Je ne suis pas un monstre

Second roman de l’auteur Maryline Gautier (après Kidnapping en 2015), édité par les éditions de la Différence lui aussi, Je ne suis pas un monstre paraîtra le 6 avril prochain. Publié dans la collection littérature, ce court roman de 192 pages mêle suspens et roman contemporain. Je tiens à remercier l’éditeur et notamment Pascal Barale pour leur confiance.

Un roman haletant

Je ne suis pas un monstre fait partie de ces romans qu’une fois ouverts on n’arrive pas à reposer car il vous transporte d’un étonnement à un autre dans un suspens maîtrisé, haletant. Et c’est aussi ce genre de roman pour lesquels écrire une critique est extrêmement complexe car il est quasi impossible de vous parler du récit sans dévoiler quoique ce soit, les rebondissements et surprises commençant dès le tout début du livre. Pourtant, je vous promets, aucun spoiler ne transparaîtra ici pour ne pas vous gâcher le bonheur de la lecture. En si peu de pages, Maryline Gautier construit son texte d’une main de maître, amenant le lecteur dans l’erreur, trompant ses illusions, faussant ses jugements, comme dans un très bon thriller. Le rythme est intense, renforcé par le format court, et nous empêche de lâcher prise car l’auteur se refuse à octroyer la moindre pause à son intrigue. L’auteur nous embrouille avec délice, et, même si certains éléments étaient prévisibles pour moi, j’ai passé un excellent moment de lecture. Ce ne sera pas un coup de coeur, car ce n’est pas un roman qui me marquera longtemps, mais j’en ai apprécié chaque ligne. 

« Je me sentais si peu le fils de ma mère. Elle ne faisait rien pour me rassurer, ne perdant jamais une occasion de souligner les différences entre nous, s’en étonner.»

Un regard cinglant sur la société bourgeoise

Ce que j’ai adoré dans le roman de Maryline Gautier c’est son regard critique, piquant, sur un pan de la société ancré dans l’égoïsme, le paraître et la fausseté. En peu de mots, via une plume acérée, elle dresse le portrait de personnes particulièrement peu agréables que nous avons tous croisé malheureusement. Elle a un point de vue cynique et cinglant sur cette société dont ne peut découler que du mal. Et la question en suspens est de savoir qui est le monstre créé par cette bourgeoisie. J’avais imaginé de très nombreux scénarios, prouvant les multiples possibilités qu’avaient les personnages de partir en vrille. Porté par une indéniable qualité littéraire, ce regard cinglant crée une ambiance toute particulière au roman, sombre et intense, qui rend sa lecture tout simplement addictive puisqu’on sait, qu’inévitablement, un drame arrivera. On ne sait pas qui, quoi, quand ou comment, mais on le sent arriver avec une évidence glaçante qui nous intrigue et nous emporte. Elle aborde de multiples sujets en peu de pages, comme l’homosexualité, la solitude, le pouvoir ou encore la soumission. C’est très très riche et je suis assez frustrée de ne pas pouvoir vous en dire plus, au risque de vous gâcher la découverte…

« C’était écrit au front d’Irène: personne d’origine modeste qui s’en est bien sortie. Elle le répétait: je m’en suis bien sortie. Comme si les gens d’origine modeste n’avaient qu’un seul but dans la vie: sortir d’eux-mêmes, quitter leur peau de prolétaire pour entrer dans notre peau de riches.»

En bref, Je ne suis pas un monstre c’est une critique d’une certaine bourgeoisie, c’est un univers de faux-semblants et une ambiance sombre qui mène au drame inéluctable. C’est aussi un roman plein de suspens et de rebondissements. Bref, c’est une très bonne lecture dont la qualité littéraire n’est pas à mettre en question. Et ça sort le 6 avril prochain!

« Qui est Mathieu Grimaud, le narrateur de cette étrange histoire qui, quinze ans après l’incendie de sa chambre, reste persuadé que sa mère a voulu se débarrasser de lui ? Et qui est Mathilde Grimaud, cette mère distante, ex-ministre et présidente d’entreprise, qui a pour seule amie son assistante ? Que cherche Irène, l’assistante dévouée, auprès d’une femme qu’elle vénère et jalouse tout à la fois ? Les trois personnages cohabitent dans un hôtel particulier, avenue Montaigne à Paris, entourés d’une armée de domestiques. Les vies de Mathieu, Irène et Mathilde sont bousculées par l’arrivée d’un quatrième personnage, Olivier Legendre, dont Mathieu est secrètement amoureux. À partir de là, l’histoire de famille bascule inéluctablement dans la tragédie et la folie, et nous tient en haleine jusqu’à la dernière page. »

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