son sexe, et celui qui n’entre pas dans les cases vaut aussi le coup d’être rencontré.

Quelques regrets

J’aurai cependant apprécié que le message soit un peu plus poussé, qu’il parle aussi du statut des hommes que les auteurs ne remettent pas en questions ici. Car il n’y a pas que les femmes qui subissent les stéréotypes de genre. Car, par exemple, quand Castor-Têtu évoque au début du livre qu’un brave ne peut pas être sans une squaw, on ne le remet pas en question. Et pourtant, si un « brave » souhaite vivre sans squaw, ou avec un autre brave, peu importe non ? Mais peut-être que le message serait alors un peu trop flou pour les jeunes lecteurs auquel l’album s’adresse. A voir dans une autre histoire du petit indien ?... J’ai également un peu de mal avec les illustrations. De manière générale, et c’est un point de vue très subjectif, je ne suis pas fan du style de dessin d’Audrey Poussier qui manque de détails selon moi. Ici, j’aurai aimé que le décor soit plus défini, qu’on plonge vraiment dans cette culture des Indiens d’Amérique, mais les pages illustrées restent très « vide » côté paysage et je trouve que cela empêche un peu l’immersion. Mais ce n’est pas son genre de faire des dessins foisonnants de toute façon et je sais que c’est un aspect purement subjectif que je soulève ici. L’album reste malgré tout très agréable à parcourir, les personnages ont une bouille adorable et les couleurs, toutes douces, offrent un moment apaisant de lecture.

En bref, Fleur-de-Cactus et Castor-Têtu n’est peut-être pas un coup de cœur pour moi mais il a le mérite d’aborder le sujet de la place de la femme pour les 3-6 ans, et rien que pour ça : chapeau les auteurs !

« Castor-Têtu est à la recherche de la squaw idéale. Se pourrait-il que la bien-nommée Fleur-de-Cactus fasse l'affaire, elle qui ne correspond à aucun des critères indispensables ? »

(Illustration de couverture : © Audrey Poussier)

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