Érèbe

Publié en 2020, Érèbe est un roman fantastique se déroulant à l’époque victorienne écrit et édité par Rozenn Illiano. Récit one-shot, c’est un roman qui s’inscrit néanmoins dans le Grand projet de l’autrice reliant ses œuvres et plus étroitement les récits sur les St. John dont on entend par exemple parler dans la trilogie Marcheurs de rêves dont le premier tome est sorti. Curieuse de découvrir ce titre qui m’attirait beaucoup, je me suis plongée dedans entre deux destinations sous la neige et voici ce que j’en ai pensé…

« Que fais-tu dans mon rêve? »

Un récit gothique et onirique

Érèbe est le récit de deux personnages qui se rencontrent tous les deux en rêve, au coeur d’Érèbe, un monde onirique qu’ielles peuvent façonner et construire le temps de leur sommeil mais qui cache aussi de lourds secrets de famille. L’autrice imagine ici une magie toute particulière, celle des Marcheurs de rêves, pouvant voyager dans les songes mais aussi, selon le pouvoir, voir des scènes du passé ou des prédictions du futur. Idée intéressante et belle qui s’insère particulièrement bien dans l’époque victorienne avec son charme gothique mélancolique qui colle parfaitement à Érèbe et son hiver constant. C’est d’ailleurs la grande force de cette histoire: son ambiance. Sous la plume douce et poétique de Rozenn Illiano, son récit a la mélancolie et la beauté d’une nuit enneigée. Le rythme plutôt lent, contemplatif même, de l’histoire, participe à cette atmosphère qui suspend le temps et nous enveloppe dans un cocon propice à l’intensité et à la sincérité des sentiments. Les personnages, eux mêmes, dans leur esthétique et dans leur caractère sont les parfaits protagonistes de cette histoire d’amour fantastique teintée de drames. 

« Veillés par Lys, le chat blanc sorti des bois, ils partagent leurs souvenirs d’enfance, se confient leurs rêves, et bâtissent leur citadelle hivernale sous les étoiles. »

Une histoire d’amour, de rivalités, et de secrets

Il y a dans ce roman une histoire d’amour aussi belle que complexe qui s’inscrit dans le schéma assez classique de la rivalité entre deux familles. Elliot et Lisbeth partagent le même rêve mais sont aussi les héritiers d’histoires familiales pleines de secrets et de manigances où leur rôle s’inscrit dans une tradition aux origines oubliées. Si j’ai aimé leur relation qui semble impossible, le côté dramatique de leur situation, j’ai un peu peiné sur le reste. L’histoire manquait pour moi d’un peu de matière pour que tout se tienne parfaitement, notamment sur les origines de la mésentente des deux familles qui ne m’a pas semblé assez exploitée/creusée. Les réactions des différents personnages sont également un peu trop brusques, un peu trop tranchées et je n’ai pas réussi à pleinement comprendre les actes et choix des uns et des autres, hormis ceux des deux personnages principaux. Il manquait également un peu de solidité au world building magique. Celui-ci étant aussi développé dans d’autres romans de l’autrice, je présume que d’autres éléments s’ajoutent aux zones d’ombre parmi le Grand projet mais j’aurai aimé me plonger dans cette superbe ambiance sans me poser de question. Cela n’empêche pour autant pas le plaisir à la lecture. Il reste un bon roman aux sentiments sincères et à l’ambiance onirique maîtrisée.

En bref, hormis quelques failles sur les bases de l’histoire, Érèbe est un bon roman qui propose un univers onirique magnifique dont l’ambiance mélancolique et poétique sied parfaitement à son époque victorienne. Le côté dramatique de cette histoire d’amour fantastique impossible, couplée aux secrets de famille et manigances, offre un récit aux sentiments intenses qui nous emporte sans peine. 

« Paris, 1888. Jeune fille de bonne famille, avide de liberté, Lisbeth se sent piégée dans une vie dont elle ne veut pas. Sa mère est morte quand elle était enfant, son père est froid et autoritaire, une étrange malédiction accable sa famille depuis toujours…

Alors que l’automne s’installe, des songes enchanteurs troublent son morne quotidien : elle entre dans un monde envahi par l’hiver éternel, un ailleurs où trône un splendide château blanc peuplé d’un unique habitant, Elliot, qui lui en apprend plus sur son pouvoir naissant, celui des rêves. Ainsi, chaque nuit, ils explorent Érèbe et ses merveilles, comme dans un conte de fées.

Mais les contes de fées, tout comme les rêves, peuvent vite tourner au cauchemar, et les malédictions rattrapent toujours ceux qui cherchent à les fuir… »

(Illustration de couverture : © Xavier Collette)

[Diversité: ps gay]

> Content warning <

D’autres avis dans la blogosphère: Au pays des cave trolls est plutôt séduite, chez Bookenstock on a adoré, chez Le syndrome Quickson on est éternellement conquis, chez Tasse de thé et pile de livres a aimé la poésie, …

[Lecture n°9 (13/60 points avec les bonus pour l'échelon 4 Fusion dans l’utopique) pour le Challenge de L'Imaginaire édition 13 de Ma lecturothèque]