Ainsi fleurit le mal

Terriblement conquise par l’avis de « Des plumes et des livres » sur le thriller de Julia Heaberlin intitulé Ainsi fleurit le mal, je n’avais qu’une envie: me jeter dessus! Edité en 2016 aux éditions Presses de la Cité, il a été publié en version originale l’année précédente chez Ballantine books. 

Haletant, intense, envoûtant

Alerte mini coup de coeur! Voilà longtemps que je n’avais plus lu un thriller psychologique qui m’ait autant plu. Julia Heaberlin nous offre ici un roman avec un récit envoûtant qu’on ne sait pas lâcher. Elle nous invite à découvrir Tessa, ancienne victime survivante d’un tueur en série qui doute que l’homme arrêté, et prêt à être exécuté, est effectivement le bon. Depuis cette base fort alléchante, l’histoire nous happe dès les premiers chapitres et elle ne nous quitte plus lorsque nous sommes obligés, à regrets, de faire une pause dans sa lecture. C’est simple, à chaque fin de chapitre on a envie de continuer à lire avidement comme un assoiffé trouvant enfin de l’eau. Le rythme est intense, renforcé par des chapitres tous très courts, alternant entre passé et présent, nous menant en bateau dans une intrigue rondement menée. J’ai retrouvé le grand plaisir de se faire surprendre dans un thriller alors que cela était devenu plutôt rare pour moi récemment. Je ne m’attendais pas aux retournements de situation du final et je suis conquise de m’être fait bernée. J’ai tremblé, j’ai retenu mon souffle, j’ai espéré, j’ai douté… bref j’ai aimé.

« Tout le monde dans cette pièce m’aime et veut me voir rentrer à la maison. Espérant retrouver cette bonne vieille Tessie. Je souhaite ne jamais me souvenir. »

Des personnages intéressants, un thème essentiel

Concernant les personnages, j’ai beaucoup apprécié le duo mère-fille de Tessa et Charlie qui m’ont paru très réalistes et bien creusées. J’ai ressenti pour Tessa une grande proximité, une réelle sympathie et j’avais envie de connaître son histoire passée comme présente et future. J’admire sa force et son courage de « survivante » qui ne veut qu’oublier et qui tient debout malgré les terribles troubles qu’elle traverse. Elle apporte une quantité astronomique de ressentis et j’apprécie ses doutes et ses imperfections. Et, par ses questionnements, elle appuie l’interrogation sur la peine de mort qui s’insère dans les lignes de ce texte. A une époque où ces questions sont encore d’actualité, notamment les aspects racistes évoqués ici, le thème est tout à fait intéressant et, sans devenir trop présent, s’insère avec délicatesse dans une histoire trépidante. 

« Dis-toi qu’il est faut de chair et de sang. Qu’il n’est pas un être mythique. Ni Barbe-Bleue. Ni un troll caché sous un pont. »

Une écriture imparfaite, mais ce n’est pas important

Je suis passée à côté du coup de coeur ultime à cause d’une écriture assez simple. Attention, je ne dis pas que c’est mal écrit, loin de là, mais j’aurai aimé un travail plus fin sur l’ambiance du livre, sans doute pas aussi angoissant qu’il aurait pu l’être. Il n’y a pas tout à fait de style très marqué au niveau de l’écriture, rendant le livre très sympathique mais pas inoubliable côté littéraire dans le sens où je ne pense pas pouvoir reconnaître l’auteur derrière un autre de ses textes. Cependant, nous passons sincèrement un très très bon moment de lecture si on est amateur du genre et cela ne doit absolument pas vous freiner dans sa découverte, cela serait vraiment trop dommage. 

« Joanna frotte le pendentif entre ses doigts, comme s’il s’agissait de la sainte croix. Je me rends compte soudain que dans son monde, c’est tout comme. Elle porte à son cou une double hélice en or. L’échelle entortillée de la vie. Un brin d’ADN. »

En bref, si vous aimez les thrillers, particulièrement les thrillers psychologiques, foncez lire Ainsi fleurit le mal qui est vraiment très bon. C’est haletant, l’effet page-turner est intense et le récit très intéressant! 

« À seize ans, Tessa est retrouvée agonisante sur un tas d'ossements humains et au côté d'un cadavre, dans une fosse jonchée de milliers de marguerites jaunes aux yeux noirs. Partiellement amnésique, seule survivante des « Marguerite » – surnom que les journalistes ont donné aux victimes du tueur en série –, elle a contribué, en témoignant, à envoyer un homme dans le couloir de la mort. Terrell Darcy Goodwin, afro-américain, le coupable parfait pour la juridiction texane.

Presque vingt ans ont passé. Aujourd'hui, Tessa est une artiste et mère célibataire épanouie. Si elle entend parfois des voix – celles des Marguerite qui n'ont pas eu sa chance –, elle est toutefois parvenue à retrouver une vie à peu près normale. Alors, le jour où elle découvre un parterre de marguerites jaunes aux yeux noirs planté devant sa fenêtre, le doute l'assaille... Son « monstre » serait-il toujours en cavale ? La narguerait-il ? »

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