Les Kerns de l’oubli. Tome 1 : L’Exil

Trilogie de fantasy, les tomes des Kerns de l’oubli sont édités par l’Homme sans nom et signés Feldrik Rivat. Le premier tome, L’Exil, est paru pour la première fois en 2013. Fort de son succès, il existe depuis 2016 en format poche chez J’ai lu et en format numérique également. Amateurs de fantasy prenez place, je vous embarque avec moi dans un univers fort riche…

Intense, d’une grande qualité et richesse, légèrement complexe. Ce premier tome de saga de fantasy est vraiment captivant, de par sa foisonnance d’actions, de lieux, de personnages, d’éléments mystiques et magiques, etc. Et malgré cette grande diversité de notions à intégrer, l’ensemble est crédible, tangible presque, tant l’auteur réussit à nous emmener dans son univers. Bon, évidemment, c’est à conseiller plutôt à de grands amateurs de fantasy, des novices pourraient en effet être quelque peu déroutés (quoique) par la quantité d'informations à intégrer. J’avais été prévenu, par l’auteur et l’éditeur, que des éléments manqueraient à ma compréhension tant que je n’aurai pas lu l’entièreté de l’histoire, « les Kerns de l’oubli, voyez-vous, est une série qui mérite relecture ». Mais, pour autant, je n’ai pas été perdue. Certes, tout comme les personnages principaux, je me fais balader, c’est certain, mais la balade est si agréable et si enrichissante que je n’en suis pas déçue le moins du monde.

« Une foule immense s’est amassée devant le palais. Elle lève ses lanternes, et reconnaît les traits d’or et de jade de la reine. Un murmure s’amplifie alors… Un murmure qui porte nos noms… Un bruissement qui nous unit, ma belle, sous le fracas des chutes, pour l’éternité. Car, en cet instant, nous passons de mortels à légendes. »

Ce que j’ai surtout apprécié, c’est la richesse de l’écriture de Feldrik Rivat qui, passant d’un personnage à l’autre, adapte son style d’écriture au caractère du personnage suivi et incarné. C’est élégant, c’est étonnant et c’est signe d’une IMMENSE qualité d’écriture. C’est simple, au fur et à mesure, même sans lire le titre du chapitre indiquant le personnage, on les reconnaît à leur manière de penser, de décrire le monde, à leurs expressions. Et quelle poésie parfois (les chapitres de Telleran sont si beaux notamment)! Loin d’être perturbant, c’est terriblement envoutant. Je n’ai jamais été aussi impressionnée par une maîtrise telle de l’écrit chez un jeune auteur. 

« Mais tout en entendant gémir les tréfonds et trembler les fondements, je ne puis réprimer ce sourire qui vient me chatouiller les moustaches. Car, morteboule, tout vieux que je suis, j’ai encore bien du panache à manier l’épée! »

Côté histoire, même si la fin de ce premier tome m’a laissé un peu perplexe, j’ai, dans l’ensemble, grandement apprécié l’aventure qui m’était offerte à lire. Les intrigues sont nombreuses, elles s’entrecroisent tout comme les destins des personnages, et font qu’on a du mal à reposer le livre. De par des circonstances personnelles, j’ai du distiller ma lecture dans le temps mais je me refusais à lire autre chose en parallèle pour profiter au maximum de la lecture de L’Exil dont je ne quittais jamais vraiment l’univers une fois le livre reposé. Ce qui ne gâche rien c’est que le monde proposé est un véritable bonheur à découvrir. L’ensemble évoque les grands classiques des littératures de l’imaginaire comme David Gemmel ou Robin Hobb mais avec un apport personnel de l’auteur indéniable et palpable qui ne gâche rien. 

En bref, si vous aimez vraiment la fantasy, il y a de grandes chances que vous appréciez ce premier tome de la saga Les Kerns de l’oubli. Et puis l’existence d’une version numérique peut vous donner une idée du style avant d’investir plus dans une version papier. (Sachez d’ailleurs qu’il existe un très beau coffret intégral pour le craquage ensuite, je dis ça, je dis rien).

« Plan d'ensemble. Vue d'oiseau. De la brume se dissipe, lentement, laissant percer la masse sombre d'une île. Elle se dresse, souveraine, dans son trône de pierre.

Almenarc'h.

Un vent violent balaye la scène. Assombrissant le ciel. Troublant les eaux du lac. L'Imprenable, forte d'un règne millénaire, vacille, sous la menace d'un simple silence. …peron de roche, fière citadelle, toi dont le nom est porté comme une légende aux confins du monde, pourquoi trembles-tu ? Craindrais-tu les ambitions fragiles de quelques mortels ? Cataxak, l'Ètranger ? Ulnhor, le roi déchu ? Roch, le gardien au cœur rongé par la colère ? Non, plus encore que tout autre nom, Almenarc'h craint le dernier de ses fils. Erkan. Guerrier maudit. Honni. Banni. Eh bien tremble, belle endormie. Car la main aveugle qui guide ce malheureux, elle, n'ignore rien du secret de tes entrailles. »

(Illustration de couverture: © Alexandre Dainche)

Autres tomes de la série:

Tome 2 - Les Larmes du désert

Tome 3 - Résurrections