Un aurevoir à ActuSF

Nous l’avons appris hier, les éditions ActuSF sont en liquidation judiciaire. Une nouvelle glaçante et terriblement triste pour l’édition d’imaginaire francophone mais aussi pour les employé·e·s de cette belle maison d’édition et pour tou·te·s les auteurices qui font partie de leur riche catalogue. Ma pensée va évidemment à toutes ces personnes, de celles qui portaient ActuSF, dans l’ombre comme au devant de la scène et à toutes ces plumes dont les oeuvres ne devraient jamais devenir indisponibles, et aux artistes, correcteur·ices, traducteur·ices qui nous les ont mis en lumière. 

ActuSF était pour moi un stand incontournable de tous les salons, celui où j’ai commencé à m’intéresser à nouveau à l’imaginaire francophone en picorant notamment dans les oeuvres magnifiques de Jean-Laurent del Socorro et survoltées de Karim Berrouka, découvrant tantôt des textes exigeants et beaux, tantôt des choses complètement dingues qui décoiffaient. Ce stand où mes yeux plein d’étoiles dévoraient leurs superbes collections et découvraient, petit à petit, toute l’étendue et la richesse de leur catalogue divers et inclusif, notamment en ce qui concerne le fonds francophone. Je pense aussi à leurs anthologies, audacieuses parfois, qui m'ont fait découvrir tant de plumes et à leurs essais d'une richesse folle.

J’y ai découvert de nombreuses autrices notamment dont j’aime les oeuvres de tout mon coeur. Je pense évidemment à l’excellentissime série La dernière geste de Morgan of Glencoe, dont je me réjouissais tellement de découvrir le tome 4 en octobre et pour lequel le "deuil" temporaire (parce que LDG vaincra, je n’en doute pas!) me met les larmes aux yeux. Je pense aussi à de jeunes talents, comme Karine Rennberg dont Meute est une pépite rare qui mérite tant une mise en avant, à Anne-Sophie Devriese, si prometteuse avec Biotanistes dont je ne veux pas voir l'oeuvre disparaître. Je pense à Katia Lanero Zamora, formidable autrice dont La Machine ne mérite vraiment pas de voir sa flamme s’éteindre. Je pense à ce charmant Chet d’Estelle Faye qui avait trouvé un magnifique nouvel écrin. Et tant d'autres... Je pense à Célia Flaux, Isabelle Bauthian, Saul Pendalakis et quantité de noms que j’avais envie de découvrir. Je pense à toutes ces plumes traduites qui rendaient aussi accessibles des textes incroyables, d’Ellen Kushner à Nnedi Okorafor en passant par Ellen Klages. Et je suis si triste de voir ce fonds disparaître progressivement. J’espère de tout coeur que chaque voix trouvera un nouvel écrin car c'est amplement mérité. J’espère aussi que l’avenir leur sera plus doux. 

J’ai pleuré, vibré, rêvé avec toutes ces oeuvres. J'ai repensé le monde, m'en suis évadée. J'ai eu des envies de lutte et des échappées poétiques. Et j’avais terriblement envie de parcourir encore plus ces contrées que nous offrais ActuSF et de vous les faire découvrir ici. J'ai beaucoup de mal à me dire que je dois supprimer de mon article des sorties prochaines les titres prévus à l'automne par la maison d'édition. Il y a comme un vide dans mon paysage littéraire. 

En attendant, que faire? Nous pouvons essayer de nous procurer les quelques livres encore disponible en librairie pour les mettre en avant, en parler, soutenir leurs auteurices. Nous pouvons leur rendre visite dans les prochains salons, leur acheter leurs livres et leur envoyer beaucoup d’amour. Nous pouvons soutenir par les mots, et, à la hauteur de nos moyens, parfois sur les Patreon/financements des personnes impactées. Et surtout, nous devons rester présent·e·s quand certains titres sortiront de nouveau ailleurs pour que ces oeuvres continuent leur vie, pour que leur renaissance ne soit pas silencieuse. Le soutien doit rester dans le temps.

C’est un triste rappel que le monde de l’édition indépendant est difficile, notamment en imaginaire. Que même les maisons qui nous semblent établies et inévitables ne sont pas à l’abri. Et qu’il est plus que nécessaire d’encourager ces petites maisons d’édition qui ont le mérite de publier des auteurices francophones d’imaginaire (elles sont si rares) dont le talent n’est clairement plus à démontrer. Comment? En achetant leurs livres! En parlant de leurs livres! 

Merci en tout cas aux éditions ActuSF pour leur travail ces 20 dernières années, pour l’accès à tant de beaux imaginaires, pour la vie qu'ils ont insufflé à la SFFF francophone et pour les échanges, toujours riches, en salon ou à distance. Je vous souhaite beaucoup de courage et j’espère retrouver tous vos talents très vite, ici ou là.

Allez, je file en librairie, j'ai quelques achats urgents à faire!

 

 

Comments

Je ne connais pas bien la maison, mais c'est sûr que c'est dommage de voir disparaître un acteur si bien implanté. Je suis tombée des nues. J'espère que leurs livres te réconforteront encore de longues années!

Je n'en doute pas. J'espère surtout que leurs auteurices trouveront un nouvel envol

Clairement leur disparition est très triste, je ne m'y attendais pas du tout pour le coup, même si effectivement, le monde de l'édition et du livre généralement, ça n'est pas simple financièrement.

J'avais quelques doutes de problèmes vu les difficultés à commander les livres dernièrement mais je ne m'attendais pas à ce que ce soit si grave. Quel dommage :/

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