Il était une fois, au fond des bois…

Faisant parti des « livres à ne pas lire la nuit » de Fais-moi peur, The Pricker boy de Reade Scott Whinnem est paru en VO en 2009 aux Etats-Unis puis en français chez Bayard jeunesse en 2013 dans la collection Millézime. Petit roman d’épouvante pour les plus de 12 ans et traduit sous le titre Il était une fois, au fond des bois… il m’a attiré par sa couverture un peu « creepy ». Mais le contenu suit-il l’esthétique extérieure?

« Une chose est sûre: quiconque a deux sous de bon sens ne s’aventure jamais seul au-delà de la Pierre de la Veuve. »

Un début laborieux

Je ne vais pas vous mentir, sur les cinquante premières pages j’ai cru que j’allais abandonner le livre ou lui laisser une chance mais découvrir mon premier gros flop de l’année. Déjà, je n’ai pas vraiment adhéré au style. Cela oscille entre le très enfantin, avec des répétitions qui alourdissent énormément le texte (du genre « Machin soulève la branche pour truc. Truc soulève la branche pour bidule. Bidule soulève la branche pour chose. Chose me soulève la branche… »), et une construction parfois complexe qui saute dans le temps sans mise en contexte, qui fait des ellipses parfois difficiles à suivre, etc. Je n’aimais pas vraiment les personnages de Pete (extrêmement désagréable) et de Stuck, le narrateur. Et puis j’étais fâchée par la mention de « crêpes au sarrasin » qui, pour une bretonne, est du niveau de l’insulte (même c’est purement personnel et relativement anecdotique, j’en ronchonne encore :p). Ensuite, l’histoire, toujours dans un contexte assez flou notamment sur l’âge des gamins, commence à se mettre en place avec la première veillée d’angoisse au coin du feu. Et là, j’ai crains d’être définitivement dégoûtée par les interruptions inutiles du genre, « je remue le feu, bla bla bla » qui entrecoupent l’histoire du Garçon épines et font à chaque fois retomber l’ambiance comme un soufflé mal cuit. Mais heureusement, ça c’est arrangé… 

« Retiens bien ça. Seul, on est perdu. Ne sous-estime pas ce que l’amitié peut apporter pour affronter le démon. »

Le non-flop

Après les déceptions à répétition du début, et chargée d’une armée de doutes sur la suite, j’ai été finalement happée dans le récit. L’angoisse s’installe enfin, et de façon extrêmement prégnante, au point de m’avoir réellement fichu la frousse à plusieurs reprises. Jeunes lectures trop sensibles, abstenez-vous car il s’agit d’un vrai roman d’épouvante qui vous fera faire des cauchemars. Pour l’adulte que je suis (haha, à qui je fais croire ça?), cela m’a renvoyé à mes peurs enfantines, aux légendes au coin du feu et j’en ai eu de bons frissons. C’était vraiment en accord avec la couverture, aussi fascinant qu’angoissant. Et, de fait, le flop que j’avais prévu ne s’est pas produit finalement. Alors certes, le style n’est pas le plus parfait mais les oscillations tendent à diminuer au fur et à mesure et on comprend finalement où l’auteur veut nous emmener jusqu’au twist final assez surprenant et bien pensé. Je pense qu’il reste néanmoins à réserver à de bons lecteurs chez les 12 ans et plus car il risque d’en perdre quelques uns en route. J’ai grandement apprécié voir mon opinion changer sur certains personnages, et j’ai beaucoup aimé Nana, la grand-mère un peu farfelue qui apporte humour mais aussi mystères. Bon, par contre, pour le final, certaines scènes sont assez improbables et je reste un peu déçue que de nombreux éléments de l’intrigue ne soient pas résolus en referment le livre. Mais, je comprends l’intention de vouloir faire comme toutes ces histoires d’épouvante aux fins ouvertes qui ont bercé notre enfance et ce n’est finalement pas si dérangeant que cela. J’ai même finalement été assez touchée par ce récit qui cache beaucoup plus de qualités qu’il n’y paraît et je ne regrette en rien d’avoir laissé sa chance à ce roman.

« Je reconnais la peur laissée par un cauchemar si puissant que la lumière du jour ne suffit pas à l’effacer. Je ne souhaite à personne d’éprouver ça. »

En bref, je suis moi-même étonnée de conclure ma lecture par un avis finalement assez positif car cela démarrait bien mal. J’ai passé un assez bon moment dans l’ensemble, avec des bons accès de frousse comme je les aime. Je le conseillerai plutôt pour des lecteurs avertis de 13/14 ans au moins, qui ne sont pas trop sensibles et qui ont envie d’une bonne angoisse.

«Une bande de jeunes garçons se réunit, comme chaque année, dans les bois de Tanner Pond. Ronnie, qui aime raconter des histoires effrayantes au coin du feu, leur conte la légende du garçon Epine, ce fils d'un trappeur, tombé dans un piège posé par sa propre mère, et qui, depuis, hanterait les bois. Stuck affirmant avoir vu la créature, le groupe décide de se lancer à sa recherche.»

(Illustration de couverture: ©August Hall )

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