Interview avec Joris Chamblain

Joris Chamblain est un auteur inévitable dans l’édition jeunesse, notamment de bande-dessinée depuis la série Les Carnets de Cerise qui a été récompensée à Angoulême (illustrée par Aurélie Neyret et publiée chez Soleil, collection Métamorphoses). Il est l’auteur de nombreuses séries BD  comme Sorcières Sorcières chez Kennes ou encore Enola et les animaux extraordinaires chez les éditions de la Gouttière (les deux sont illustrées par Lucile Thibaudier). Il a également écrit des romans et des albums.

Je devais rencontrer Joris Chamblain pour une interview lors de la Foire du Livre de Bruxelles pour parler de la bande-dessinée Le Journal d’un enfant de lune chez Kennes. Malheureusement, des soucis logistiques ont empêché cette rencontre mais Joris Chamblain, dans sa grande gentillesse, a accepté que je lui envoie mes questions par mail et voici ses réponses.

Pouvez-vous nous dire, en quelques mots, qui est Joris Chamblain?

Un scénariste de 35 ans jeune papa, qui adore raconter des histoires aux enfants, aller à Disneyland et collectionner les Lego™. 

Qu’est-ce qui vous a amené au monde la BD?

Mes parents en avaient plein, je suis tombé dedans tout petit. Mon grand-père travaillait dans l'imprimerie qui éditait le journal de Mickey. Ça a été mes premières lectures. Raconter des histoires en images m'a tout de suite intéressé.  

Journal d’un enfant de lune est une belle initiative pour parler de cette maladie aux enfants/adolescents, comment est née cette BD? Êtes-vous l’initiateur de ce projet?

C'est Djilali Defali, un auteur de BD qui, à la base, m'a demandé d'écrire une histoire sur ce sujet. Il voulait la dessiner, mais finalement a décidé de laisser la main à quelqu'un au trait plus sensible, plus en accord avec l'album.  

Comment s’est déroulée la collaboration avec la dessinatrice Anne-Lise Nalin?

 Fort bien! C'est un échange permanent. Elle m'envoie chaque étape de création que nous retravaillons ensemble, bien qu'avec elle, je n'avais que peu de choses à corriger. Elle a un sens du découpage et de la gestuelle assez incroyable. On communique par Facebook, par mail, ou par Skype. C'est une conversation qui dure tout au long du processus de création des planches. 

Les personnages de cette BD, notamment Morgane, sont criants de réalisme. Où avez-vous trouvé votre inspiration pour les créer?

Dans la vie de tous les jours, dans l'observation des ados que j'ai connu quand j'étais directeur de séjour de vacances, dans les souvenirs de ma propre adolescence, de celle de mes grandes sœurs, mes cousins... le vrai humain est partout, il suffit de prendre le temps d'observer!

Maxime écrit un journal intime, Cerise des Carnets de Cerise rédige ses enquêtes dans un journal également. Ecriviez-vous enfant ou ado vous aussi? 

En fait non, je dessinais. Mais c'est un ressort scénaristique très pratique pour s'immerger dans la vie intérieure du personnage. C'est ce qui fait toute sa richesse. Un bon personnage est un personnage qui a une vraie vie intérieure connue par ses auteurs et exploitée dans l'histoire. Et comme en BD il y a peu de pages, il faut trouver des astuces pour y avoir accès rapidement. Le journal intime est l'outil idéal.  

Pensez-vous un jour écrire plus dans un registre adulte ou en avez-vous envie?

On me pose très souvent cette question comme si j'étais embourbé dans la jeunesse. Mais la BD adulte n'est pas du tout un stade à atteindre ou un fantasme pour moi. Je me régale en jeunesse, j'ai encore mille choses à raconter et c'est le lecteur qui choisira s'il le lit ou non, peu importe son âge. Moi, j'écris des histoires. Ce sont les libraires qui ont besoin de savoir dans quel rayon les ranger.  Cerise, c'est de la jeunesse car elle mène des enquêtes. Oui mais c'est aussi de l'adulte, car ça parle de dépression et de deuil. Alors, où range-t-on ces albums? Moi, je raconte, le reste ne me regarde pas. 

Avez-vous des projets à venir sur lesquels vous pouvez nous dire deux mots?

Je peux vous dire que je planche actuellement sur un Mickey pour la collection chez Glénat. Pas encore signé, mais en cours de validation du synopsis. Sinon, les suites de mes séries arrivent : Lili crochette 5, Sorcières sorcières 5, Yakari 40, Nanny Mandy 3, Les souris du Louvre 2, Journal d'un enfant de Lune 2, et j'ai une nouvelle série qui va démarrer chez Glénat : Alyson Ford. 

Si vous pouviez collaborer avec n’importe quel auteur ou même dessinateur, avec qui rêveriez-vous de travailler?

Je ne vais citer aucun nom car je suis un peu superstitieux dans le boulot, j'aurai peur que ça ne se fasse finalement pas! Et puis, j'ai la chance de travailler avec des dessinateurs de grand talent, ce qui m'emplit de joie. Mais je peux dire que, cette année, j'ai écrit 2 planches pour Cavazzano, qui est un dieu vivant pour moi! Ce fut un véritable honneur!

Avez-vous un coup de cœur récent livre, BD ou cinéma à nous partager? 

Je cite toujours cette série chaque fois qu'on me pose cette question : Les enfants de la résistance, la meilleure BD jeunesse actuelle aux éditions du Lombard!

Merci Joris Chamblain d'avoir accepté de répondre à mes questions.

(Illustrations de Journal d'un enfant de lune: © Anne-Lise Nalin - Kennes / illustrations de Carnets de Cerise: © Aurélie Neyret - Soleil)