We need to talk about Kevin

Présenté en sélection officielle à Cannes en 2011 et sorti en salle le 28 septembre de la même année, cette adaptation du roman éponyme de Lionel Shriver ne vous laissera pas indifférent.

Perturbant! Voilà le terme exact pour définir ce film de Lynne Ramsay (Ratcatcher, Le Voyage de Morvern Callar). Et le sentiment d'inconfort vous restera à la gorge même lorsque vous aurez quitté la salle de cinéma. La réalisatrice traite avec un tel réalisme psychologique violent et fascinant à la fois du mal d'un adolescent pervers aux tendances psychopathes que vous en serez oppressés. Tout ici n'est que chaos. La construction du film vous rendra perplexe, vous ne comprendrez surement rien au départ tellement les flashbacks plus ou moins récents s'entremêlent dans le présent d'une femme dépressive et dévastée. Mais cette construction des plus originales forme un tout avec l'histoire, avec les personnages. Elle souligne ce chaos dans une vie aux apparences banales. L'histoire, quand à elle, glauque, mais toujours dans la suggestion, dans la retenue oppressante, vous interpellera. Les sujets traités sont de ceux dont on ne veut habituellement pas parler: l'absence d'amour maternel, la cruauté d'un enfant, le mal et la folie d'un ado. Et Lynne Ramsay le fait avec brio.

Ce film est en plus desservi par deux acteurs très doués. Ezra Miller (After School, Le Monde de Charlie), interprétant Kevin, a le regard qui désarçonne et Tilda Swinton (Moonrise Kingdom, Only lovers left alive), jouant Eva, la mère de Kevin est juste éblouissante (comme toujours!) dans ce rôle de femme qui ne peut pas aimer son enfant puisqu'il est tout simplement impossible de faire autrement. Elle est admirable et grandiose dans son interprétation de la dépression, du remords et de la peur. Les enfants choisis pour jouer Kevin plus jeune sont également épatants et la ressemblance avec l'acteur adulte est vraiment frappante. Ce duo de personnage est fascinant et dérangeant à la fois. C'est cette gêne qui vous poursuivra longtemps après la séance. Tant de noirceur sur des images hautes en couleurs, tant de cruauté et d'angoisse sous le simple son d'un arrosage automatique... du génie! 

Je ne peux pas, par contre, juger de l'adaptation n'ayant pas lu le livre. Je sais que les lecteurs ont préféré l'ouvrage au film, peut-être qu'il faut ne pas connaître toute l'histoire pour apprécier le long-métrage? A vous de me transmettre vos avis!

En bref, si vous désirez connaître Kevin, enfant et ado perturbé et perturbant, impossible à aimer même par sa propre mère, stressant et dérangeant alors il vous faut voir ce film qui mérite qu'on y jette un œil (en faisant attention de le récupérer...).

Bande-annonce:

"Eva a mis sa vie professionnelle et ses ambitions personnelles entre parenthèses pour donner naissance à Kevin. La communication entre mère et fils s’avère d’emblée très compliquée. A l’aube de ses 16 ans, il commet l’irréparable. Eva s’interroge alors sur sa responsabilité. En se remémorant les étapes de sa vie avant et avec Kevin, elle tente de comprendre ce qu’elle aurait pu ou peut-être dû faire."