Le jouet des vents

L’album du mois m’est tombé dessus par hasard le 1er février, un peu comme son personnage qui tombe au hasard sur terre, selon les courants d’air. Il m’a semblé évident de le mettre en avant, quitte à chambouler le planning que j’avais envisagé. Il s’agit de l’album Le Jouet des vents d’Eric Puybaret publié en octobre 2017 chez les éditions De la Martinière jeunesse, et voici ce que j’en ai pensé…

« Le matin dans le foehn, 

À midi dans le sirocco

Et le soir dans le ponant,

Cet enfant ne pèse rien,

Il est le jouet des vents. »

Le Jouet des vents est un album aux allures de fable ou de rêve éveillé, nous mettant en scène un drôle d’enfant qui, tout léger, se fait transporter par les vents, en hiver comme en été, et débarque ainsi sur terre à des endroits très divers, au gré des courants d’air. Ce drôle d’enfant semble apporter la joie et le bonheur, et se retrouve donc poursuivi par tous les êtres dont il a touché le coeur en débarquant à l’improviste et en effaçant leurs malheurs. Il s’agit donc de l’histoire universelle de la poursuite de l’insaisissable, le jouet du vent devenant ce qui l’incarne dans cette fable. Chacun, quel que soit son rêve, qu’il soit indien, africain ou européen, cherche le bonheur, et nous nous trouvons finalement tous égaux dans cette quête du meilleur. C’est un album illustré qui parlera aux adultes comme aux enfants et qui les fera rêver par ses illustrations de grande qualité. Envoûtantes, ces doubles-pages sont d’une beauté éclatante tant le travail de dessin est impressionnant et la colorisation tantôt douce, tantôt pétillante. Et si l’histoire et l’esthétique sont déjà empreints de beaucoup de poésie, le texte tout en vers ne fait que rajouter à cette féérie. Eric Puybaret fait en plus le choix audacieux d’utilisé un vocabulaire riche et gracieux, rappelant que les enfants aussi ont le droit à la plus belle des littératures et qu’il ne faut pas prendre pour des ânes nos progénitures. Et si le message est peut-être complexe à saisir immédiatement, l’histoire reste malgré tout suffisamment belle pour faire rêver l’enfant et ne pourra que provoquer un nouveau plaisir lorsqu’une relecture finira forcément par venir. 

En bref, laissez-vous transporter par Le Jouet des vents, un album illustré qui nous fait redevenir enfant et qui nous emporte dans une poésie infinie pour la quête universelle du bonheur que l’album renferme finalement un peu en lui.

« Le bonheur est aussi insaisissable que le vent.

Une quête magnifiquement interprétée par un grand nom de l'illustration.

« Le matin dans le mistral, à midi dans le simoun et le soir dans l’harmattan,

Cet enfant ne pèse rien, il est le jouet des vents. »

Cet envoûtant album grand format nous rappelle que nous sommes tous, d’où que l’on vienne, d’humbles créatures à la poursuite du bonheur. Un bonheur qu’on pourrait appeler le sens de la vie. Dans un monde où l’on se bat pour ses croyances, ses cultures, Éric Puybaret veut transmettre un message de fraternité. Cette quête commune, universelle finalement, rassemble plus qu’elle ne divise l’humanité.»

(Illustration de couverture : © Eric Puybaret)

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