Aristote et Dante découvrent les secrets de l'univers

Sorti en 2012 aux USA et récompensé par de multiples prix (dont le célèbre Stonewall book award de l’association des bibliothécaires américains pour les livres sur le thème LGBT), Aristote et Dante découvrent les secrets de l’univers est un vrai best-seller. Traduit en français en 2015 pour PKJ, il est signé Benjamin Alire Sáenz. 

J’ai eu la chance de remporter un exemplaire au concours de la très chouette blogueuse Sandy du blog « Je ne sais point lire » (merci encore!). Ce qui est merveilleux c’est que c’est elle aussi qui m’avait convaincu de le lire via sa chronique élogieuse que je vous invite à découvrir également.

Beau, émouvant, captivant

J’attendais impatiemment cette lecture, tout autant que je la craignais. Vu toutes les critiques élogieuses au sujet de ce livre, j’avais peur de ne pas entrer (à nouveau!) dans le moule et de ne pas apprécier ma lecture comme il se doit. Mais je suis ravie de constater que, pour une fois, je suis la vague majoritaire. Aristote et Dante découvrent les secrets de l’univers est un vrai bon livre qui sait nous envoûter, nous captiver et nous émouvoir. En plus d’être somptueux visuellement; sincèrement, qui ne craque pas devant cette couverture majestueuse?! (et notez également que la mise en page est soignée elle aussi); il est aussi beau dans son propos et dans son écriture. C’est un petit bijou de littérature jeunesse (14 ans et plus) dont la qualité de la plume n’a rien à envier à certains grands auteurs contemporains d’aujourd’hui. Benjamin Alire Sáenz a le talent de captiver le lecteur par une narration riche sans être pompeuse, poétique sans être gnian-gnian ou contemplative, rythmée sans être bâclée. C’est beau, c’est tout. C’est une ode à la vie, une invitation à la rêverie, une histoire sincère et une incitation à la tolérance assez juste.

« Dante m’a chuchoté à l’oreille:

- Un jour, je découvrirai les secrets de l’univers.

J’ai souri.

- Et que feras-tu avec tous ces secrets, Dante?

- Je changerai le monde.

J’étais sûr qu’il le ferait.»

Un roman d’apprentissage aux personnages attachants

Nous suivons ici Aristote et Dante, deux ados en quête de leur identité, complètement opposés dans leur caractère; l’un étant très dur, taiseux et mélancolique, l’autre plutôt expansif, optimiste et démonstratif. Sans être trop caricaturaux, ils illustrent l’adolescence et la recherche de soi de façon juste et envoûtante. La narration est du point de vue d’Aristote, particulièrement intéressant car complexe dans sa psychologie et faisant écho à nos propres questionnements intérieurs. J’aime sa façon de pensée, ses réflexions parfois très philosophiques et matures, parfois très enfantines et terre à terre. C’est simple, après quelques lignes j’avais déjà envie de ne plus m’arrêter de lire. Le rythme très rapide des chapitres nous entraine ensuite dans une lecture addictive. Puis, l’histoire a ensuite fait le reste pour ce qui est de l’émotion. J’ai été très émue par la recherche de soi, par le fait que les plus grands mystères de l’univers sont souvent nos propres sentiments, notre identité. C’est une jolie leçon que donne l’auteur dans ce livre et je comprends l’engouement dont il a bénéficié. 

« Je me demandais ce que ça faisait de tenir quelqu’un par la main. Je paris qu’on trouve tous les mystères de l’univers dans la main de quelqu’un. »

Oui mais… ça reste un peu trop jeunesse

Cependant, même si j’ai sincèrement adoré cette lecture (et que je me plairai à le relire!) ce ne fut pas complètement un coup de coeur. En effet, il m’a manqué un je-ne-sais-quoi d’approfondissement dans le récit pour être complètement conquise. Certes, l’histoire est riche et belle, mais elle se conclut un peu brièvement à mon goût. J’ai également grandement regretté le manque de relief des personnages secondaires et notamment des parents que j’ai trouvé trop lisses, trop parfaits. C’est un peu trop « beau » pour être vrai comme on dit. C’est malheureusement le défaut de l’étiquette « littérature jeunesse » qui, souvent, reste assez superficielle sur certains aspects et, notamment, sur les personnages secondaires. Malheureusement, cela enlève un peu de l’aspect réaliste que l’histoire de base cherchait à insuffler et ça m’a donné l’impression que cette belle aventure ne pouvait finalement pas exister, du moins, pas telle quelle. Et pourtant, j’aurai tant aimer y croire…

« Je me suis dit que les poèmes étaient comme les gens. On en comprend certains immédiatement, d’autres jamais. »

En bref, Aristote et Dante découvrent les secrets de l’univers est un roman jeunesse qui laisse rêveur, qui touche, qui captive et qui fait passer un merveilleux moment de lecture. Certes, il manque d’un peu d’approfondissement sur les aspects d’arrière-plan mais je ne peux que vous le conseiller malgré tout, ayant véritablement adoré rencontrer ces personnages et regrettant déjà de les avoir quitté. 

« Ari, quinze ans, est un adolescent en colère, silencieux, dont le frère est en prison. Dante, lui, est un garçon expansif, drôle, sûr de lui. Ils n’ont a priori rien en commun. Pourtant ils nouent une profonde amitié, une de ces relations qui changent la vie à jamais… C’est donc l’un avec l’autre, et l’un pour l’autre, que les deux garçons vont partir en quête de leur identité et découvrir les secrets de l’univers. »

(Couverture: © Chloë Foglia)

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