La Venise des louves

Publié en ce début d’année aux éditions Drakoo, La Venise des louves est une nouvelle bande-dessinée one-shot écrite par Aurélie Wellenstein. Accompagnée cette fois au dessin par Emanuele Contarini et Alice Scimia à la couleur, l’autrice nous emmène dans une Venise de fantasy à la rencontre de victimes d’un attentat en quête de vengeance ou de sens. Voici ce que j’en ai pensé…

« Nous n’étions pas des loups. Juste des victimes qui s’évertuaient à survivre.»

Traumatisme, liens, pardon

Via un univers de fantasy, Aurélie Wellenstein nous propose une histoire autour de la question du traumatisme. Tous ses personnages sont blessés, de manière tout à fait différentes, héritant d’handicaps, de douleurs psychiques qui semblent insurmontables ou tout simplement d’un deuil à surpasser. Mais réunis telle une meute, ils font corps ensemble et survivent au jour le jour, attendant une vengeance ou tout simplement un sens à leur drame. De la souffrance naissent aussi des dons et des liens. Ce groupe de louves rappellent l’importance du lien à l’autre pour surmonter les obstacles et accéder à une forme de résilience mais m’évoque aussi une référence chère à l’autrice à savoir Femmes qui courent avec les loups. La souffrance ramenant à l’animalité mais aussi à cet esprit de meute où personne n’est laissé en arrière. J’ai beaucoup aimé également que la BD questionne la difficulté du pardon, évitant une binarité bien/mal grossière et donnant une épaisseur supplémentaire à ses personnages.

Quelques regrets

Graphiquement, j’ai trouvé la BD très agréable. Il y a un sens certain du détail dans le dessin d’Emanuele Contarini. Les décors sont riches, les expressions des personnages intenses et l’ensemble regorge de vie. L’ambiance est particulièrement réussie dans le dessin mais aussi dans la colorisation majoritairement bleutée comme l’action se passe majoritairement de nuit. Tout est teinté ainsi d’un côté froid et sombre, à l’image de la souffrance des personnages que quelques échos lumineux viennent de temps en temps réchauffer. L’ensemble aurait donc pu me plaire totalement. Malheureusement, l’histoire me semble un peu à l’étroit dans son volume de 48 pages. Avec tant de personnages et de destins, tant d’aspects psychologiques à évoquer, l’œuvre aurait mérité un format plus long, voire une version sur 2 ou 3 volumes. On a ici le sentiment de passer du coq à l’âne, changeant de sujet et de lieux beaucoup trop rapidement. Il y a donc un sentiment de frustration qui s’installe à la lecture, celui de ne pas voir les sujets abordés suffisamment creusés par manque de temps et celui de passer à côté de ce qui avait le potentiel d’être une histoire très émouvante. Dommage.

En bref, La Venise des louves est une BD magnifiquement illustrée qui dresse le portrait de personnages blessés tentant de se relever ensemble. L’histoire est malheureusement fort dense pour son volume, créant une certaine frustration, mais propose néanmoins une réflexion intéressante sur la résilience, l’importance des liens et la nécessité du pardon.

« L’archipel des Gabbiani était un bel endroit avant que l’une de ses îles ne soit brusquement coupée des autres. De celle qu’on surnomme désormais « l’île noire » viennent de mystérieux gondoliers. Ils sillonnent les canaux, exigeant des impôts exorbitants, et si les habitants ne se soumettent pas, un attentat ravage leurs quartiers de bombes surréalistes qui déforment, dispersent, désagrègent ou effacent leurs victimes.

Renzo, pianiste surdoué, a vu son bras effacé lors d’un attentat. Il a rassemblé autour de lui quatre femmes, elles aussi victimes de la bombe. Ils forment une nouvelle famille, une meute, cinq doigts d’une main d’acier. 

Cachés sous des masques de loup, ils n’ont qu’un objectif : accoster sur l’île noire en quête de vengeance... et de sens.»

(Illustration de couverture & extrait: © Emanuele Contarini, couleur Alice Scimia)

[Diversité: pp handicapé.e physique]

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[Lecture n°10 (13/60 points avec les bonus pour l'échelon 4 Fusion dans l’utopique) pour le Challenge de L'Imaginaire édition 12 de Ma lecturothèque]