Hématome

En 2006, une nouvelle auteur française de thriller publiait son premier roman aux éditions Calmann-lévy. Maud Mayeras frappait fort avec Hématome puisqu’il a figuré parmi les finalistes du Prix Polar SNCF. Il est ensuite paru en Livre de Poche en 2007. C’est suite aux critiques très enthousiastes de Flo & books  et de Loeil de Luciole que j’ai décidé de découvrir ce thriller…

Un page-turner addictif

On suit ici Emma, jeune femme qui se réveille d’un coma, pleine de coups, fortement blessée, et amnésique. Qui est-elle? Que lui est-il arrivé? Qui est cet homme à son chevet? Qui lui a fait tant de mal? Plongés dans le récit de la victime à la première personne, nous découvrons, à la même vitesse qu’Emma, et avec la même intensité qu’elle, ce qu’est sa vie et ce qui l’a mise dans cet état. Cet ancrage à la première personne renforce notre immersion, notre identification à Emma, nous empathie et aussi nos angoisses. Je me suis terriblement attachée à ce personnage et je ressentais, au plus profond de mon être, tout ce qu’elle ressentait elle-même: douleurs, doutes, peur, suspicions, désespoir. Car cette histoire est sombre, un vrai bon roman Noir, un fin thriller psychologique dont on ne parvient pas à décrocher. Ce court récit de 300 pages n’a rien à envier aux ouvrages du même genre, notamment les best-sellers américains comme Avant d’aller dormir de S.J. Watson (publié en 2011 donc 5 ans après) auquel j’ai eu tendance à le comparer pour leurs similitudes évidentes. On a terriblement envie de connaître le fin de l’histoire d’Emma et cela rend le thriller terriblement addictif. 

« Mes yeux se ferment presque, dans l’attente du soulagement. Puis le vide. Rien d’autre que la douleur. Et vient le hurlement. Non, soyons plus honnête, le braillement. Je suis en train de brailler. »

Une écriture acérée

Certains éléments de l’histoire ne m’ont par contre pas surprise, trop habituée que je suis aux thrillers. Certaines ficelles étaient en effet décelables pour moi dès le départ même si d’autres éléments, et notamment la toute fin, m’ont fait tomber de ma chaise. Malgré ces quelques manques de surprises, j’ai dévoré ce livre avec avidité car j’en ai adoré la plume. Rares sont les auteurs qui, dès leur premier roman, réussissent à marquer leur texte si fortement par leur style si particulier d’écriture. Maud Mayeras écrit de façon crue, forte, comme un coup de poing. Son style est acéré, cinglant et passionné. Rien que pour cela, j’ai très hâte de découvrir d’autres romans de la même auteur, pour savourer à nouveau son écriture car j’y suis dorénavant accroc. Ce livre, pour un premier roman, est une claque magistrale du point de vue littéraire, une jolie pépite, très noire, certes, mais d’autant plus passionnant. 

« Rencontrer un psychopathe n’arrive qu’à la télévision. Berkowitz, Kemper et Bundy ne sont que des histoires effrayantes inventées pour sauter au coin du feu. 

Baratin. 

Le mal existe et il a fallu que je me le coltine. »

En bref, Maud Mayeras signes avec Hématome un premier roman coup de poing que je ne peux que vous inviter à découvrir pour toutes ses innombrables qualités (et si vous avez l’âme point trop sensible parce que c’est pas le monde des Bisounours là). C’est addictif, c’est magistralement écrit et ça vous retournera les tripes et le cerveau, sans aucun doute. 

« Dans une chambre d’hôpital, une jeune femme se réveille péniblement. Elle ne sait ni qui elle est, ni pourquoi son corps la fait autant souffrir : sa mémoire est comme effacée.

À son chevet, Karter, son compagnon, effondré, lui apprend qu’on l’a agressée, puis violée. Dès sa sortie, Emma, assaillie par des flashs terrifiants, tente de reconstituer le puzzle de sa vie. Qui l’a agressée alors qu’elle attendait un enfant ? Quel grand malheur a mis un terme à sa carrière ? Et pourquoi le silence la sépare-t-il de son père depuis toutes ces années ?

Bribe par bribe, les souvenirs ressurgissent, sans apporter compréhension ni réconfort. Emma croise des personnages de plus en plus inquiétants et la mort semble peu à peu tout recouvrir autour d’elle… »

(Photo de couverture de l’édition Livre de Poche 2007: © Gunnar Smoliansky)