Fenêtre sur crime

Sorti en version originale en 2012 sous le titre Trust your eyes, Fenêtre sur crime pour la traduction française, est paru chez Belfond en avri 2014 puis en poche aux éditions J'ai lu face au succès rencontré. Alors qu'en est-il de ce huitième roman du Canadien Linwood Barclay encensé par Stephen King lui-même?

Finalement plutôt surprenant... J'ai débuté cette lecture avec de nombreuses attentes. En effet, le résumé promet une histoire complexe de crime dont le témoin shizophrène aurait surpris l'acte sur un équialent de Google Maps appelé Whirl360. Alors que le prologue nous entraîne directement dans la découverte, et déjà, dans la capacité de l'auteur à tromper son lecteur en jouant sur les mots, les premières 200 pages suivantes sont quelque peu décevantes. En effet, peu de choses se passent, l'action peine à prendre son élan et, même si les différentes facettes de l'histoire nécessitent d'être posée, elles le sont peut-être trop en longueur. 

On se demande simplement quand est-ce que tout cela va s'accélérer... Mais alors quand l'action entre en jeu, le rythme de lecture s'emballe lui aussi et vous empêche de lâcher le livre qui se révèle plus surprenant qu'il n'en paraît, l'auteur se plaisant à se jouer du lecteur en l'amenant vers des pensées érronées. 

"Son coeur s'est mis à battre plus rapidement. Il avait déjà vu des choses au cours de ses voyages. Des choses qui n'étaient pas correctes. Mais elles étaient anecdotiques comparées à celle-ci. Il n'y avait jamais eu de meurtre."

L'écriture de Linwood Barclay est fluide et sans chichi. Le tout se lit démesurément vite malgré les quelques déceptions initiales. Et même si il y a un côté un peu sordide dans cette affaire, l'humour vient ponctuer le récit par petites touches sympathiques soulageant quelque peu les tensions. C'est un bien comme un mal puisque cela détache aussi le lecteur de l'histoire sous-jacente ce qui la rend moins agoissante (ce que je regrette personnellement beaucoup dans le cas d'un thriller).

" - Oh, a-t-elle dit. J'ai failli oublié. Je suis censée vous donner quelque chose pour traiter votre autoritarisme. 

Elle a fouillé dans son bureau et en a sorti un flacon de médicaments opaques, rempli de très grosses pilules aux couleurs éclatantes. 

- Qu'est-ce que c'est? ai-je demandé alors qu'elle me mettait le flacon dans la main. 

- Des M&M's."

Pour ce qui est des personnages, Ray Kilbride m'a paru assez peu attachant voir même molasson et antipathique, un peu dommageable pour un des personnages principaux. J'ai par contre beaucoup apprécié Thomas le frère schizophrène, touchant et presque réaliste au niveau de sa psychologie, mis à part le côté "Rain Man" qui, certes, envoûte les lecteurs mais reste une denrhée rare. Petite info concernant l'édition de poche que j'ai eu entre les mains: l'impression sur de nombreuses pages était très mauvaise, dédoublant les lettres et rendant le texte flou et donc inconfortable à lire... et ça c'est tout de même bien embêtant. 

En bref, Fenêtre sur crime est un bon thriller qui se lit sans trop se prendre la tête et qui a le mérite d'apporter un brin d'originalité au genre. Il n'est pas pour autant le meilleur thriller de tous les temps et les amateurs d'angoisse peuvent passer leur chemin, ils ne la ressentiront pas ici. 

"Agoraphobe et schizophrène, Thomas Kilbride n'a pas quitté sa chambre depuis quinze ans. Sa seule ouverture sur le monde : son ordinateur, et l'application Whirl360, un site de cartographie en ligne dont il mémorise chaque détail, persuadé que ses connaissances pourront servir à la CIA.
Et puis, un jour, alors qu'il arpente virtuellement les rues de Manhattan, Thomas voit, il en est sûr, le visage d'une femme à la fenêtre, asphyxiée dans un sac plastique.
Peut-on encore la sauver ? Doit-il prévenir la police ? Qui pour croire les propos d'un témoin aussi peu fiable ?
Une seule personne peut l'aider : son frère, Ray, qui avait choisi de prendre ses distances avec la folie de Thomas. 
Cette fois pourtant... Et si Thomas avait réellement assisté à un meurtre ? Et s'il y avait un tueur en liberté ? Et si tout cela n'était que le début d'une terrifiante course-poursuite ?"