Le chant de la rivière

Publié au printemps 2024, et en mars en poche, Le chant de la rivière est un roman de Wendy Delorme édité par Cambourakis dans la collection Sorcières. Ayant été conquise par la plume de l’autrice durant ma lecture de Viendra le temps du feu, j’avais très envie de tenter une nouvelle lecture mais hors de l’imaginaire où je me cantonne habituellement. Et voici ce que j’en ai pensé…

« Je suis liquide, je suis mélodie. On m’a presque oubliée. Mais j’étais autrefois puissante et indomptée. Je pouvais emporter, grondante, sur mon passage, tout ce qui s’approchait de moi un peu trop près, et coucher dans mon lit et rouler dans mes pierres, tirer vers les abysses des plaines en contrebas les âmes inconscientes s’aventurant sans gué dans mes flots bouillonnants.

C’était il y a longtemps.»

Tempête poétique

Dès les premières phrases du roman (citées ci-dessus en extrait), j’ai été happé par la plume si poétique et si belle de l’autrice qui donne corps ici à une rivière qui était autrefois sauvage et indomptée, témoin des vies sur ses berges et narratrice d’un amour du siècle passé. En parallèle, elle nous met dans la peau d’une autrice, venue s’isoler dans cette montagne qui a tant vu pour trouver l’inspiration de son nouveau livre et à qui la rivière, désormais contenue, veut lui confier son histoire. Dans ce va-et-vient entre présent et passé, entre femme et rivière, Wendy Delorme nous tisse deux récits qui parlent d’amour. Des amours puissants et beaux, passionnés et doux mais aussi tabous et rejetés parce que différents des « normes ». Le tout dans un décor où la nature est partout, centrale, protagoniste et narratrice elle-même de la beauté de ces êtres qui s’aiment. Il y a dans ce roman une tempête d’émotions, de l’envie et des larmes, de la peur et du bonheur. Et la plume nous emporte dans ses flots indomptables, nous chavire en tous sens pour nous laisser finalement bouleversé·es par ce voyage qui ne peut laisser indifférent.

« Nous avons une chance inouïe toi et moi de pouvoir nous aimer, de pouvoir vivre ensemble. Dans d’autres temps, ou même d’autres lieux à notre époque, je ne pourrais t’appeler « mon amour ». Notre histoire aurait été cachée, tu n’aurais pu être qui tu es. Nous aurions vécu une vie que nous n’aurions pas choisie. Peut-être même ne nous aurait-on pas laissé vivre.»

Des amours magnifiques et de la création

Dans cette double narration, l’autrice nous offre un nouveau cri d’amour pour le droit d’être qui nous voulons et d’aimer qui nous voulons. L’histoire rapportée par la rivière éclaire le chemin parcouru, les droits acquis mais aussi ceux qui manquent encore ici ou là et ceux qui sont plus que jamais menacés. C’est un récit qui invite à la contemplation autant qu’à la résistance en nous touchant par une histoire d’amour aussi belle que la montagne qui la découvre. C’est aussi un récit qui parle de projets, d’envies, d’avenir à créer ou à rêver à deux. Espoir et désillusions s’entremêlent avec beaucoup d’émotions dans ce double récit sans cesse tourné vers l’après malgré son retour au passé. Le roman propose aussi quelques réflexions sur la création et l’écriture à travers la personne de l’autrice. Elle parle inspiration, importance des lieux, importance des sentiments et des vécus. Wendy Delorme a joint en fin d’ouvrage quelques coulisses d’écriture et notamment des échanges et photos autour des lieux de l’histoire qui nous rappelle que toute création vient aussi d’échanges, de rencontres et d’instants, dans un joli parallèle à la narratrice du roman.

« Pour la première fois, j’ai la sensation d’un feu qui éclaire sans brûler.»

En bref, c’est un coup de cœur pour Le chant de la rivière qui m’a bouleversé. La plume de l’autrice est d’une poésie folle et nous transporte sur deux narrations pour parler d’amour comme acte de résistance. Double récit où la nature elle-même devient protagoniste, Le chant de la rivière nous inonde de beauté et de sentiments pour une croisière qui m’aura fait chaviré le cœur.

« Dans ce roman envoûtant, Wendy Delorme nous plonge dans deux histoires d’amour qui se font écho à deux époques différentes, nous donnant à entendre la mémoire de vies minoritaires, dans un récit où les éléments, l’eau, le vent, les arbres et les pierres deviennent des personnages à part entière.»

(Illustration de couverture : © Alexandra Duprez)

[Diversité: ps trans, ps lesbienne]

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- Livre reçu en service presse. Publication non rémunérée. Merci aux éditeurs. -